Avis n°473
Une façon de se rendre compte du pouvoir réchauffant exorbitant de la combustion des sources d’énergies carbonées
le ,De très nombreux citoyens sont au courant que le réchauffement climatique va conduire à une augmentation de la température moyenne de 2°C et plus, d’ici 2100. Mais le phénomène est si diffus et l’horizon temporel si lointain que la perception du danger que courent nos enfants et petits-enfants reste floue. Une façon de se convaincre de la puissance du phénomène physique à l’œuvre est de comparer l’énergie thermique (la chaleur) produite directement par un combustible fossile à celle qui sera accumulée indirectement sur un siècle par le CO2 émis par sa combustion. On peut se poser cette question naturellement quand on voit les panaches de vapeurs d’eau chaudes émises par centrales électriques, ou bien une chaudière domestique fonctionnant au fuel, ou bien une torchère brûler du gaz non récupéré par un puits de pétrole. En effet, ces vapeurs de centrales ou ces torchères chauffent directement l’atmosphère, et les chaudières qui chauffent nos maisons finissent aussi par chauffer le sol et l’atmosphère. Mais quelle est donc l’impact de ce réchauffement en regard du réchauffement indirect et à long terme, dû aux gaz à effet de serre ?
Je serais intéressé de connaître des papiers scientifiques traitant de ce sujet. Mais je souhaite partager dès maintenant avec vous un « calcul de coin de table » montrant que le réchauffement indirect de l’effet de serre est de l’ordre de 100 fois plus puissant.
On part d’une donnée contenue dans la centaine de pages du résumé technique (le « Technical Summary », une lecture très recommandable !) du 5e et dernier rapport du GIEC publié en 2013. Le graphique de la page 67 traite du budget énergétique du système climatique. On y voit qu’en quarante ans de 1970 à 2010, l’activité humaine a injecté 800 fois 10 puissance 21 joules d’énergie dans le système climatique (eau liquide, glace, sol et atmosphère).
Pour évaluer l’ordre de grandeur de l’effet de serre à partir de ce graphique, on prend les hypothèses simplificatrices suivantes :
• la contribution de chacune des quarante années de 1970 à 2010 à l’accumulation d’énergie est du même ordre de grandeur : chaque année est environ la cause de 20 fois 10 puissance 21 joules d’accumulation d’énergie dans le système climatique
• d’après les bilans de l’Agence Internationale de l’Energie, nous brûlons aujourd’hui 13 GTeP (1 GTep = 1 milliards de tonnes équivalent pétrole) d’énergie primaire, ce qui donne environ 0.5 fois 10 puissance 21 joules
Il y aurait donc en toute première approximation un rapport de 1 à 40 entre l’énergie primaire consommée et celle emmagasinée par l’augmentation induite de l’effet de serre. Mais sachant 13 TeP étant un record absolu en 2010, et sachant que les énergies fossiles en représentent 90%, on peut très facilement majorer ce rapport à 50 (et même plus), et sachant également que pour l’effet de serre a une inertie telle que si on arrêtait toute émission aujourd’hui, la déviation de température pourrait encore doubler jusqu’à ce que le système climatique atteigne un état stable, on peut doubler ce rapport, ce qui nous donne un rapport de 100.
Ainsi, l’énergie totale prévisible emmagasinée indirectement par l’effet de serre est de deux ordres de grandeurs supérieure à l’énergie primaire consommée directement. En gros, consommer 1KWh d’énergie tout de suite, revient à injecter 1KWh chaque année pendant un siècle dans l’atmosphère !
Ayant compris l’effet largement prédominant de l’effet de serre, me voilà totalement convaincu qu’il faut économiser l’énergie comme de l’or. Mais pourquoi donc traite-t-on encore l’ « or noir » comme une comme une « commodité », comme une ressource que l’on peut gaspiller sans réfléchir ?
Bonne aproximation
En effet, vous êtes dans les bons ordres de grandeur: la chaleur produite directement par la combustion des combustibles fossiles est négligeable devant la chaleur produite par l'augmentation de l'effet de serre due au CO2 produit par leur combustion: d'où la grande importance de réduire notre consommation de combustibles fossiles, et en particulier de charbon, le plus émetteur, mais aussi le plus abondant, de nos combustibles fossiles, et de le remplacer dans la production d'électricité par du nucléaire, non émetteur. L'éolien et le solaire photovoltaïque, par la nécessité de les assister par des centrales à combustibles fossiles pour les nuits et pour les jours sans vent, ne le peuvent que très partiellement. Attention aussi aux centrales à gaz : celui-ci produit moins de CO2 que le charbon, mais son effet de serre est bien plus important que celui du charbon. Or il y a inévitablement des fuites dans la chaîne d'approvisionnement.