Question n°619
Français, réjouissez-vous : L’éolien en mer ne vous coûtera (presque) rien !
le ,Hosannah au plus haut des cieux, faîtes résonner les Cloches. Les Français se réjouissent que leur gouvernement ait réussi à réduire de 40 milliards à 25 milliards sur 20 ans le coût à payer pour les 6 centrales éoliennes en mer programmées à ce jour.
Mais regardons cela de plus près. Tout d'abord, le tour de passe-passe : les 3 milliards destinés à payer la construction des 6 lignes à haute-tension nécessaires pour évacuer l'électricité de ces parcs seront à la charge de RTE, qui se remboursera par une augmentation de nos taxes d'acheminement.
Et que se passera-t-il au bout de 20 ans ? Il faudra remplacer les éoliennes corrodées par le sel marin. Coût prévisible : environ 15 milliards d'euros actuels. 20 ans après, il faudra recommencer. Total 25+2x15+ 3 (lignes à haute tension), nous voici déjà à 58 millions. Mais il fut aussi prévoir la maintenance, environ 5 % du coût total : pales cassées ou à remplacer, incendies, roulements à billes usés, collisions de bateaux, accidents d'hélicoptères.... Il y a aussi le démantèlement final, environ 100 millions d'euros par parc pour un « retour à l'algue ». Au total, plus de 60 milliards d'euros, pour une production d'environ 450 TWh au total de 60 ans.
Comparons à l'EPR, d'un coût exorbitant paraît-il. 10,5 milliards de première mise, 3 milliards de maintenance, 500 millions de démantèlement (mise au gazon). Total 14 milliards sur 60 ans, pour une production totale de 600 TWh.
Comme on dit, il n'y a pas photo : le coût de l'électricité de cet éolien en mer nous coûtera 6 fois plus que celui de l'EPR sur ces 60 ans. Et encore n'a-t-on pas compté toutes les gracieusetés faites à l'éolien, mais pas à l'EPR : construction de «facilités» et subventions cachées par les collectivités territoriales, déductions fiscales etc... Et bien sûr le coût des « externalités », dégradation de l'environnement, difficultés pour les pêcheurs etc.
Ma question au MO : pouvez-vous nous faire le calcul avec vos propres chiffres ?
Les calculs réalisés se fondent sur des éléments non comparables. En particulier, les coûts donnés pour l’éolien en mer intègrent les coûts de raccordement au réseau (qui ne sont pas nuls pour les nouveaux projets nucléaires, le projet de Flamanville 3 ayant conduit à des renforcements sur le réseau de RTE), les coûts de financement (qui sont significatifs sur ce type de projet compte tenu de la forte intensité capitalistique et de la longue durée d’amortissement) et la marge du producteur. Ces coûts ne sont pas inclus dans l’analyse présentée sur les EPR.
Même si elle est imparfaite, une meilleure comparaison peut se fonder sur le tarif d’achat garanti de l’électricité :
- Dans le cas de l’EPR, la dernière référence est le projet Hinkley Point qui bénéficie d’un tarif d’environ 110 €/MWh pour une durée de 35 ans ;
- Dans le cas des premiers projets d’éolien en mer, la renégociation lancée par le Gouvernement a permis de réduire le tarif moyen de 200 €/MWh à environ 150 €/MWh sur une durée de 20 ans. Ce tarif élevé s’explique par le fait que ces projets se traduiront par la construction d’usines d’équipements en France pour fournir ces parcs.
Néanmoins, les prix pour les prochains appels d'offres de parcs éoliens en mer sont attendus en forte baisse, à l'image des prix obtenus lors d'appels d'offres pour des parcs à l'étranger, par exemple en mer du Nord où certains projets sont à présent lancés sans subvention publique. Il est donc probable que ces premiers parcs éoliens, s’ils font l’objet d’un renouvellement à l’issue des 20 ans, soient renouvelés à un tarif beaucoup plus bas.
Il n’est donc pas exact d’affirmer que le coût de l'électricité de cet éolien en mer nous coûtera 6 fois plus que celui de l'EPR sur ces 60 ans, compte tenu des références actuelles et des dynamiques existant sur les deux filières.