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Question n°243

Déficit du commerce extérieur de la filière forêt bois

Ajouté par Yves ANONYMISé (Clermont Ferrand), le
[Origine : Site internet]

L'exportation de bois ronds pénalise l'approvisionnement en bois énergie. Il faudrait donc soutenir la transformation nationale de nos bois d'œuvre, après avoir encouragé leur récolte. L'une et l'autre génèrent un flux de "bois énergie lié". Or il se trouve que les forestiers français ont choisi, comme certification forestière, le système PEFC. Quand les grands distributeurs font la promotion de la certification FSC, de fait, ils contribuent au courant d'importation des produits à base de bois, sans indiquer l'origine étrangère de leurs marchandises. Pourquoi cette origine n'est-elle pas mieux vulgarisée, au titre de la simple information des consommateurs ? Pourquoi n'y a-t-il pas d'études sur l'influence de ce choix de certification dans le montant de notre déficit du commerce extérieur pour la filière bois, encore dénoncée la semaine dernière lors du déplacement du Président de la République dans les Vosges ?

Date de la réponse:
Réponse de La maîtrise d’ouvrage, le
Réponse:

Nous vous remercions pour votre contribution qui viendra enrichir notre réflexion sur la programmation pluriannuelle de l’énergie 2018.

Le scénario tendanciel défavorable et la situation déficitaire de la filière bois sont connus et documentés depuis de nombreuses années. Pour 2017, le service statistique du ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation a publié en avril 2018 le bilan du commerce extérieur, qui montre un creusement du déficit commercial, principalement dû au développement des importations de sciages résineux et produits des industries (meubles, pâtes, papiers, cartons, panneaux et placages), alors que les exportations de produits non transformés (grumes et rondins feuillus et résineux) augmentent, mais dans des proportions nettement moindres. Ces enjeux nécessitent le redressement de la compétitivité de la filière, de l’amont à l’aval, afin de faire mieux coïncider l’offre nationale avec la demande des marchés. Malgré l’existence de plusieurs labels locaux, l’origine France, à ce stade, ne peut répondre à tous les besoins des marchés, c’est donc une forte amélioration des filières et technologies de transformation qui est souhaitable, notamment sur la ressource feuillue, très insuffisamment valorisée, comme l’a bien montré le Plan Recherche Innovation de la filière bois pour 2025 publié en 2016 à la demande du gouvernement.

Le changement d’échelle de la récolte d’une part, l’amélioration de la compétitivité de la filière bois d’autre part, sont pleinement pris en compte par les politiques publiques, depuis la reconnaissance de la filière bois comme 14ème filière d’avenir du Conseil national de l’industrie, et la signature du premier contrat stratégique de filière 2014/2017, dans le cadre duquel :

  • une étude sur les leviers de la mobilisation de bois supplémentaire pilotée par l’Ademe vient de s’achever et différentes pistes seront discutées en interministériel et avec la filière bois pour changer d’échelle dans le cadre du présent quinquennat ;
  • une étude stratégique sur la construction bois à 2025 et 2030 est en cours de finalisation pour cet été, elle précisera les caractéristiques de l’offre française à faire évoluer ;
  • le 3ème Plan Bois (co-portage et co-financement Etat/filière) a pour objet de lever les freins culturels à la construction bois : il permettra de mieux accompagner la maîtrise d’ouvrage, de sensibiliser les bureaux de contrôle et assureurs, et d’améliorer la performance environnementale du bois en construction ; les Plans Bois (I et II) précédents ayant œuvré à identifier et lever certains freins réglementaires et techniques (risque incendie, usage du bois pour les extensions), et à illustrer la pertinence des solutions bois pour les travaux de rénovation des bâtiments ;
  • sur la ressource feuillue, un appel à manifestation d'intérêts Feuillus en 2016 a permis de distinguer 5 projets innovants de valorisation (cadre du Plan Bois II) ;
  • l’Ademe, à travers ses appels à projets des Programmes d'Investissements d'Avenir (PIA) 2 et 3, soutient également l’innovation pour les usages constructifs et énergétiques du bois, notamment dans une optique industrielle ;
  • enfin, un Plan sur les Bâtiments Bois en Hauteur de 8,3 M€ a été financé par BPIFrance dans le cadre du PIA2 : il a permis une meilleure visibilité de la construction bois et de ses atouts, et les premiers permis de construire sont attendus d’ici fin 2018, avec un effet d’entraînement attendu sur le coeur du marché immobilier (4 à 6 étages).

Le deuxième contrat stratégique de la filière bois, en préparation pour 2018/2020, prévoit une politique plus soutenue de la demande, pour accompagner les besoins croissants en bois matériau et énergie que nécessite la transition bas carbone (Stratégie nationale bas carbone et Programmation pluriannuelle de l'énergie), et rechercher prioritairement une valorisation en matériau. Il contiendra notamment des projets stratégiques permettant à cette industrie de mieux connaître les marchés du futur, en matériau, chimie, énergie, et de rendre plus visibles les atouts du matériau bois en construction. Le ministère de la Transition écologique et solidaire est engagé aux côtés de la filière dans l’amélioration de la performance environnementale des produits bois, en soutenant le Plan déchets (recyclage et usages énergétiques des déchets de bois). Le ministère de la Cohésion des territoires et le ministère de la Transition écologique et solidaire travaillent avec la filière à l’amélioration des méthodologies d’analyses de cycles de vie des produits de construction et du bâtiment, en visant en particulier une valorisation accrue des effets bénéfiques du stockage carbone offert par les produits bois. Dans la perspective de la future réglementation environnementale des bâtiments neufs (entrée en vigueur en 2020), cette action partagée avec la filière est incontournable pour intensifier l’usage du bois en construction. Par ailleurs, dans le cadre du projet de loi sur l’évolution du logement, de l’aménagement et du numérique (Elan), le Gouvernement s’attache à lever les freins au développement de la préfabrication qui correspond au mode constructif majoritaire de la solution bois (80 % des parts de marché).

S’agissant du développement de systèmes de certification privée de la gestion durable des forêts, celui-ci peut contribuer fortement à l’information du consommateur sur l’origine France des bois utilisés. A ce stade, du fait de choix antérieurs de la filière, les forêts françaises métropolitaines sont majoritairement certifiées PEFC, mais le référentiel FSC vient d’être mis en place après 7 ans d’études, et deux forêts domaniales viennent d’être certifiées, un développement de ce système est donc attendu.

Le ministère de la Transition écologique et solidaire est très attentif au développement de systèmes de certification permettant de couvrir tous les marchés, dont les clients définissent librement les référentiels auxquels ils adhèrent.