Question n°603
Favoriser le nucléaire est-ce vraiment bâtir l'avenir des Français ?
le ,La filière nucléaire a permis un développement énergétique rapide qui correspondait aux progrès de la science en même temps qu'aux besoins de redressement industriel de la France des années 60 à 80, mais elle est aujourd'hui condamnée par les évolutions techniques, économiques, sociétales intervenues depuis quarante ans.
Des énergies nouvelles démontrent technologiquement et économiquement leur viabilité (photovoltaique, éolien, géothermie, méthanisation...) ; dans le contexte de surexploitation des ressources naturelles, leurs avantages sont considérables car elles sont universelles et durables !
Face à elles, le nucléaire cumule maintenant les handicaps : sa technologie n'est plus maitrisée (voir les EPR), ses coûts de production ne sont plus compétitifs, sa ressource n'est pas durable, le recyclage de ses déchets est impossible, ses risques environnementaux en cas d'accident sont si démesurés que les pays avancés refusent maintenant cette technologie.
Dans ce contexte, l'Etat préparerait-il vraiment un avenir sûr et serein aux Français en investissant des milliards dans la survie dangereuse d'une filière condamnée, au détriment du développement de filières nouvelles, fiables, sûres, durables et porteuses d'emploi ?
S'engager vite et massivement dans une telle transition relève du simple bon sens !
Cela contreviendrait bien sûr à de multiples intérêts et acteurs en place mais n'est-ce pas le rôle de l'Etat de tracer le cap qui fera prévaloir l'intérêt général de tous les Français ?
La France s’est bien engagée dans une transition énergétique qui repose, d’une part, sur la sobriété et l’efficacité énergétique et, d’autre part, sur la diversification des sources de production et d’approvisionnement avec le développement des énergies renouvelables. Cette diversification du mix électrique a vocation à renforcer la sécurité d’approvisionnement en électricité, en baissant la part du nucléaire dans le mix électrique en vue de réduire le risque lié à l’utilisation dominante d’une seule technologie et les conséquences qu’auraient des dysfonctionnements éventuels de cette technologie.
La loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte a ainsi fixé plusieurs objectifs ambitieux, parmi lesquels une réduction de 40 % des émissions totales de gaz à effet de serre (GES) à l’horizon 2030 et de 75 % à l’horizon 2050 par rapport à 1990 ainsi qu’une réduction de la part du nucléaire dans le mix électrique à 50 %.
Les études menées par RTE ont toutefois montré que la fermeture de l’ensemble des réacteurs du parc à 40 ans, comme l’atteinte du 50 % en 2025, soulèvent d’importantes difficultés de mise en œuvre au regard de nos engagements en matière climatique, en conduisant à la construction de nouvelles centrales à gaz pour assurer la sécurité d’approvisionnement. Cette option a ainsi été écartée comme rappelé par le gouvernement fin 2017.
Par conséquent, le gouvernement travaille désormais à l’élaboration d’une trajectoire ambitieuse d’évolution de notre mix électrique qui permette d’atteindre le plus rapidement possible les objectifs fixés par la loi sur la transition énergétique votée en 2015. Cette trajectoire nécessitera toutefois la prolongation de certains réacteurs au-delà de 40 ans d’exploitation. Elle sera définie au travers de l’élaboration de la prochaine programmation pluriannuelle de l’énergie, objet du débat public qui s’est tenu jusqu’à fin juin.