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Avis n°74

En finir avec les idées reçues

Ajouté par Emmanuel ANONYMISé (Romans), le
[Origine : Site internet]

Aujourd'hui la production ENR est variable, prévisible et complémentaire (à l'échelle du pays, il y a toujours une production quelque part). Si vous vous intéressez aux questions énergétiques, je ne peux que vous recommander la lecture des rapports de RTE qui précisent qu'il est possible d'intégrer beaucoup plus d'ENR dans la production électrique que ce qu'il y a à ce jour. De même, il ne faut pas hésiter à se désintoxiquer du discours ambiant pour en finir avec les idées reçues (sur l'Allemagne, sur le coût des ENR, sur l'emploi...) :
https://cler.org/wp-content/uploads/2017/03/Transition-energetique-en-fi...
http://www.energivie.info/sites/default/files/documents/guide_cler_rac_i...

Renouvelable ou non, l'électricité se stocke très mal. C'est le rôle du « gestionnaire de réseaux de transport » (RTE en France) que d'assurer en permanence l'équilibre en temps réel entre l'offre (la production) et la demande (la consommation), faute de quoi on risque le « black-out », la panne générale. Depuis longtemps, les électriciens ont appris à anticiper et à gérer les fluctuations parfois très importantes de la demande : ils savent par exemple que dès que la température extérieure diminue d'un seul degré en hiver, il faut démarrer immédiatement l'équivalent de 2 à 3 réacteurs nucléaires ou importer de l'électricité à cause du nombre très important de convecteurs électriques dans notre pays : on parle donc de la « thermo-sensibilité» de notre système électrique. Les variations de la production des énergies de flux (solaire et éolien notamment) peuvent compliquer la tâche, mais on sait grâce à l'expérience de plusieurs régions ou pays que cela ne pose pratiquement aucun problème tant qu'elles n'ont pas atteint une part significative de la production, 40% ou plus en fonction de la situation locale, alors qu'elle n'ont représenté en France que moins de 2,5% de la consommation en 2012.
Les solutions pour aller au-delà et atteindre les « 100% renouvelables », ou au moins s'en approcher, sont connues. Il y a d'abord l'intelligence à tous les niveaux pour réduire les besoins et améliorer l'adéquation entre consommation et production. Cela implique des changements de comportements individuels et collectifs, mais aussi concernant le choix et l'utilisation des appareils, chez soi et dans l'espace public, ainsi que dans l'utilisation des réseaux eux-mêmes à travers la collecte et le traitement des données « en temps réel ».
Il y a aussi aussi la possibilité de stocker l'électricité pendant les périodes d'excédents et de la restituer pendant les périodes de déficit moyennant une perte plus ou moins importante en fonction de la technologie utilisée.
Enfin, je ne saurais trop vous conseiller de lire aussi l'ouvrage "Manifeste négaWatt – Réussir la transition énergétique" qui offre de véritables solutions en proposant un scénario qui, s'il est appliqué, sera un des principaux projets industriels, économiques, sociaux et environnementaux de la France pour les prochaines décennies.

Commentaires

La complémentarité des EnR (ou foisonnement), même à l'échelle européenne n'est pas près d'être atteinte :
- quand il fait nuit en Espagne, il fait nuit en Pologne -ou presque ;
- il arrive d'avoir, en plein hiver (quand le photovoltaïque donne le moins) un anticyclone qui couvre toute l'Europe pendant plusieurs jours de suite : donc pas de vent ;
- en même temps, la capacité de stockage de l'hydro est déjà utilisée à fond pour couvrir les pics de consommation ;
- et le reste des EnR ne représente qu'un fraction marginale qui ne saurait combler le manque.
Donc, non, le "foisonnement" actuel est totalement insuffisant pour se passer de fossile pour servir de backup aux EnR (sauf à prendre des hypothèses péremptoires comme dans les scenarii NégaWatt ou de l'Ademe). Ainsi, EnR (éolien/photovoltaïque) à une proportion significative dans le mix électrique implique plus de centrale fossile et donc plus de CO2.
( https://jancovici.com/transition-energetique/renouvelables/100-renouvela... )

Pour ce qui est de l'Allemagne qui "n'a pas remplacé le nucléaire par du charbon", c'est une manière de voir les choses. On peut aussi considérer qu'ils étaient déjà engagés dans une démarche de développement des EnR avant et indépendamment de décider l'arrêt du nucléaire. Sous cet angle, c'est bien l'arrêt du nucléaire qui a imposé de continuer à exploiter le charbon (suite à l'annonce de Merkel en 2011, les investissements dans le charbon sont repartis à la hausse).
( https://jancovici.com/transition-energetique/choix-de-societe/vers-quoi-... )

44000

Oui, le stockage est la condition de réussite pour développer les énergies renouvelables. Sans cela, c'est un chimère qui coute excessivement cher et cela a des effets induits bien négatifs sur les autres acteurs.

