Avis n°193
Pourquoi fermer la porte au gaz naturel
le ,Le gaz naturel est certes une énergie fossile, mais beaucoup moins polluante que le charbon ou le pétrole. Par ailleurs, elle est abondante. Au lieu de fermer définitivement la porte à son utilisation, notamment dans la production d'électricité, pourquoi ne pas envisager de l'utiliser comme moyen d'appoint ? Un Cycle Combiné Gaz est beaucoup plus souple à exploiter et beaucoup moins cher à construire qu'une centrale nucléaire. On pourrait imaginer que quelques CCG soient construits pour fonctionner en appoint des ENR et lors des périodes de pointe. Economiquement, cela ferait sens, d'autant plus que si l'utilisation des CCG reste limitée, l'impact environnemental sera faible.
Commentaires
Le gaz fossile importé pour remplacer l'électronucléaire ?
Quand on a soudain une idée pour révolutionner un mix, ne faut-il pas étayer ses propositions par une recherche sur leurs conséquences ?
La balance commerciale et le climat peuvent-ils s'en remettre ?
Cf l'avis N°190 qui vient d’être publié ; il montre que réduire à 50% le nucléaire nous rendrait responsables de l’émission de 150 millions de tonnes de CO2 par an. Et pour des dizaines de milliards par an. L'intermittence sans foisonnement en Europe de l'ouest nous imposerait 70% de gaz dans l'électricité ? Et des difficultés pour y transférer les usages fossiles existants comme le chauffage ou les transports. Quant au stockage, l'avis 190 donne une idée des monstrueuses quantités requises. Oublions ces rêves ?
Développer la cogénération
Plutôt que d’installer des centrales de production d’électricité au gaz qui ne produiront que pendant les périodes de pointe et seront donc difficilement rentables, il vaudrait mieux remplacer toutes les grosses chaudières par des cogénérations au gaz : comme elles seront utilisées plus longtemps, elles seront plus facilement amorties et cela fait sens d’un point de vue écologique : meilleur rendement global, on valorise la chaleur et l’électricité. La revente de électricité permet de payer le gaz, on a ainsi le chauffage « gratuit ».
Surtout refuser le gaz naturel!
Le gaz naturel émet au moins 200Kg de CO2 par MWh thermique. En outre, il est un très puissant gaz à effet de serre: toute fuite ou combustion incomplète (dans un moteur par exemple) est redoutable, mais difficile à chiffrer.
Si on prétend l'utiliser dans des centrales électriques, il faut être conscient qu'il y en a deux types: les centrales à turbine à gaz et les centrales à cycle combiné (que vous appelez CCG).
Les premières sont utilisées en France car elles doivent répondre à des pointes de demande, et elles seront celles que l'on utilisera pour pallier à l'intermittence des renouvelables. Elles ont un rendement autour de 40% et émettent à peu près 600Kg CO2/MWh (cad moins que le charbon qui est à 900-1000Kg CO2/MWh).
Les secondes sont utilisées aux USA pour remplacer les centrales au charbon, grâce aux gaz de schistes. Leur rendement excellent fait qu'elles émettent moins de 400Kg CO2/MWh. Mais elles sont moins adaptées à des démarrages fréquents nécessités en cas d'utilisation massive des renouvelables. Contrairement à ce que vous croyez, leur utilisation n'est pas souple, moins que les centrales nucléaires! Ces centrales sont à l'origine de la baisse récente des émissions de l'Angleterre et des USA PARCE QU'ELLES ONT REMPLACE DES CENTRALES AU CHARBON!.
En France, leur utilisation en combinaison des renouvelables, après fermeture de centrales nucléaires, conduirait à une nouvelle augmentation de nos émissions de CO2. Peut-être allez-vous défendre l'exploitation des gaz de schistes (ayant étudié le problème, je prétends qu'ils ont été interdits pour de mauvaises raisons)?
Lisez donc mon avis ci-dessus sur le lobbying des gaziers que vous semblez répercuter.
Et pourquoi ne pas les alimenter au biogaz avec cogénération ?
De plus, les centrales thermiques conventionnelles pourraient être alimentées avec du gaz issu de la biomasse (méthanisation des déchets urbains et boues d'épuration ou des déjections animales) ou avec du dihydrogène produit par l'énergie électrique renouvelable excédentaire ou encore un mélange des deux. Le méthane (si possible issu de la biomasse) est aussi une bonne solution pour les véhicules thermiques (moins polluant que le diesel et l'essence). Le dihydrogène aussi, à condition de ne pas provenir du pétrole, ni du nucléaire. Et pourquoi pas des piles à combustible avec cogénaration pour récupérer l'électricité et la chaleur du dihydrogène fabriqué par l'électricité renouvelable excédentaire (microcentrales électriques) ? Et pourquoi pas dans les véhicules pour alimenter les moteurs électriques (et chauffer les passagers quand il fait froid) ?