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Avis n°105

Pour une France 100% renouvelable

Ajouté par Matthias ANONYMISé (MONTBAZON), le
[Origine : Site internet]

Bonjour, Je souhaiterais juste apporter ma contribution à ce débat en expliquant simplement mon point de vue. Le nucléaire a permis à la France de s'assurer une stabilité énergétique pendant plusieurs années et nous l'en remercions. Cependant il est maintenant l'heure de tourner la page et de passer au 100% renouvelables (éolien sur terre, en mer, solaire, biomasse, EMR...). Nous avons 3 régimes de vents, des centaines et centaines de kilomètres de côtes, du soleil en France. Il faut exploiter cette mine d'or verte. Mais ceci doit également s'accompagner d'une campagne d'information sur la consommation électrique. En effet chacun d'entre nous doit prendre conscience qu'il doit être un acteur de la transition énergétique. Et il est de notre devoir de réduire notre consommation en effectuant plusieurs gestes dans la vie de tous les jours. Ces gestes peuvent être simples (éteindre la lumière, débrancher le chargeur de son téléphone une fois chargé...) et un peu plus pensés sur le long terme (changer de fournisseur électrique pour du 100% renouvelable comme Enercoop ou isoler sa maison). Ce qui est certain, c'est que nous avons chacun le pouvoir de faire bouger les choses. L'énergie, c'est l'affaire de tous ! Et si on veut un meilleur avenir pour ses enfants, il faut accélérer cette transition énergétique et les énergies renouvelables sont le pilier de ce changement.

Commentaires

Vouloir du "100% renouvelable", c'est super sur le principe, ça fait joli à présenter et c'est dans l'air du temps, mais ... ça me pose un problème de principe.

En effet, quel est l'enjeu prioritaire actuel, pour nous en France et surtout pour l'ensemble de la population mondiale ... n'est-ce pas de réduire les rejets de gaz à effet de serre (GES) et diminuer les risques associés au changement climatique ? C'est pourtant le péril imminent auquel l'humanité doit faire face, et tous nos efforts devraient être concentrés sur cet objectif.

Si on est d'accord sur ce constat, se pose alors la question suivante: est-ce que "100% de renouvelable" permet de réduire les émissions de CO2 ? et bien je dirais oui et non, ça dépend surtout où on veut porter cet effort.

Si c'est dans le domaine des transports (véhicules particuliers, poids lourds, transports en commun, ...), le chauffage des bâtiments, des locaux, ... c'est clair, le gain est évident ! toutes les bonnes actions sont à prendre, les comportements à changer, car moins de carburants fossiles consommés = moins de rejets de GES. Ce sont d'les secteurs d'activité les plus émetteurs, où les plus gros efforts doivent être réalisés (pour réduire les GES, mais aussi du point de vue de la qualité de l'air).

Si c'est pour produire de l'électricité, le "100% renouvelable" est également joli sur le principe mais il faut se demander si c'est utile et si ça contribue aux efforts attendus : la réponse est clairement non, c'est pratiquement inutile (en France) ... pourquoi ? parce qu'il suffit de regarder l'empreinte CO2 de ce secteur. Or, la production électrique française, qu'on le veuille ou non, est déjà très faiblement émettrice de gaz à effet de serre (quoi qu'on en pense, sur cet aspect c'est merci à l'hydraulique + nucléaire). On est même enviés en Europe et dans le monde quand on regarde l'intensité carbone de notre production électrique, où très peu de pays dits développés arrivent à des résultats équivalents, et où la majorité des autres pays ont des résultats très dégradés, pour ne pas dire autre chose ... (ex: Pologne, Allemagne, ... pour rester en Europe, où la combustion du pire charbon qui soit - la lignite - a encore de très beaux jours devant elle).

Alors je pose une question : pourquoi vouloir mettre autant d'énergie et de dépenses (on parle en milliards d'euros) dans le secteur d'activité (production d'électricité) qui a déjà une des intensités CO2 les plus faibles du monde ?? et vouloir à tout prix le faire passer au "100% renouvelable" alors qu'on sait que le gain CO2 au final sera nul, voir négatif (il faut en effet compenser l'intermittence des renouvelables, très souvent pas des centrales à gaz - donc à rejets de CO2) ?

Ne nous trompons pas de cible, et portons les efforts là où les résultats seront les plus efficaces ...

