Avis n°13
Du mauvais diagnostique énergétique des bâtiments
le ,Aujourd'hui, les consommations annuelles d'énergie finale des bâtiments sont ramenées à deux indicateurs :
- le premier exprimant la consommation d'énergie exprimée en "énergie primaire" ;
- le second se rapportant à l'impact sur les émissions de gaz à effet de serre.
Les trois quarts de cette consommation étant celle du chauffage, ces indicateurs reviennent à parler de l'isolation, des modes de chauffage et de leurs coûts.
Néanmoins aucun de ces indicateurs n'est ni-clair, ni-pertinent pour les acteurs directement concernés que sont le propriétaire (qui est responsable de l'isolation et du mode de chauffage) et l'occupant (qui paie l'énergie) :
- Le calcul en énergie primaire, s'il peut en donner l'impression, n'est pas le reflet du prix payé par l'utilisateur du bâtiment : l'électricité est en effet affublée d'un coefficient de plus de 2,5. Ainsi, dans le cas d'un chauffage électrique c'est au final le "rendement" des centrales qui est prépondérant.
Cela ne donne donc pas non-plus d'indication quant à l'effet environnemental car, si la conversion de la chaleur en électricité rejette effectivement des calories dans l'environnement, l'excès de chaleur dû aux combustibles fossiles via l'effet de serre est lui complètement ignoré !
- L'indicateur d'émission de gaz à effet de serre n'est suffisant car il ne fait que qualifier que le mode de chauffage (il ne fera pas de distinction entre deux bâtiments très différents chauffés à l'électricité).
-> Ainsi, avec ces deux indicateurs, on ne peut pas comparer des bâtiments dont les modes de chauffage (électricité, fossiles, renouvelables) diffèrent, ni en évaluer la qualité et les coûts.
Pire encore, ils sont en contradiction l'un avec l'autre : le simple changement du chauffage électrique par du gaz améliorera l'énergie primaire mais dégradera les émission de CO2 !
Pour pouvoir poser le bon diagnostique quant à la consommation énergétique des bâtiments, il faut un seul indicateur qui permette de comparer les bâtiments dans leur ensemble : l'énergie finale consommée (sans coefficient !).
-> Il est directement lié à la qualité de l'isolation et des appareils de chauffage.
-> Il renseigne mieux quant au confort et coût du chauffage.
Energie primaire ou énergie finale
Il est surprenant que votre avis, daté du 19 mars, ne soit toujours pas commenté car je pense qu'il est en effet crucial que l'impact énergétique d'une entité (d'un bâtiment, d'un ouvrage, d'une centrale, d'une voiture, etc..., voire même d'un être vivant) soit, du point de vue de la comptabilité nationale (et d'un futur mixe énergétique), évalué en énergie finale et non en énergie primaire. Je vous invite (ainsi que tous les lecteurs) à lire l'article suivant, et surtout le commentaire associé:
http://lenergeek.com/2018/04/03/energie-primaire-finale-electricite-foss...
Plus difficile, mais je pense plus intéressant quand on parle d'efficacité énergétique, c'est en terme d'énergie utile que l'on pourrait discuter, puis remonter toute la chaîne. Par exemple, pour chauffer une pièce à 18°C, l'énergie utile (par jour) est celle qui est nécessaire pour garder à 18°C l'air de la pièce, tout en gardant à l'esprit qu'il est nécessaire d'assurer un échange avec l'air extérieur. Il s'en suit que pour deux systèmes de chauffage différents (chaudière versus radiateur électrique), il y a le même besoin en énergie utile, mais pas le même en énergie finale et pas le même en énergie primaire. Une fois la chaîne remontée, on arrive à deux choses:
a) classer les bâtiments (ou toute entité consommatrice d'énergie)
b) arbitrer quant au mixe énergétique adapté à un ensemble de bâtiments.