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Question n°323

Intérêt des ENR intermittentes

Ajouté par Thomas ANONYMISé (PARIS), le
[Origine : Site internet]
Energies renouvelables

Afin d'assurer son alimentation électrique, la France doit disposer à chaque instant d'autant de puissance de production que de puissance consommée.

Les ENR intermittentes (solaire, éolien, usines marémotrices) n'offrent pas cette assurance car leur puissance produite varie à la hausse comme à la baisse (jusqu'à des puissances nulles) en fonction de facteurs naturels, indépendamment de la consommation.

La construction et le maintien de centrales pilotables (hydrauliques, nucléaires, thermiques à flamme) est donc nécessaire pour assurer la sécurité d'approvisionnement.

Une fois qu'elles sont construites, la France a le choix de les faire tourner à plein régime ou partiellement, ou bien de construire en complément des ENR intermittentes et de privilégier leur production.

Donc après avoir payé les coûts fixes des moyens de production pilotables nécessaires à la sécurité d'approvisionnement, se présente à nous le choix économique entre :
- payer en plus le coût marginal de l'électricité produite par ces centrales hydrauliques, nucléaires ou à gaz,
- ou bien payer en plus le coût complet des ENR intermittentes, càd leurs coûts fixes plus leurs coûts variables.

Le coût marginal de l'énergie nucléaire est d'environ 10€/MWh, et il devrait être inférieur pour les réacteurs EPR (notamment grâce à une consommation moindre de combustible par TWh d'électricité produite).

Le coût complet du solaire et de l'éolien ne descend en France jamais sous 60€/MWh, et ne pourra jamais descendre à un niveau aussi faible que 10€/MWh.

Pourquoi donc privilégier la construction d'ENR intermittentes si :
- elles n'ont pas la possibilité d'être rentables,
- elles n'apportent aucune sécurité d'approvisionnement supplémentaire,
- elles ne diminuent pas le moindre du monde le risque nucléaire puisqu'il faut toujours autant de centrales nucléaires avec autant de combustible en cuve, même si ces centrales tournent moins pour laisser la place aux ENR et gagnent ainsi moins d'argent pour payer leur maintenance,
- elles nécessitent des subventions pharaoniques (la Cours des Comptes parle de 120 milliards d'euros pour les ENR déjà installées),
- leur bénéfice environnemental est en France nul ou négatif ?

Merci par avance de me répondre autre chose que "pour diversifier notre approvisionnement", besoin réel mais auquel ces ENR intermittentes ne répondent pas.

Par ailleurs, je vous rappelle que RTE ne réussit dans ses scénario prévisionnels à faire baisser la place du nucléaire que grâce à une baisse de la consommation de pointe et une construction d'interconnexions supplémentaires avec nos voisins, éléments qui en eux-même ne justifient en rien la baisse de la part de cette énergie.

Date de la réponse:
Réponse de La maîtrise d’ouvrage, le
Réponse:

Concernant la sécurité d’approvisionnement

Le bilan prévisionnel de RTE publié en 2017 montre que des trajectoires de développement des énergies renouvelables électriques sont possibles, sans avoir recours à de nouveaux moyens de production pilotables, et en réduisant la part du nucléaire. Il s’agit notamment des scénarios « Ampère » et « Volt ».

Les éléments fournis par le bilan prévisionnel sur la sécurité d’approvisionnement reposent, comme vous l’indiquez, sur la baisse de la pointe de consommation et le développement des interconnexions, mais également sur la contribution des énergies renouvelables à la pointe (notamment éolien terrestre et en mer) et sur le développement de nouvelles flexibilités (dont l’effacement).

Vous pouvez en outre utilement vous référer au site Eco2Mix de RTE pour constater la participation des énergies renouvelables (notamment l'éolien) à la sécurité d’approvisionnement au cours de l’hiver.

Il pourrait par ailleurs être rappelé que la sécurité d’approvisionnement peut se définir comme la capacité du système énergétique à satisfaire de façon continue et à un coût raisonnable la demande prévisible du marché. Pour le système électrique, le critère de défaillance, ou critère de sécurité d’alimentation électrique, représente le niveau de délestage accepté chaque année par la collectivité. Il est défini comme « une durée moyenne de défaillance annuelle de trois heures pour des raisons de déséquilibre entre l'offre et la demande d'électricité ». 

Ce critère signifie que chaque année, l’espérance, sur l’ensemble des scénarios de production et de consommation possibles, et en tenant compte de la contribution des interconnexions, de la durée pendant laquelle au moins un consommateur est délesté pour des raisons de déséquilibre offre-demande, doit être inférieure à trois heures.

