Question n°133
Mix énergétique
le ,Notre approvisionnement énergétique est un problème technico-environnemento-socialo-économique.
Ne pourrait-on pas le traiter de manière rationnelle, par exemple en quantifiant chaque externalité (impacts sanitaires, environnementaux), en les imputant aux acteurs économiques qui en sont responsables via des taxes, et en laissant ces acteurs optimiser leurs actions comme ils l'entendent sur des marchés correctement calibrés ?
Jugez-vous pertinent de forcer EDF à fermer prématurément Fessenheim, sans justification économique, environnementale ou de sûreté ?
Jugez-vous pertinent d'inciter au travers de la RT2012 à l'utilisation du chauffage au gaz ou au fuel au détriment d'une électricité française peu carbonée ?
Jugez-vous pertinent de subventionner l'installation de panneaux photovoltaïques qui tendent à détériorer le bilan carbone de notre électricité comme notre balance commerciale ?
Jugez-vous pertinent de subventionner les véhicules électriques environ dix fois moins que le photovoltaïque alors que le bilan carbone d'un VE est 90% inférieur à celui d'un véhicule thermique équivalent et que que le secteur du transport est le principal émetteur de GES, tandis que le bilan carbone de l'électricité issue d'un panneau PV est généralement (parce que fabriqué en Chine 9 fois sur 10) deux fois pire que celui de l'électricité qu'il est sensé décarboner ?
Jugez-vous pertinent d'autoriser encore le chauffage au fuel alors qu'il existe de nombreuses énergies de remplacement, toutes meilleures pour la planète comme pour notre balance commerciale ?
Jugez-vous pertinent de centrer ce débat autour de la question du nucléaire alors les externalités de cette énergie sont objectivement et quantitativement plus faibles que celles de ses vraies concurrentes, fossiles ?
L'humanité a un problème d'approvisionnement énergétique, de pollution atmosphérique, et de modification du climat du fait de son action. Dans ce cadre, ne pensez-vous pas que le pétrole et le gaz (première et deuxième énergies utilisées par notre pays) soient les énergies dont il faille baisser notre utilisation en priorité, et non le nucléaire ?
Enfin, ne trouvez-vous pas pertinent de mesurer les résultats d'une politique publique, et de la changer lorsqu'elle ne produit pas les effets escomptés ?
Merci d'avance.
Nous vous remercions pour vos avis qui viendront nourrir notre réflexion pour la PPE de 2018.
Sur la rationalité de la décision
L’objectif de la programmation pluriannuelle de l’énergie est de déterminer les priorités du gouvernement afin d’organiser l’atteinte des objectifs fixés par la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte (LTECV) adoptée en 2015. Pour faire sa proposition, le gouvernement fait une analyse multicritères qui prend en compte l’efficacité énergétique, les coûts, les enjeux environnementaux, le développement des filières en France, les emplois, la balance commerciale et plus largement les enjeux macro-économiques. Un système d’orientation et d’incitation en découlera.
Sur la fermeture de centrales nucléaires
La décroissance de la part du nucléaire dans le mix électrique fait partie des objectifs de la LTECV, tout comme le fait d’atteindre 40 % de production d’électricité à partir de renouvelables.
Dans la communication du Conseil des Ministres du 7 novembre 2017, le Gouvernement a rappelé « son attachement à la diversification du mix électrique, qui se traduit par le double objectif d’une baisse à 50 % de la part du nucléaire dans la production d’électricité et d’une forte croissance des énergies renouvelables dont le potentiel économique est désormais démontré ».
Cette diversification permet notamment de renforcer la sécurité d'approvisionnement en électricité.
Ainsi que l'a rappelé à plusieurs reprises l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), il est en effet important de disposer de marges suffisantes dans le système électrique pour faire face à l’éventualité de suspendre simultanément le fonctionnement de plusieurs réacteurs qui présenteraient un défaut générique grave. Un exemple de tel défaut générique est l’anomalie de concentration en carbone de l’acier qui a affecté les générateurs de vapeur de douze réacteurs à l'hiver 2016. Le développement des énergies renouvelables contribue ainsi au renforcement des marges d'approvisionnement susceptibles de pouvoir faire face à de tels événements.
Sur le chauffage aux énergies fossiles
La programmation pluriannuelle de l’énergie doit également organiser la décroissance des consommations d’énergies fossiles. Les enjeux du chauffage individuel vont y être abordés.
Sur les enjeux environnementaux des filières de production d’électricité
Le sujet du facteur d’émission de CO2 de l’électricité est régulièrement débattu et les résultats peuvent très fortement varier en fonction de la méthodologie utilisée. La base carbone de l'Ademe fournit pour chaque année des facteurs moyens et par usage. Cette base de données est utilisée pour les réglementations sur les bilans d'émissions de gaz à effet de serre obligatoires et l'information CO2 transport ainsi que l'expérimentation E+C- sur la performance environnementale des bâtiments.
