Vous êtes ici

Contre la précarité énergétique : quelle mobilisation nationale ?

La précarité énergétique concerne aujourd'hui 1 habitant sur 5 en France, soit 12 millions de personnes. Un chiffre en hausse de 17 % par rapport à 2006. Les ménages touchés ont des revenus plus faibles et des factures plus élevées que la moyenne. 48 % des adultes exposés à la précarité énergétique souffrent de migraines, 41 % d'anxiété et de dépression, 22 % de bronchites chroniques. Et l'exposition à la précarité énergétique multiplie par 4 les symptômes de sifflements respiratoires des enfants...

A la lecture de ces statistiques de l'Observatoire National de la Précarité Energétique, la rencontre organisée samedi 2 juin par le Sénateur Olivier Jacquin à Nancy dans les locaux du Conseil départemental de Meurthe-et-Moselle (l'échelon territorial en charge des solidarités), présentait un intérêt majeur. Dans la région - la Lorraine - la plus touchée de France, le lien entre considérations énergétiques, écologiques et sociales n'a pas été contredit par la trentaine de participants, la plupart acteurs locaux et spécialistes du sujet.

Nancy le 2 juin

Après les introductions de Mathieu Klein (Président du Conseil Départemental) et d'Olivier Jacquin, et la présentation des enjeux du débat par Jacques Roudier (CPDP), la rencontre, animée par l'association Citoyens et Territoires Grand Est, proposait d'organiser ainsi la discussion :
- Comment détecter le public concerné pour mieux l'accompagner et comment l'inciter à agir ?
- Comment accélérer la rénovation thermique des logements ?
- Quelle mobilisation territoriale collective pour remédier à la précarité énergétique ?

Les échanges ont permis d'identifier un certain nombre de difficultés rencontrées, comme autant de leviers de progression possibles :
- Difficulté de s'y retrouver dans la multiplicité des acteurs (PRIS, ANAH, Espaces Info Energie, plateformes, entreprises de conseil et de travaux...) et des dispositifs d'aides financières (subventions, prêts, crédits, chèques, reventes...) plus concurrentiels que complémentaires ;
- Inadéquation des orientations générales avec les habitudes des entreprises locales, besoin de former les artisans et d'indiquer plus clairement les matériaux à privilégier ;
- Un dispositif "Habiter Mieux" insuffisamment attractif, ne permettant pas de toucher les petites copropriétés, et à l'avenir incertain ;
- Des rénovations insuffisamment efficaces à cette heure.

Au terme de cette matinée stimulante sur une thématique complexe et multidimensionnelle (environnementale, sociale, sociétale, économique et territoriale), il ressort donc un besoin important de clarification et de simplification, car pour susciter le changement des comportements, il apparaît incontournable d'instaurer de la confiance et d'articuler les différents acteurs aux diverses échelles.

Les participants auront observé que la résorption de la précarité énergétique posait finalement la question du modèle de société que nous souhaitons construire. Et devant un tel défi, c'est finalement un pacte, un récit national dont il faudrait convenir. "Nous sommes les aventuriers de nos idées", conclura le Sénateur Olivier Jacquin, citant Victo Hugo.

 

05/06/2018