Le respect du critère n’implique donc pas une absence totale de risque totale de défaillance, mais que le risque est contenu dans des limites définies. Ainsi, la sécurité d’approvisionnement doit s’apprécier de manière probabiliste sur plusieurs scénarios faisant évoluer la demande, la disponibilité de moyens de production renouvelables ou conventionnels y compris nucléaire.

La programmation pluriannuelle de l’énergie fera de plus l’objet d’une étude d’impact rendue publique (dite "évaluation environnementale stratégique"), portant sur les impacts économiques, sociaux et environnementaux. Cette étude d’impact prendra bien en compte l’impératif d’assurer la sécurité d’approvisionnement et chiffrera les coûts des éventuelles solutions de flexibilité du système électrique qui seraient nécessaires.

Concernant la rentabilité des énergies renouvelables intermittentes

Comme vous l’évoquez, le coût des énergies renouvelables électriques est encore supérieur aux prix de marché de l’électricité. L’Etat a mis en place plusieurs outils qui permettent de soutenir leur développement.

Il convient toutefois de noter que les résultats des derniers appels d’offres relèvent par exemple que les coûts des énergies renouvelables sont en très forte baisse, notamment pour le solaire photovoltaïque . A l’échelle mondiale également, le coût moyen des installations photovoltaïques et éoliennes est en forte baisse, comme le montre le graphique ci-dessous.

Pour le photovoltaïque, le coût de production des centrales au sol devrait être compris entre 40 et 50 €/MWh en 2030, et le coût sur bâtiment compris entre 60 et 70 €/MWh. Un coût de production compris entre 45 et 60 €/MWh est anticipé en 2030 pour l'éolien terrestre, et entre 50 et 100 €/MWh pour l’éolien en mer.

S’il est vrai que les services rendus au réseau ne sont pas les mêmes pour tous les moyens de production et qu’il convient d’être prudent dans la comparaison des coûts de production, il n’est pas correct de comparer le coût complet pour les énergies renouvelables et le coût marginal pour le nucléaire que vous établissez à 10 €/MWh ou moins pour les EPR, alors que ces dernières capacités n’ont pas encore été construites.

Concernant le bénéfice environnemental des énergies renouvelables intermittentes

Le tableau ci-dessous reprend les impacts environnementaux en analyse de cycle de vie de trois filières pour la production d’un kWh. Ces données sont issues de la base de données IMPACT tenue par l’ADEME. Elles montrent l’atout environnemental du photovoltaïque et de l’éolien, qui est d’un niveau comparable à celui du nucléaire.

Commentaires

1) Sur la sécurité d'approvisionnement :

Vous vous doutez bien que je consulte régulièrement Eco2mix, et que je peux donc constater que l'éolien et le solaire contribuent nullement ou par le plus grand des hasards à la tenue de la pointe de consommation. Et les autres facteurs ne tiennent pas aux ENR.

La sécurité d'approvisionnement ne justifie donc pas leur déploiement.

Au final, vous dites juste que les ENR ne détériorent pas la sécurité d'approvisionnement autant que je l'affirme, ce qui est bien maigre comme démonstration.

2) La rentabilité des ENR intermittentes :

"il n’est pas correct de comparer le coût complet pour les énergies renouvelables et le coût marginal pour le nucléaire que vous établissez à 10 €/MWh ou moins pour les EPR, alors que ces dernières capacités n’ont pas encore été construites."

Si on compare au nucléaire actuel, mon raisonnement est correct.

Si on compare au nucléaire futur, mon raisonnement est tout aussi correct puisque la nécessité de ces tranches pour la sécurité d'approvisionnement est la même qu'aujourd'hui :

Il faudra à l'avenir toujours construire ces tranches, et après se demander si on les fait produire ou si on rajoute des ENRi en plus.

Et si on faisait appel massivement à du stockage, il faudrait comparer le coût complet du nucléaire avec le coût complet des ENRi + celui du stockage nécessaire.

Vous remarquerez que personne, même parmi les défenseurs des ENRi, ne se risque à faire cette comparaison...

Les ENRi ne sont donc pas rentables comme je le disais, et votre discours ne revient qu'à essayer de mettre de la poudre aux yeux des lecteurs.

3) Le bénéfice environnemental :
Le tableau que vous fournissez donne un avantage clair au nucléaire. Il ne montre donc pas "l’atout environnemental" des ENR, surtout si elles servent à remplacer du nucléaire.

Par ailleurs, il n'y a jamais eu à ma connaissance de fuite significative vers l'environnement de déchets radioactifs français. Leur impact sur l'environnement est donc nul ou quasi nul. Cette question n'a donc rien à faire dans ce débat.