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Nous voyons depuis quelques années -et l'ouverture à la concurrence- apparaitre des fournisseurs d'électricité revendiquant une origine 100% EnR de l'énergie (ex: Enercoop).
Je me pose cependant la question de la comptabilité de cette origine 100% EnR :
- Ces fournisseurs ont-ils l'obligation de couvrir à 100% par des EnR la puissance consommée par leur clients à chaque instant ?
ou bien
L'origine "100% EnR" peut-elle être utilisée dès que le fournisseur a injecté autant d'énergie sur le réseau que ses clients en on consommé sur une période donnée ?

44000

Bonjour Monsieur,
Il faut distinguer deux choses : la consommation électrique de chacun d'entre nous dont nous avons le pouvoir et le devoir de maitriser (j'ai cité des exemples dans mon message précédent). et notre production d'électricité.

Pour la première, nous pouvons en effet agir sur les émissions de GES et de CO2 encore une fois en pouvant faire des choses simples (co-voiturage ou encore passer par le circuit court pour s'alimenter).

Cependant pour la seconde par contre, vous oubliez quelques (nombreux) détails. Je veux bien qu'on parle de CO2 mais il ne faut pas oublier le reste : origine de la source d'énergie, prix de l'énergie, démantèlement des infrastructures ou encore la dangerosité de ces modes de production.
Pour la source de l'énergie, le vent, le soleil, le bois, tout est originaire de France et nous n'allons pas le chercher dans des pays où nous sommes obligés parfois d'aller y faire la guerre.
Pour le prix, le dernier appel d'offre sur l'éolien a permis de faire baisser les coûts de cette énergie à 65€/MWh contre plus de 100€/MWh pour le dernier EPR de Flamanville. Et ce n'est qu'un début. Je ne parle même pas du solaire qui atteint des prix record.
Pour le démantèlement c'est pareil. Le prix d'un démantèlement est encore mal connu pour une centrale nucléaire et nous sommes obligés d'attendre des années avant de pouvoir intervenir car encore trop radioactif. Prenons encore une fois l'exemple de l'éolien, le démantèlement peut se faire sur une semaine, il n'y a aucun danger pour les populations et il est quasiment entièrement recyclable (plus de 90%).
Enfin au niveau de la dangerosité des installations, je pense même pas qu'il y est besoin de comparer.
De ce fait, si vous voulez comparer les énergies, faites le jusqu'au bout. Alors en effet le nucléaire produit beaucoup d'électricité, c'est vrai ! Mais à quel prix ?!
Alors que grâce à un mix énergétique d'origine 100% renouvelable et une maitrise de notre consommation nous pourrons faire sans les énergies fissiles et fossiles.
L'énergie nucléaire nous a bien aidé, je les déjà dit mais elle appartient maintenant au passé. Allons de l'avant !

37250

Malheureusement le mythe de 100% EnR nous entrainera vers la précarité énergétique généralisée :

"L’introduction d’un volume important de capacités d’ENR intermittentes sur le réseau,
à un rythme soutenu, a augmenté les problèmes d’intermittence, a affaibli la sécurité
d’approvisionnement et a menacé le modèle économique de certaines centrales
électriques."

"alors que les prix de gros ne reflètent pas le coût réel de la production d’énergie, les coûts de soutien aux ENR augmentent et sont supportés par le consommateur final"

http://www.strategie.gouv.fr/sites/strategie.gouv.fr/files/archives/CGSP...

"De façon générale, malgré la baisse de la part énergie liée à l’évolution des prix de gros, les petits consommateurs européens ont vu leur prix de l’électricité augmenter principalement en raison de la hausse des coûts du soutien aux EnR et des coûts des réseaux."
http://ufe-electricite.fr/IMG/pdf/27.pdf

75017

Vous avez raison sur de nombreux points : il y d'une part les actions individuelles, et d'autre part les modes de production énergétiques dont la société a besoin pour vivre et se développer.

Mais quand on parle "énergies", on doit penser à tous les modes de production, pas que la production d'électricité: sur ce point, je suis 100% d'accord avec vous, le nucléaire n'est pas une énergie parfaite, loin de là. Elle pose de sérieuses questions, liées à sa dangerosité intrinsèque qu'il est INDISPENSABLE de maîtriser parfaitement, sur toute sa chaîne, de la mine au "tombeau".

Mais existe-il une énergie "parfaite" ? je pense à l'hydraulique et ses barrages / retenues parfois gigantesque, avec leurs risques associés ? l'éolien et le solaire avec leurs intermittences (sans parler du fait qu'on importe massivement ces technologies de Chine) ? le pétrole est ses risques, de l'extraction au raffinage, en passant par le transport ? et ne parlons pas du charbon ou du gaz ... Bref, je crois que tout le monde est d'accord pour dire que cela n'existe pas ...

