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Question n°430

Energie nucléaire et évolution de la consommation d'électricité

Ajouté par Daniel ANONYMISé (Lyon), le
[Origine : Site internet]

Hors l'arrêt d'Eurodif qui était un gros consommateur d'électricité, l'évolution de la consommation d'électricité depuis 10 ans est plutôt orientée à la hausse, comme en témoignent les chiffres régulièrement publiés par RTE. Cette hausse ne va-t-elle pas se poursuivre avec l'évolution de la démographie, la reprise économique et les nouvelles utilisations (véhicules électriques, climatisation, téléphonie mobile, voire chauffage électrique...), malgré les optimisations (isolation des bâtiments...) ? Les pays voisins de la France ne disposent pas d'une électricité décarbonée comme en France. Ne convient-il pas de garder, voire développer, une capacité d'exportation de l'électricité décarbonée française ? Aussi, pourquoi stopper la centrale de Fessenheim qui fournit une électricité bon marché, qui fournit une électricité dont on a besoin lors des pointes de consommation (voir novembre 2017) et dont l'arrêt n'est nullement justifié par aucun des objectifs de la PPE ? Aussi, une électricité plus chère (si on arrête Fessenheim) contribue à faire fuir les industries consommatrices, ce qui réduit la consommation. Par exemple, les data-centers vont s'implanter en Finlande. Est-ce la spirale "vertueuse" poursuivie par la PPE ?

Date de la réponse:
Réponse de La maîtrise d’ouvrage, le
Réponse:

La vision de l’évolution du niveau de consommation d’électricité dépend des rythmes combinés d’une part d’augmentation de l’efficacité énergétique des usages électriques liés notamment au progrès technique et d’autre part du rythme d’apparition de nouveaux usages (tablettes, ordinateurs, véhicules électriques…). L’évolution de la consommation d’électricité a été stable entre 2016 (483TWh) et 2017 (482TWh).

La consommation est la donnée la plus structurante pour dimensionner le mix électrique à moyen ou long terme.

Pour élaborer des scénarios d’évolution de la consommation, RTE a organisé une vaste consultation sur les hypothèses utilisées dans son modèle pour prévoir la demande. Les résultats obtenus par RTE sont tous des évolutions de consommation stables ou orientées à la baisse à l'horizon 2035 par rapport à l’année 2016 (483 TWh), y compris sous des hypothèses fortes de transfert d’usage vers l’électricité. Il n’y a pas convergence sur les effets à la hausse des nouveaux usages, ni sur les effets à la baisse de l’efficacité énergétique que l’on peut attendre, ni sur leur rythme.

Beaucoup d’hypothèses techniques (baisse des consommations des appareils électro-ménagers, taux de pénétration des équipements électroniques…) sont consensuelles, mais il reste certains débats par exemple sur l’évolution du nombre de personnes par foyer. Par ailleurs, le débat se développe sur le rythme d’électrification de nouveaux usages : passage du véhicule thermique au véhicule électrique, remplacement de chauffage au fioul par des pompes à chaleur, développement de l’électricité dans les process industriels. Les scénarios de RTE comportent déjà des volumes de transformation ambitieux, par exemple en termes de développement de véhicules électriques. Toutefois, les baisses de consommation liées à l’efficacité énergétique sont supérieures aux hausses liées aux nouveaux usages électriques dans tous ses scénarios.

 Certaines parties prenantes considèrent toutefois que compte-tenu du faible contenu carbone de l’électricité et des objectifs climatiques, il faudrait avoir une politique plus forte de conversion à l’électricité pouvant conduire à une hausse de la consommation d’électricité. À l’inverse, certaines études ou analyses publiées (ADEME, Negawatt...) prévoient des baisses plus significatives de la consommation d’électricité avec un effort accru de l’efficacité énergétique, ou une sobriété énergétique supérieure (tout en intégrant des transferts d’usage).

 Tous les acteurs conviennent que l’évolution de la consommation électrique doit être intégrée dans une vision globale de la consommation énergétique. Les réflexions doivent donc intégrer la complémentarité avec les autres sources de production, notamment les sources de production de chaleur.

 Enfin, si les besoins de production envisagés dans les différents scénarios dépendent en premier lieu de la consommation, ils s’ajustent également en fonction de l'évolution du solde exportateur d’électricité. Les scénarios de RTE se différencient assez fortement sur ce point, en fonction des choix nationaux sur les moyens de production et des projections sur les évolutions du système électrique dans les pays voisins. Un débat s’est fait jour entre les participants sur le caractère intrinsèquement positif ou non du maintien à un niveau soutenu du solde exportateur et sur le réalisme d'une évolution à la hausse de nos exportations.

 Dans les scénarios étudiés par RTE, l’électricité produite en France peut être vendue sur le marché européen grâce à ses coûts variables faibles. Ces scénarios résultent en un niveau d’export en forte augmentation par rapport à la situation actuelle. Certains acteurs interrogent la faisabilité de tels niveaux d’export. Certaines parties prenantes considèrent que les projets d’interconnexions électriques nécessaires pour exporter autant pourraient ne pas être conduits jusqu’au bout pour des raisons politiques et environnementales, au-delà des simples questions économiques.

 En effet, confrontés à de tels niveaux d’importation, les pays voisins pourraient souhaiter engager des constructions de moyens de production dans leur pays supérieurs aux hypothèses de RTE afin de maintenir un niveau d’indépendance énergétique élevé ou d’éviter d’importer autant d’électricité d’origine nucléaire alors qu’ils ont fait le choix d’arrêter leur production nucléaire. Un développement plus rapide que prévu des ENR dans ces pays pourrait les conduire à importer moins. A l’inverse, s’ils n’atteignaient pas totalement leurs objectifs ENR, ils pourraient avoir besoin d’importer davantage. Si les exportations prévues n'étaient pas réalisées, la surcapacité pèserait à la baisse sur les prix de marché de l'électricité.

 Concernant la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim, celle-ci a eu lieu en application de du plafonnement à 63,2 GW de la capacité nucléaire conformément à la Loi de Transition énergétique pour la croissance verte de 2015.

 Concernant le coût de l’électricité, on peut noter que les prix de l’électricité en France sont parmi les plus bas en Europe. Les entreprises industrielles pour lesquelles l’énergie représente une grosse partie des coûts et qui sont exposées à la concurrence internationale bénéficient de mesures particulières (voir le dossier du maître d'ouvrage page 123).