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Avis n°95

Distinguer l'objectif de la PPE et les moyens d'y parvenir

Ajouté par Francois-Marie ANONYMISé (St Rémy les Chevreuse), le
[Origine : Site internet]
Priorités de la PPE

J'apporte une contribution au débat sur la PPE avec une casquette de climatologue, auteur du cinquième rapport du GIEC, et directeur adjoint du Laboratoire des Sciences du Climat et de l'Environnement.

Je me réjouis de voir que le gouvernement affiche un objectif fort de lutter contre le changement climatique. La PPE est présentée comme devant répondre à cet objectif. Il semble donc que le gouvernement a bien compris la nécessité et l'urgence de diminuer les émissions de gaz à effet de serre, CO2 d'abord mais aussi méthane et protoxyde d'azote.
Je m'interroge par contre sur les moyens qui sont affichés pour atteindre cet objectif de réduction des émissions de GES. En effet le développement des énergies renouvelables (ENR, essentiellement éolien et photovoltaïque) est mis comme un objectif au même titre que la diminution des émissions. Il me semble qu'il faudrait beaucoup mieux distinguer ce qui est un objectif et ce est un éventuel moyen pour y parvenir. En effet, une augmentation de la consommation d'énergie bien choisie peut être un moyen de diminuer les émissions.

Ces dernières années, les gouvernements successifs ont souhaité le développement des ENR et ont affiché ce développement comme étant une contribution à la lutte contre le changement climatique. Pourtant, en France, l'électricité est très peu carbonée et le développement des ENR aura un effet marginal sur les émissions. Je pense même (sans preuve à ce stade) que le développement des ENR intermittentes conduira, en fait, à une augmentation des émissions car des centrales aux gaz seront déployées pour compenser l'intermittence de l'éolien et du solaire. Ainsi, on dépense déjà, et on s'engage encore plus vers des dépenses importantes pour un effet sur les émissions qui sera quasi nul voir négatif.

L'urgence climatique est de sortir des combustibles fossiles, ce n'est pas de sortir du nucléaire. Il faut absolument mettre les efforts sur les postes énergétiques qui constituent les émetteurs principaux, i.e. le transport et le confort thermique.

De manière générale, toute politique publique en faveur du climat devrait faire l'objet d'une évaluation de son cout par tonne de CO2 évité. Il est très clair que, en France, le développement des ENR est, à ce titre, particulièrement cher.

Une PPE qui chercherait vraiment à diminuer les émissions françaises devrait proposer :
• une évaluation quantitative du coût à la tonne de CO2 évitée de toute mesure prise dans le cadre de la PPE, évaluation qui conduira probablement à la suppression des subventions aux énergies renouvelables intermittentes (PV et éolien)
• l'incitation à la sobriété, y compris sur l'évolution démographique
• un programme massif d'isolation des bâtiments et la suppression progressive de ceux qui ne respectent par les normes,
• une taxation croissante et pilotée à l'usage des combustibles fossiles
• une taxation élevée du transport aérien afin de restreindre son usage, en national comme en international
• une électrification générale du chauffage, avec l'utilisation de pompes à chaleur
• le développement des voitures et camions électriques
• un développement résolu du nucléaire de troisième génération permettant d'apporter l'énergie aux transferts d'usages décrits ci-dessus,
• une recherche intensifiée sur le nucléaire de quatrième génération, permettant d'envisager une production d'électricité nucléaire à long terme
• la mise en place d'une tarification variable de l'électricité afin d'atténuer la problématique des pointes de consommation en hiver

Commentaires

Après que celui de Mamie zinzin nous ait forcé à de la retenue,

Je suis bien évidemment d’accord avec les idées générales exposées.

Juste que la 3G ou 3G+ (Nucléaire pas la téléphonie) engendrent des monstres alors que la sécurité et la rentabilité tendent à produire de petites unités faites en série, ce que propose(ra) la 4G avec surtout son coté recyclage des déchets et son autonomie énergétique compte tenu des stocks d’uranium non utilisé.

Les voitures électriques en quantité se retrouveront vite en attente de batterie compte tenu des stock et de la production de Lithium qui pourrait dans sa totalité équiper 1 seule voiture sur 30 produites par an au niveau mondial.
Leurs utilisations dans les villes pour de petits trajets ou comme second véhicule, seront confrontées aux places de parking limitées et à connecter.

Une tarification variable, en fonction de la consommation, favorisera ceux qui utiliseront un mix (fioul/gaz, électrique) pour leurs résidences, afin de rester en deçà de la surtarification électrique, et pénalisera les quelques centaines de véhicules électriques en recharge.

J’ai fait quelques posts ici qui étayent mes remarques.
Bien cordialement

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