Le stockage par les barrages n'a pas beaucoup de capacité de développement en France ; le stockage par batterie est cher et présente trois limites importantes (limitation des terres rares+ impact environnemental très négatif de son exploration // dépendance vis à vis de la chine // capacité limité quand on sait qu'il faut 25 millions de zoe raccordées avec batterie pleine et donc non utilisable pour tenir pendant 5 jours si l'équivalent de 5 centrales nucléaires s'arrêtent). Manier une règle de 3 pour dénoncer les manipulation est fort utile.

Il reste le stockage sous la forme de gaz et notamment de l'hydrogène mais il convient de modifier le contexte économique pour éviter que la production d'hydrogène soit lié au pétrole, ce qui serait juste une délocalisations de l'émissions de co2 !

Je vous invite à lire le livre de PITRON sur la face cachée de la transition énergétique qui ne doit pas être un slogan électoral mais un projet réconcilié avec les réalités notamment physiques et temporelles.

69003

Les idées reçues, notamment sur L'Allemagne, sont malheureusement conformes à la réalité: le prix de l'électricité allemande est le double de la France, essentiellement à cause des ENR. L’Allemagne (et l'Autriche) avec leurs excédents de balance commerciale et budgétaire peuvent se payer cette danseuse, pas la France.

83000

Le gouvernement retient uniquement deux scenarios du bilan prévisionnel RTE qui compte sur le fermeture de 9 à 16 centrales d'ici 2035 et non de 17 à 25 d'ici la fin du quinquennat (promesse de Macron conforme aux promesses de Hollande).

C'est un premier pas sur le chemin du réel mais la route est longue pour sortir d'un mensonge.

Si on conserve des centrales nucléaires, c'est que l'on considère qu'elles sont sures d'autant que les règles d'exploitation évoluent pour intégrer plus de sureté en tant compte du retour d'expérience.

Alors pourquoi s'obnubiler à vouloir fermer tant de centrales pour raisons politiques et non techniques, à refuser à investir dans des nouvelles centrales nucléaires en France en cherchant à en vendre en Inde, à la Chine, ... si c'est un moyen de renforcer cette filière d'excellence ?

Alors pourquoi ne pas dire que le stockage de masse annoncé par EDF pour raison politique (8 milliards pour bénéficier de 10GW de stockage, ce qui correspond à la variabilité du parc éolien actuel qui ne produit que 5% des besoins Français en électricité) sera bien insuffisant même s'il est supérieur à un parc de plusieurs millions de véhicules électriques raccordés au réseau quand le vent tombe (bref, une belle utopie) ?

Enfin, pourquoi ne pas annoncer les couts d'adaptation du réseau à cette intermittence en cherchant à les dissimuler dans un tarif que les français ne comprennent plus ? (la part dans la facture d'électricité des taxes et tarifs d'acheminement, donc en dehors de toute concurrence s'envole !).

Bref, nous avons besoin de centrales pilotables pour pallier l'intermittence et les centrales nucléaires sont nécessaires et le seuil de 50% n'a aucune justification réelle ou physique, autre qu'électorale ! Pire, quelle erreur de parler d'un seuil français et non européen alors que l'UE doit réfléchir en 2019 à une politique commune compatible avec le climat ?

69003

L'UE veut définir en 2019 un cadre européen pour une politique énergétique enfin compatible avec les exigences climatiques.

Ce n'est pas gagné étant donné les divergences actuelles notamment sur le nucléaire et le charbon, mais c'est encourageant car ce serait se mettre en mouvement après la signature des accords de Paris qui ne sont aujourd'hui qu'une déclaration d'intention !

Alors pourquoi fixer un cadre en France dès 2018 avant que les négociation s'ouvre. Si la France ouvre son jeu aujourd'hui, elle sera perdante encore une fois !

69003

Bonjour,
Je sais que engie a fait des théses sur la prédictions de la production d'énergie à l'échelle de la France. Une des hypothèses envisagées pour gérer les variations d'électricité était d'utiliser la méthanisation : soit en prédisant la production de plusieurs digesteurs et en ajoutant des déchets à digérer quand il y avait un besoin.
Soit en stockant le biogas produit (ou le CO2 produit par exemple) et en l'injectant ou en produisant à nouveau du biogas à partir du CO2 et de l'hydrogène (produit sous forme de pile microbienne par exemple) i.e. power to gas.

75016

Le stockage autre que l'hydraulique est et restera beaucoup trop chère pour être utile.

Si nous poursuivons le chemin actuel avec les EnR intermittents nous trouverons la précarité énergétique généralisée :

https://ppe.debatpublic.fr/comment/161#comment-161

75017