75000

Le message et le commentaire de Thomas Vulliod de Paris mettent clairement et sobrement en évidence les carences intrinsèques des ENR intermittentes pour fournir à coût supportable les besoins d' une société toujours plus urbaine et gourmande en énergie ( exemple de cette tendance : sont évoqués dans des études de climatologues français en relation avec Giec , les futurs pics de chaleur que subira en été ,saison fréquemment sans vent , une ville comme Paris dans la décennie 2030/40 et l' impossibilité d' y vivre sans climatiseur!) . La réponse du MO àTh.V. souligne aussi ,c'est à son honneur, mais partiellement, d' autres défauts de l' éolien , comme la production de déchets dont on ne sait pas retraiter une bonne partie ( pales), sans mentionner toutefois le coût du démantèlement par MW de capacité installée plus cher pour l' éolien que pour le nucléaire ( je peux fournir la référence) même si en France , les législation et réglementation sont très laxistes ( socle béton laissé aux 3/4 dans le sol à la différence de ce qui se passe en Allemagne)

En revanche ont été passés sous silence dans cette discussion purement économique sur les ENR , trois points plus que préoccupants nés du développement extravagant du secteur éolien terrestre :
-l 'impact sanitaire désastreux sur les populations proches des éoliennes , impact quasi volontairement passé sous silence ( en êtes vous conscients dans l' équipe PPE ?) malgré les effets néfastes étudiés et mis en évidence par différentes institutions / aca démies de médecine sur la santé publique en Allemagne ,au Canada, en Australie , aux USA depuis les années 2000.
- la précarité énergétique qu' elle renforce (phénomène pas spécifique à l éolien, je le reconnais ) chez les plus pauvres (la CSPE pourrait être un mix dès le ier euro un impôt progressif sur le revenu, couplé à 'une taxe en fonction du niveau de consommation par ménage/nbre et taille de résidence(s) au dessus d'un seuil minimum de consommation ( ce seuil évitant aux plus démunis de payer des taxes sur les kwh qui leur permettent de simplement se chauffer en hiver) .Pour ce faire les aides aux ENR doivent être revues encore plus à la baisse , les taxes suivant cette baisse .
-l' impact sur le paysage français façonné durant un millénaire par l' homme et regorgeant de monuments historiques remarquables ,sans même mentionner la faune qui y vit, partie de la "biodiversité" . Les promoteurs et opérateurs éoliens, purs chasseurs de primes "ENR" , détruisent sans vergogne avec la complicité de certains élus locaux , cette réalisation multiséculaire , profitant des faiblesses nombreuses du code de l' environnement et de la complicité passive de l' autorité administrative , la jurisprudence en témoigne trop faiblement encore. La France en 2021 au terme de l' implantation additionnelle de plusieurs milliers d' éoliennes terrestres (objectif européen du mix énergétique ) pourrait bien perdre sa place de première destination mondiale du tourisme et plusieurs centaines de milliers d' emplois régionaux qui vivent de ce flux de visiteurs du fait de la destruction de nos paysages par les éoliennes terrestres .
Ces trois catégories d' effets calamiteux étant toutes générées par l'éolien terrestre au profit d' une industrie qui produit en dehors de nos frontières ( Siemens-Gamesa, Senvion Nordex ,Vestas pour n' en citer que quatre, GE s'implantant chez nous après rachat d' Alstom power ) et peu d' emplois en France , il conviendrait pour les faire cesser que les responsables du PPE cantonnent dès maintenant l' éolien aux zones de haute mer ( éolien flottant )dans la ZEE française, fassent cesser toute implantation terrestre, inutile sinon futile ( 16% du temps productible sur l' année en ex région Poitou-Charentes!)
Au delà de cette désastreuse vague d' investissement éolien terrestre calamiteux et souvent cupide dans ses traits , les responsables du PPE sont invités à donner plus d' attention au maintien de l'investissement ( renouvellement ( EPR/IMSR / maintenance) de notre parc nucléaire national , discret quant à ses implantations / efficace et efficient tout en supportant de façon plus décidée les investisseurs exploitants et fabricants d' installations de production d' énergie continue et décentralisée :méthaniseurs/mini centrales biomasse en coopératives pour participer à la restauration de l' équilibre en équipement collectif entre villes et campagnes.
En attendant cette nouvelle ère (qui existe chez certains de nos voisins européens , pays de montagne principalement) les soutiens politiques de l'éolien terrestre verront certainement leurs rangs plus que clairsemés au détour des prochaines européennes, municipales et législatives tant les ravages autour de chez ceux qui ont fait et font la beauté des paysages français par leur patient inlassable travail et fréquemment généreuse contribution au maintien du patrimoine national , sont immenses . La colère de la "France périphérique" devient elle aussi , je le constate ,immense

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