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Avis n°248

Isolons, développons les énergies intermittentes au rythme des moyens de stockage et n'arrêtons pas le nucléaire prématurément

Ajouté par Jean-Jacques ANONYMISé (Chatillon), le
[Origine : Site internet]

Tout d'abord, il est vital de faire des économies d'énergie. Et le dossier du maitre d'ouvrage montre bien à quel point les plus grosses économies d'énergie, et les plus rentables financièrement et énergétiquement sont à effectuer dans l'isolation de l'habitat. La majorité du budget dédié à la transition énergétique devrait donc être orientée pour isoler les habitats. Cet argent conduirait à une plus forte réduction des émissions de CO2, une meilleure indépendance énergétique et une meilleure balance commerciale française, plutôt que de subventionner des énergies renouvelables. Donc continuons d'isoler nos maisons, et accélérons fortement dans ce domaine !

Par ailleurs, la nécessité d'équilibrer la production et la consommation électrique, et d'assurer la sécurité d'approvisionnement impose de disposer de moyens pilotables de production ou de consommation électrique. A ce titre, le développement de linky et des réseaux intelligents est une bonne chose, pour mieux maitriser et piloter la consommation.
Du point de vue de la production cela signifie également que les moyens de production électrique intermittents doivent se développer de façon cohérente avec des moyens de stockage de l'électricité (voiture électrique ou biocarburants 2ième génération) ou de pilotage de la demande. La tendance actuelle avec développement d'éolien et photovoltaïque, sans moyen de les stocker, risque de rendre cette production inutile, voire dommageable à la stabilité et l'économie du réseau.
Je suggère donc de conditionner leur développement à la capacité du réseau de les intégrer.

Et de même, tant que les énergies renouvelables n'assurent pas notre consommation électrique, il faut conserver notre parc nucléaire. Il faut construire le parachute avant de sauter de l'avion. Il serait absurde du point de vue émissions de CO2, économique et du point de vue de la sécurité d'approvisionnement énergétique de fermer des réacteurs et d'être obligé de les remplacer par des centrales thermiques, en attendant que les renouvelables prennent le relais.
Si l'on souhaite développer les renouvelables, il faut développer les renouvelables, pas fermer des réacteurs nucléaires.
Les seules raisons valables pour fermer des réacteurs sont des enjeux de sûreté. Il faut laisser l'ASN, en toute indépendance, fermer les réacteurs qui présentent un risque lié à leur vieillissement, et exiger les modernisations nécessaires. Que ses décisions soient souveraines. Mais il faudrait aussi lui faire confiance quand elle annonce qu'un réacteur est sûr et peut continuer son service. Faisons attention à ne pas tomber dans le biais cognitif qui consiste à n'écouter l'ASN que lorsqu'elle veut fermer un réacteur, et ne pas l'écouter lorsqu'elle annonce qu'un réacteur est sûr et peut continuer en toute sûreté de produire, malgré les marchants de peur.

La PPE fixe les objectifs pour les 4 prochaines années. A cet horizon, isolons les habitats, développons le pilotage de la demande et le stockage des énergies non pilotables, et commençons à décarboner les transports. A plus long terme, un mix énergétique idéal serait un mix sans hydrocarbure, avec une part significative de renouvelable. Mais il faut bien un autre moyen pilotable et décarboné pour assurer le complément : le nucléaire est la meilleure technologie disponible aujourd'hui pour ce complément.

Commentaires

Je partage tout à fait la sagesse de l'avis qui précède. C'était d'ailleurs la position prise en 2012 par l'Office Parlementaire de l'Evaluation des Choix Techniques et scientifiques" qui recommandait qu'une baisse du nucléaire ne pouvait être envisagée qu'au fur et à mesure du développement des moyens de stockage de masse de l'électricité à un coût acceptable pour la collectivité.

La question du stockage est exacerbée par les EnRi en raison de leur caractère non pilotable, de leur absence de services au système électrique en matière de réglage de fréquence et de puissance de court circuit nécessaire au démarrage des moteurs de puissance.

Mais la question du stockage s'est toujours posée en raison de la forme de la courbe annuelle et de la courbe journalière de consommation avec 2 pics et des creux.

Il est clair qu'en l'absence de stockage, les électriciens, lorsqu'ils étaient en monopole, devaient garantir la fourniture à la pointe annuelle et journalière.

Pour ce faire, nous avions un parc adapté à la pointe grâce à un empilement de moyens classés par ordre croissant de coût. Le moyen le moins cher étant l'hydraulique au fil de l'eau et les moyens les plus chers étaient les retenues d'altitude et les turbines à combustion de pointe, peu onéreuse en coût d'investissement mais très chère en coût de fonctionnement.

On comprend assez facilement qu'un parc adapté à la pointe est suradapté en énergie annuelle ce qui coûte cher car le coefficient d'usage est inférieur au coefficient de disponibilité.

En France, nous avons la chance d'avoir de l'hydraulique et quelques STEPs qui permettent de passer les pointes journalières. Et comme dans les autres pays, on profite de la période de creux de demande annuel pour faire l'entretien et le rechargement des réacteurs. En outre, le système de chauffage d'eau sanitaire pendant les périodes d'heures creuses permet de déporter de la consommation lors du sous-emploi du parc. En outre, les effacements jour de pointe permettaient d'écrêter les pics de consommation. Enfin, les heures de pointe n'étant pas les mêmes dans tous les pays adjacents, les interconnexions ont permis de minimiser le parc adapté à la pointe.

Mais toutes ces dispositions sont des artifices astucieux pour essayer de ne pas avoir un écart considérable entre le parc adapté à la pointe et le parc suradapté en énergie.

Il est évident que si des dispositifs de stockage inter-saisonnier, à un coût acceptable, avaient existés ils auraient permis de faire coïncider le parc adapté à la pointe et celui adapté en énergie, ce qui aurait représenté une économie substantielle en matière d'investissements qui, dans ce domaine, sont très capitalistiques.

Aussi lorsque je vois toutes sortes de gens qui subitement nous annoncent que le problème du stockage inter-saisonnier, à un coût acceptable pour la collectivité, est un problème trivial qui ne résistera pas à quelques années de R&D, je pense tout simplement qu'ils ne savent pas de quoi ils parlent.

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