Vous êtes ici

Question n°128

Construction d'un barrage STEP à REDENAT pour augmenter les capacités de stockage d'énergie en France

Ajouté par Daniel ANONYMISé (Vincennes), le
[Origine : Site internet]
Stockage de l’énergie

EDF dispose des terrains pour réaliser un barrage STEP à Redenat (19) offrant la possibilité de stocker ou produire l'équivalent d'une tranche nucléaire (+1000 MWe) pour un investissement limité de l'ordre du milliard d'euros. Une installation STEP permet de stocker les surplus d'énergie produite aux heures creuses par les sources intermittentes (éolien, solaire...) ou permanentes (hydraulique fil de l'eau, nucléaire...) pour les restituer aux heures de pointes notamment lors des pics de consommation.

Plusieurs raisons pour lesquelles ce projet n'a jamais vu le jour :
- Un cadre réglementaire complexe,
- Le risque de perte de concessions hydrauliques en amont du barrage,
- La peur des écologistes radicaux zadistes,
- L'absence de volonté politique.

La PPE 2018 permettra-t-elle de résoudre ces difficultés pour pouvoir lancer enfin ce grand projet de développement durable ?

Commentaires

Les STEP de grande capacité (1GW) type projet de STEP de la Dordogne, ont un impact fort à la construction : norias de camions et d’engins pour réaliser l’entassement du million de m3 de matériaux nécessaires à la construction des levées, poussière, bruit, routes défoncées, prairies envahies de camping-cars et d’Algeco, pour travailleurs détachés ou salariés en grand détachement cherchant à diminuer autant qu’il est possible les frais de vie sur place ; le tout pour 3 ou 4 ans.
Mais c’est avec la mise en service de la STEP, que l’impact environnemental prendrait une tout autre ampleur.
A-t-on vraiment conscience de ce que représente un tel projet : 400 m3 d’eau par seconde arrivant dans un lac de barrage lors des turbinages : c’est plus que le débit de la Seine à Paris (débit moyen : 310m3). C’est le débit de la Seine après qu’elle ait été rejointe par l’Oise et l’Eure : le débit de la Seine à son estuaire qui dégringole par l’intermédiaire d’une conduite forcée dans un lac de retenue : un « impact faible » nous ditons ! Voyons un peu.
Sur les dimensions et effets prévisibles du projet, on peut voir le SDAGE Adour-Garonne ; le SRCAE Limousin ; ou l’arrêté préfectoral d’« intérêt général majeur » accordé à la STEP afin qu’elle puisse déroger à toutes les règlementations européennes et nationales de protection de la nature.
La création du réservoir haut supprimerait un cours d’eau actuellement classé « réservoir biologique » et 52 ha de zones humides dont on sait la valeur inestimable au regard du dérèglement climatique et de l’effondrement de la biodiversité qui nous menacent tous. Elle ennoierait 360 ha de prairies et forêts constituant un volume de biomasse qui mettrait des décennies à se décomposer sans jamais sédimenter vraiment du fait de marnages incessants atteignant régulièrement 25 m de hauteur.
Ensuite, du fait des pompages et turbinages incessants de l’usine et de marnages pouvant dépasser 10 mètres sur la retenue basse, c’est la stratification thermique de la masse d’eau du barrage receveur qui serait détruite à jamais et l’écosystème qu’elle hébergeait liquidé.
Mais cela n’est rien encore en regard des conséquences qu’il y aurait vers l’aval.
La destratification de la masse d’eau entrainerait inévitablement une déstabilisation des sédiments de la retenue donc leur mise en suspension avec les phosphores et nitrates qui s’y sont accumulés et transformés en substances extrêmement toxiques pour la faune et la flore.
Ainsi, lors des éclusées du barrage du Chastang, ce serait des eaux chargées de vases et limons toxiques qui se répandraient dans la Dordogne que les pêcheurs nous promettent boueuse et eutrophiée pour plusieurs années voire dizaines d’années sur une grande partie de son cours. Ils craignent de voir disparaitre les poissons (et avant eux, la faune invertébrée benthique si précieuse pour l’écologie de la rivière) ; diversité piscicole que l’on entretient pourtant à grand renfort d’argent public dans ce cours d’eau qui est le dernier d’Europe de l’ouest à posséder encore tout le cortège des espèces amphihalines : un cours d’eau à haute valeur écologique et patrimoniale que toute l’Europe vient voir.
Les enjeux économiques sont considérables pour la région et pour la France qui cherche à promouvoir à l’international la marque « Vallée de la Dordogne » : l’office de tourisme de la vallée vient d’atteindre pour la première fois le million de visiteurs sur les douze derniers mois ; récompense des efforts d’un grand nombre d’acteurs économiques fédérés à travers un contrat de destination Dordogne. Il faudrait aussi oublier le label « Réserve de Biosphère » délivré par l’UNESCO afin de célébrer et encourager un développement économique respectueux de la Nature !
Ensuite, les eaux turbides et hypoxiées poursuivraient leur cours et viendraient enrichir de leurs matières organiques le bouchon vaseux d’estuaire que les pouvoirs publics s’efforcent depuis quelques années de contrôler afin de ne pas perturber les activités piscicoles, ostréicoles et conchylicoles d’estuaire et de la côte. Avec la réalisation de la STEP, les Commissions locales de l’aval ne seraient plus en mesure d’atteindre les niveaux de qualité et de quantité d’eau sur lesquelles elles sont engagées.
On pourrait parler ainsi parler de l’aggravation du déficit hydrique, déjà problématique, de la Dordogne : moins 20% prévisible entre 2015 et 2050 qui s’ajoutent au moins 20% enregistré entre 1960 et 2015 (voir les « Forums de l’eau pour le réchauffement climatique » de 2017) : la STEP de la Dordogne, c’est au bas mot 4 millions de m3 d’eau soustrait à son régime annuel par évaporation sur un plateau qui, réchauffement climatique oblige, sera soumis à des températures estivales de plus en plus élevées.
Enfin, il reste que l’augmentation de la température du fleuve, sa charge en matière nutritive, son état d’hypoxie au moins estivale, renforcent le phénomène d’acidification de l’océan contre lequel se débattent déjà les ostréiculteurs et conchyliculteurs du littoral (voir le plan de gestion du Parc Naturel Marin de l’estuaire de la Gironde et mer des Pertuis).
Ainsi, c’est tout le cours de la Dordogne, depuis la retenue du barrage du Chastang jusqu’à l’estuaire et l’océan, qui serait durablement, sinon irrémédiablement, impacté par le projet de STEP dite de Redenat

19220

Pages