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Avis n°381

Justifier la part du nucléaire à 50 %

Ajouté par Claude ANONYMISé (St didier au Mont d'or), le
[Origine : Site internet]
Energie nucléaire

Dans votre synthèse, vous justifiez la baisse du nucléaire par la réduction du risque lié à l'utilisation dominante d'une seule technologie, et vous proposer comme objectif de ramener la part actuelle qui est mesurée en énergie électrique produite de l'ordre de 75 % (72.3 % en 2016) à 50 % dès 2025.
Nous notons que le ministre en charge de la transition écologique et solidaire a déjà reconnu que l'objectif 2025 était inaccessible, et on constate aussi, que dans le dossier annexé à la synthèse du maitre d'ouvrage, où on parle d'objectif réaliste (Fichet CESE), la date à retenir serait plutôt 2035.
Comme dans votre questionnaire, vous laissez le sujet ouvert en demandant au citoyen son avis sur la date, pouvant varier de 2025 à, au delà de 2035, on peut se poser la question de la validité de l'approche spécifique nucléaire. Dès le départ, ce débat serait il orienté vers des objectifs flous, irréalistes et donc faussés ?
Ne faut-il pas reconnaître que la loi relative à la transition énergétique votée en 2015, sur laquelle repose l'essentiel de la démarche en préparation PPE 2018, a répondu en partie à des accords électoraux visant le nucléaire et sa sortie à préparer, et doit être revue non seulement sur la date, mais aussi sur le chiffre des 50 % ?
Faut-il rappeler que lors du DNTE en 2013, dans la trajectoire DEC, un scénario repéré Négatep, mettant la priorité sur le retour à quasi zéro du pétrole pour la mobilité et pour le gaz dans le chauffage, retenait, pour arriver à l'objectif principal facteur 4, un accroissement du nucléaire d'ici 2050, en valeur absolu et aussi un peu en part relative à 80 %, ceci au moindre coût et sans tomber dans la décroissance.
En fait, ramenée au total en énergie primaire, et non pour la seule électricité, cette part du nucléaire est à ce jour de 41 % (Nucléaire 105.1, pour un total de 256.6 Mtep). Mais, ramenée en énergie finale, en sachant que l'électricité en représente 27 %, la part du nucléaire n'est par ailleurs que de 20 %. Est ce vraiment une position dominante, un monopole à dissoudre ?
Avec tous ces données nous sommes en fait, très loin du tout nucléaire, mis en avant comme une menace, conduisant à impérativement le réduire.
Il faut savoir qu'actuellement cette part mesurée en puissance installée électrique est déjà juste en dessous de 50 %, avec 63 GW de nucléaire pour un total de 130.7 GW en total installé toutes sources confondues. En fait la France est arrivée à ce niveau exemplaire, suite à la transition énergétique qui a vu dans les années 80/90, le nucléaire remplacer le charbon. Par plus d'électricité décarbonée dont celle nucléaire, il faut maintenant remplacer le pétrole en mobilité et le gaz en chauffage.
Fort de cette expérience, et réussite pour la baisse de la dépendance aux fossiles et celle des rejets de gaz carbonique (en comparaison à nos voisins comme l'Allemagne, qui par habitant rejette 80 % de plus de gaz carbonique que la France), on ne peut considérer que ceci a été fait sans risque lié à une seule technique, comme indiqué.
Cette technique est très variée, et a évolué en passant au sein de la filière PWR, des 6 réacteurs modèle CPO, aux 28 modèle CPY, aux 20 modèles P4 et P'4, et enfin aux 4 modèle N4, et à venir les EPR. Voici une diversification qui a fait ses preuves depuis 40 ans, validée par le retour d'expérience mondial, avec à ce jour en fonctionnement 279 modèles de technique PWR comme en France et 72 en construction, soit une technique mature, sans aléas potentiels.
La limitation du nucléaire pour répondre aux besoins d'électricité reposerait selon les éléments du dossier sur les renouvelables. Mais comme l'hydraulique est limitée, le plus pour remplacer le nucléaire ne peut venir que des très aléatoires et variables que sont l'éolien et photovoltaïques. Comment peut-on accorder une garantie de continuité de fourniture en sachant que ces sources tombent à une production nulle, ou quasiment nulle régulièrement. Un vrai retour à zéro chaque jour garanti avec le photovoltaïque, et un quasi zéro avec l'éolien au gré des caprices du vent. Comment bâtir une stratégie avec de telles incertitudes. Pour y répondre, nous constatons que dans le dossier est mis en avant la construction de centrales au gaz pour faire face à des variabilités ! Voilà les garanties de limitation des rejets de gaz carboniques oubliées. De même que l'on veut fermer les dernières centrales au charbon, va-t-on interdire la construction de centrales au gaz.

En conséquence la programmation PPE ne peut partir sur les données de la loi LTTE de 2013. Tant, la part des 50 % que sa date d'application doivent être revues, sans omettre l'aspect financier.

Commentaires

Vous avez bien raison de poser le débat en ces termes. Non passionnés, rationnels et informant au juste niveau ceux qui veulent bien l'entendre. Ce choix de réduction forcée de la part du nucléaire est un sacrifice sur l'autel politique pour des considérations électorales. Il est bien dommage que la politique énergétique soit ainsi prise en otage. Elle est stratégique pour un pays et nos responsables politiques doivent faire preuve de responsabilité pas de démagogie sur un tel sujet. Et être responsable, c'est quand même reconnaître l'atout indéniable de l'outil de production basé sur l'énergie nucléaire à des fins électrogène. C'est dit.

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