Et au final, je reviens sur l'ENJEU majeur de notre civilisation : réduire ses émissions de GES et espérer atténuer les MULTIPLES effets d'une catastrophe annoncée (depuis longtemps). C'est un enjeu planétaire, qui dépasse notre cadre individuel et national. Cela devrait concentrer tous les efforts et moyens disponibles.

Alors pourquoi vouloir à tout prix passer le mode de production d'électricité au 100% renouvelable, alors que celui-ci est déjà à très faible empreinte CO2 ? et quel est le gain attendu en terme d'empreinte GES ? Les faits sont têtus : à vouloir se débarrasser du fissile, on va favoriser le fossile. Ce n'est pas moi qui le dit, mais la personne qui est à la tête du ministère en charge de ce sujet, même si cela ne lui fait pas plaisir.

Si on entreprend plusieurs choses à la fois on se disperse et on risque de ne rien mener à terme. Il vaut mieux n'entreprendre qu'une chose, la plus essentielle, et la réussir ...

26130

Bonjour Monsieur Gomez,

Je souhaite juste corriger une imprécision de votre dernier message. Vous affirmez que pour les énergies éoliennes et solaires, tout est originaire de France. Or c'est faux ! Une éolienne (ou un panneau photovoltaïque) est un concentré de technologie qui contient un certain nombres de métaux rares qui sont minés dans des conditions pas moins glorieuses que l'uranium.
Par ailleurs ces machines ne sont absolument pas fabriquées en France, et ont donc un coût en pétrole pour les importer. Il est très probable que les prix du solaire et de l'éolien augmenteraient sensiblement si l'on imposait l'utilisation d'énergies décarbonées pour la production des machines et leur recyclage.
J'en profite pour répondre à Monsieur Bertrais que quand bien même l'électricité fournie par un fournisseur "100%ENR" serait intégralement issue des énergies renouvelables, il serait mensonger de dire qu'aucune énergie fossile n'a été consommée pour vous apporter cette énergie.

Enfin, le coût que vous citez pour le nucléaire est effectivement bien plus élevé pour le seul EPR (tête de file, rappelons-le) de Flamanville, mais il est bien plus compétitif, en coûts complets (incluant démantelement et gestion des déchets). D'après la Cour des Comptes en 2012 il était même plus compétitifs que le solaire ou l'éolien.

Vous négligez également le problème de l'intermittence des énergies solaire et éolienne, qui à ce jour ne permet pas d'en avoir une part extrêmement élevé dans le mix électrique. Or on souhaite en plus augmenter la production d'électricité pour satifsfaire les demandes nouvelles (chauffage par pompes à chaleur pour remplacer le gaz/fuel, véhicules électriques...).

Le nucléaire a des inconvénients indéniables, cependant à l'heure actuelle, il semble incontournable pour assurer la réduction de nos émissions de carbone.

92120

L'origine de l'uranium n'a pas beaucoup d'importance. La fabrication d'un MW.h d'électricité nécessite à peine 2,00 € à 2,50 € de matière première.
Quand vous parlez de pays où l'on fait la guerre, vous faîtes sans doute référence au Niger, mais il n'a représenté que 40% environ de nos importations ces dernières années.
De plus, il existe bien de l'uranium en France, d'une part des stocks stratégiques constitués par EDF (3 à 5 ans de production), mais aussi des gisements, certes assez pauvres et peu intéressants à exploiter compte tenu du prix de l'uranium sur le marché international, mais qui pourraient servir dans le cas très improbable ou nous ne pourrions plus nous approvisionner à l'étranger.
Cela ne changerait que peu le prix de l'électricité eu égard à la faible part que représente le minerai dans le coût total.

En ce qui concerne les renouvelables, attention à bien voir ce que recouvrent les prix que vous indiquez.
65 €/MW.h, c'est le prix de l'électricité intermittente en pied d'éolienne, qui, en tant que tel n'a aucun intérêt.
Pour l'acheminer vers le consommateur et la rendre disponible à la demande, il faut prévoir des réseaux et des moyens de stockage, qui induisent à la fois des pertes et des coûts.(surtout le stockage pour lequel il n'existe d'ailleurs aujourd'hui ni solution valable ni même de concept crédible contrairement à ce que certains prétendent)
Tout au long de cette chaine de distribution, au fur et à mesure que l'on s'éloigne du lieu de production et que l'on se rapproche du lieu de consommation, il y a de moins en moins de MW.h (pertes), et de plus en plus d'€ (coûts d'investissement et de fonctionnement), et c'est bien à l'extrémité de cette chaine qu'il faut évaluer le prix de l'électricité.

53000