Vous êtes ici

Question n°206

L'énergie nucléaire sera-t-elle encore rentable dans 20 ou 30 ans ?

Ajouté par olivier ANONYMISé (paris), le
[Origine : Site internet]

Je m'interroge sur le véritable coût de production de l'énergie nucléaire, notamment à l'horizon de 20 ou 30 ans. A ce moment là, les centrales existantes auront pratiquement toutes été arrêtées et il faudra disposer de nouvelles tranches EPR. Il est vraisemblable qu'à cette échéance les normes aient évolué dans le sens d'une plus grande rigueur, que les coûts de retraitement du combustible, du démantèlement et du stockage des déchets aient largement explosé. Il est également probable que l'on ne puisse pas sensiblement baisser le coût de construction et d'exploitation des EPR. Dans ces conditions, le nucléaire sera-t-il encore rentable demain ? Ne risquons-nous pas de gaspiller les richesses de notre pays en voulant persister dans le nucléaire ? Faudra-t-il subventionner le nucléaire comme en Grande Bretagne avec des garanties de prix d'achat ? Est-ce une bonne idée ? Ne serait-il pas plus raisonnable, en termes financiers, d'accepter un peu de CO2 avec quelques unités au gaz naturel (cycles combinés gaz à haut rendement) en complément des ENR ?

Date de la réponse:
Réponse de La maîtrise d’ouvrage, le
Réponse:

Nous vous remercions de votre contribution qui nourrit notre réflexion pour l’élaboration de la Programmation pluriannuelle de l’énergie.

Concernant la question du  coût que vous évoquez :

Selon les méthodes de calcul et les périmètres retenus, le coût de production des centrales nucléaires existantes, qui prend bien en compte les provisions pour le démantèlement, est évalué entre 32 €/MWh et 60 €/MWh.

En ce qui concerne les nouvelles centrales nucléaires, le coût de production est difficile à apprécier en l’absence de référence récente de série technologique comparable en France, mais il est fort probable que leur coût sera supérieur aux centrales nucléaires actuelles. Le prix de rachat de l’électricité garanti par les pouvoirs publics britanniques pour le projet de centrale nucléaire d’Hinkley Point C piloté par EDF est par exemple de 92,5 livres par MWh sur 35 ans (soit environ 110 €/MWh au cours actuel).

La question de l’opportunité du nouveau nucléaire n’est pas économique mais technique : en 2050, le mix énergétique devra être totalement décarboné. La question qui se pose aujourd’hui est si un mix électrique 100 % énergies renouvelables (EnR) est techniquement réalisable du point de vue de la stabilité du réseau. Y a-t-il un niveau maximal d’intégration d’EnR intermittentes dans le mix électrique au-delà duquel la stabilité ne serait plus assurée ? Dans ce cas, quel serait le besoin de nucléaire en complément ? S’il y a un besoin de nucléaire à 2050, comment assurer la pérennité de la filière et le maintien des compétences françaises à cet horizon ?

Concernant la construction de nouveaux cycles combiné gaz, le gouvernement a rappelé que l’évolution de notre système électrique ne devra nécessiter aucun nouveau projet de centrale thermique à combustibles fossiles, ni conduire à une augmentation des émissions de gaz à effet de serre de notre production électrique. Cette option est donc exclue à ce stade.

Le bilan prévisionnel de RTE publié en 2017 montre en effet que des trajectoires ambitieuses de développement des énergies renouvelables électriques sont possibles jusqu’en 2035, sans avoir recours à de nouveaux moyens de production pilotables et en réduisant la part du nucléaire. Il s’agit notamment du scénario « Ampère ». A plus long terme, l’intégration d’un volume plus important d’énergies renouvelables nécessitera de nouvelles solutions de stockage et de flexibilité.