Les émissions de CO2 du photovoltaïque sont du même ordre de grandeur que les autres énergies renouvelables, de l’ordre de 10 fois moins que les centrales thermiques.
Sur la priorisation des énergies
Il est effectivement parmi les enjeux de la programmation pluriannuelle de l’énergie d’organiser la réduction des énergies fossiles et de s’interroger sur la meilleure utilisation possible des différentes énergies renouvelables. La réponse à cette question va être tirée par la perspective de neutralité carbone à l’horizon 2050. En effet, à 2050, l’énergie devra être totalement décarbonée. Il n’y aura donc plus que :
- De la biomasse sous forme solide (bois), liquide (biocarburants) ou gazeuse (biogaz) ;
- De la chaleur renouvelable (géothermie, pompes à chaleur) ou fatale ;
- De l’électricité non carbonée.
La politique de l’énergie se pose effectivement la question de l’optimisation de l’usage de la ressource rare que sera la biomasse en 2050. La programmation pluriannuelle de l’énergie devra, à partir de la situation actuelle, donner les bons signaux pour orienter le système énergétique dans cette trajectoire à l’horizon 2028.
Dans la perspective de la neutralité carbone à 2050, de nouveaux usages devront être électrifiés car il n’y aura pas assez de biomasse. La pénétration du véhicule électrique répond à cet enjeu.
Commentaires
La MO ne donne toujours pas de raison sérieuse de la "diversific
La Mo justifie les ENR intermittentes par:
" Cette diversification permet notamment de renforcer la sécurité d'approvisionnement en électricité."
Cette réponse est ahurissante. C'est évidemment l'inverse car le solaire et l'éolien fragilisent considérablement la stabilité du réseau par leurs variations rapides.
Et si le nucléaire est déficient, on ne voit pas comment des sources aléatoires pourraient venir à son secours.
Le mix de 50%
Le débat du mix électrique est un faux débat. L'objectif unique est de réduire la production de CO2 par élimination des combustibles fossiles (charbon, lignite, pétrole, fuel, gaz, biocarburant, huile de palme, bois,... bref tout ce qui brûle) ainsi que la production induite (nécessité d'avoir des centrales à gaz supplémentaires à cause de l'intermittence), et ceci, jusqu'à la possibilité d'avoir un stockage massif de l'énergie.
Le seul critère valable est d'éliminer les projets qui produisent du CO2 (directement et indirectement), et donc il faut calculer la mesure de la quantité de CO2 (t/MWh) effectivement gagnée, ceci dans le contexte français.
Tous les propos fumeux du 50% , ou plus, ou moins, ne tiennent pas compte de ce critère, dans ce contexte la PPE qui en résultera sera aussi inefficace que la précédente. C'est mathématique, et c'est la raison qui pousse les Verts à parler en moyens et non en objectifs de réduction réelle des quantités de C02.
Mauvais exemple
Suite au commentaire du MO:
Dans la communication du Conseil des Ministres du 7 novembre 2017, le Gouvernement a rappelé « son attachement à la diversification du mix électrique, qui se traduit par le double objectif d’une baisse à 50 % de la part du nucléaire dans la production d’électricité et d’une forte croissance des énergies renouvelables dont le potentiel économique est désormais démontré ».
Commentaire : aucun de ces éléments ne permettra de réduire la production de CO2 en France!!
La question de base concerne le réchauffement climatique de la planète , et donc la nouvelle PPE va (encore) aggraver la situation en France. Les résultats (dans 5 ans) de surproduction de CO2 le montreront....
La France montre le mauvais exemple.
MARGES D'APPROVISIONNEMENT
la MO dit : " Le développement des énergies renouvelables contribue ainsi au renforcement des marges d'approvisionnement susceptibles de pouvoir faire face à de tels événements". Mais ces renouvelables là (éolien et solaire), qu'il promeut fortement, ne peuvent être une marge d'approvisionnement dès lors que ce sont des énergies intermittentes, donc pas forcément disponibles au moment où l'on en a besoin.
La MO persiste à fournir une réponse qui ne tient pas la route
Pour expliquer la fin de Fessenheim et la baisse du nucléaire à 50%, la MO dit ceci :
"Pour faire sa proposition, le gouvernement fait une analyse multicritères qui prend en compte l’efficacité énergétique, les coûts, les enjeux environnementaux, le développement des filières en France, les emplois, la balance commerciale et plus largement les enjeux macro-économiques."
Pour chacun de ces critères, l'impact du nucléaire est soit neutre, soit positif :
- Coûts directs et systémiques faibles (plus faibles que ceux des énergies proposées en remplacement
- Très forte part de la filière localisée en France (largement plus que les énergies proposées en remplacement)
- Impacts environnementaux particulièrement faibles, impact très positif sur la balance commerciale, etc (et dans tous les cas égaux ou meilleurs que ceux de l'éolien et du solaire, que la MO promeut pourtant en remplacement)
Cela n'explique donc pas pourquoi l'Etat ferme prématurément Fessenheim et planifie la baisse du nucléaire.