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Avis n°150

Validité juridique et technique de la PPE

Ajouté par Denis ANONYMISé (Gilly sur Isère), le
[Origine : Site internet]
Priorités de la PPE

Chargé d'études dans le domaine des systèmes électriques, je pose 2 questions :

1) Sur le plan de la validité juridique :
La loi fixant la PPE est-elle vraiment une loi au sens du droit positif ? Normalement une loi soit accorde des droits, soit définit des obligations. Dans le premier cas il faut remplir certaines conditions (prévues par cette loi) pour bénéficier des droits qu'elle accorde ; dans le deuxième cas la loi prévoit des sanctions si les obligations qu'elle fixe ne sont pas respectées par ceux qui y sont assujettis. Or cette loi ne semble pas conférer de droits précis (aucun lobby n'a l'assurance que X MW de parc éolien ou de panneaux PV lui seront accordés automatiquement) et quant aux obligations elles semblent limitées à deux cas :
a) la responsabilité de l'Etat français devant les instances européennes si les objectifs des directives environnementales ne sont pas atteints ;
b) l'abandon du dépôt de garantie (au montant plutôt symbolique) par les candidats retenus dans les appels d'offre de la CRE et qui ne réalisent pas les projets pour lesquels ils ont été désignés.

2) Sur le plan technique, il y a une contradiction fondamentale à vouloir simultanément :
a) Diminuer la part de la production nucléaire à 50 % à l'horizon 2023
b) diminuer les émissions de CO2 en restreignant l'appel à la production Thermique (centrales ou cycles combinés)
c) Augmenter les parts de production des moyens aléatoires et intermittents à plus de 30 % (éolien et PV)
d) Faire stagner la production hydraulique
e) Assurer le fonctionnement du système électrique sans plus de perturbations (sinon moins) qu'aujourd'hui alors qu'il est déjà difficile de tenir le réseau avec les moyens actuels qui sont pourtant prévisibles et dispatchables.

On peut ajouter, sur le plan technique, que l'absence d'inertie des éoliennes et des panneaux PV accroit fortement les risques d'instabilité de fréquence et donc les black-out généralisés. Il est d'ailleurs patent que les projets de PPE évoquent vaguement le problème mais sans analyse technique rigoureuse.

On peut reconnaître au gouvernement actuel une prise de conscience des risques que l'amateurisme écologique peut engendrer pour la pérennité des systèmes électriques. Notamment l'abandon de l'objectif "faire baisser le nucléaire en dessous de 50 % en 2023" et la demande de mise en oeuvre de moyens de stockage (réserve instantanée de puissance et non réserve d'énergie) centralisés par RTE pour remédier, autant que faire se peut, aux instabilités des énergies renouvelables.

Un dernier point : La CSPE payée par les usagers coûte 8 Mds €/an pour subventionner des énergies renouvelables quii représente 7% de la production totale. Si ce seuil monte à 25 %, même en tenant compte de la baisse des prix des appels d'offre de la CRE on serait aux environ de 20 Mds €/ an en 2025. Pour mémoire Flamanville qui fonctionnera 40 ans coûte 10 Mds €. Il faut noter que la PPE ne fait aucune projection de la CSPE.

Commentaires

Merci d'enrichir le débat par votre approche juridique !

Vous pourrez sans doute aussi nous éclairer sur une question que je me pose : la validité juridique du critère de défaillance (les 3 heures de défaillance "autorisées").

D'un point de vue économique, il est clair que ce critère, datant d'au moins 20 ans n'a plus de sens, vu l'augmentation de l'importance de l'électricité dans notre société. D'autant plus que l'ampleur du délestage n'est aucunement précisée.

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Les lois contre la pollution et le risque d'accident nucléaire n'existent pas ou trop peu. Le principe pollueur-payeur n'est pas appliqué. La police de l'environnement a des moyens trop limités. Le peu de lois qui existent en protection de l'environnement peuvent être modifiées par simple arrêté (du pouvoir politique en place) pour autoriser un équipement nucléaire non conforme (cuve et couvercle de Flamanville, destiné à fonctionner à pleine puissance 1650 MWe, le plus puissant de France, juste à côté de La Hague, pendant 60 ans). L'absence de ces "garde-fous" entraîne la non prise en charge dans ses modèle par RTE du risque d'accident nucléaire et du coût réel du nucléaire. Ces modèles n'ont donc aucun sens, ou plutôt sont insensés de part leur incomplétude. Il en est de même de nos politiques (dumping social et environnemental) et de notre économie (croissance infinie sale dans un monde fini, contraire aux lois les plus élémentaires de la physique : rien ne reperd, rien ne se gagne, tout se transforme). C'est bien dommage car en 2018, il est grand temps d'être responsable et de voir un peu plus loin que le bout de son nez pour pouvoir survivre sur notre planète (il n'y a pas de planète B).

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Le critère de 3 heures d'interruption au maximum par an n'est pas spécialement précisé
ni en fréquences d'interruption de service,
ni en nombre d'usagers impactés,
ni en durée maximale par interruption
ni en listant les causes exceptionnelles qui pourraient ne pas être prises en compte pour ce calcul
Au demeurant, seuls les cahiers des charges de distribution publique prévoient des incitations financières (pas de pénalités) en cas d'amélioration significative du critère "B". Mais au niveau national, aucune pénalité ou récompense n'est stipulée alors que l'Etat est encore l'autorité organisatrice du Transport d'électricité (déléguée à RTE).
Il faudra voir comment sera décliné le 4ème paquet "énergie" de l'UE pour constater s'il y aura une obligation de résultat par rapport à la continuité de service. Mais compte tenu de la part grandissante des moyens de production intermittents et aléatoires dans le mix énergétique, sur le plan politique, je ne vois pas comment les responsables d'équilibre (et les Etats membres) accepteraient une responsabilité (notamment financière) avec des objectifs encore plus inatteignables .qu'actuellement.
Certes on peut passer en souterrain de nombreuses lignes HTA et gagner significativement au niveau du critère B ou du SAIDI. Mais les risques de délestages ou de black-out en raison de la perte de puissance instantanée sur du PV ou de l'éolien seront tellement accrus qu'il faut se poser la question de savoir sur la durée d'interruption doit rester le critère principal de la qualité de service ou s'il ne faut pas intégrer le cout du kWh non distribué et les pertes de production concomitantes
Mais je pense que nous aurons l'occasion d'en reparler dans d'autres instances.

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