Avis n°298
Mon avis sur la part du nucléaire dans le Mix
le ,Vouloir limiter en pourcentage la part de la production du nucléaire me parait étrange pour ne pas dire plus. En effet, la production elle-même est une donnée constamment variable : par exemple pour une nuit d'été, la consommation nécessaire peut descendre à 30000 MW et un soir d'hiver dépasser 100000 MW ! Surtout la part de production des différentes sources à la production globale d'électricité dépend non seulement des circonstances mais aussi de la volonté du dispatching. La nuit, le photovoltaïque, quelle que soit sa puissance installée, est nulle et le vent peut être très abondant à un instant donné et tombé une heure plus tard localement ou dans toute l'Europe.
De ce fait la part du nucléaire dans la production varie dans des proportions importantes. Le 13 aout 2017 par exemple à 5 h du matin, la production nucléaire était (chiffre RTE) de 34518 MW pour une consommation de 30199 MW, soit plus de 100% ! Rassurez vous la part du nucléaire dans la production française n'était cependant que de 84,5% car 10240 MW (soit 25%) étaient consacrés à l'exportation et au stockage (STEP).
Le 28 février 2018, en revanche, où la consommation a atteint à 19 h30, 96609 MW alors que la production française totale toute énergie confondue n'était que de 91578 MW ; un recours à l'importation de 5044 MW fut donc nécessaire. La part du nucléaire était pourtant à ce moment de 53% soit pratiquement la valeur à laquelle on veut la limiter !
Aux mêmes moments, les parts de productions des énergies intermittentes étaient le 13/08/17 de 2,5% pour l'éolien et 0 pour le photovoltaïque ce qui ne représentent que 5% de la puissance installée de ce type d'énergie ; le 28/02/18 la part de l'éolien était de de 11 % avec toujours une contribution nulle pour le photovoltaïque. Il est donc clair qu'on ne peut donc compter sur ces types d'énergie en raison de leur intermittence.
On voit qu'inscrire dans une loi qui inspire la rigueur, un principe fluctuant et vague est un peu contradictoire. Doit-on prendre en compte, par exemple les exportations et les stations de pompage ayant utilisé l'électricité nucléaire dans le calcul du pourcentage ou se baser sur le seul besoin ?
Il est bien entendu beaucoup plus logique quand on veut limiter quelque chose, d'appliquer des pourcentages sur des entités stables. Si donc on tient absolument à limiter l'importance du nucléaire, il vaut mieux appliquer une limite à la puissance installée. Mais là surprise le pourcentage du nucléaire n'est que de 48.6% de la puissance installée, toute énergie confondue en France. Bien entendu cela n'empêche pas de vouloir quand même réduire ce dernier pourcentage par la loi.
Mais observons d'abord que le maximum de consommation en France a dépassé au moins une fois 102 GW. Certes la puissance installée en France est de 129,8 GW et peut sembler suffisante. Mais d'une part nous avons vu qu'il ne faut trop pas compter sur l'éolien et encore moins sur le photovoltaïque qui peuvent être faible ou absent au moment des pointes de consommation. Les « énergies programmables » seules représentent 108,8 GW ce qui laisse très peu de marge, des installations pouvant être en panne, en révision, en rechargement... C'est une réalité qui s'est produite, nous venons de le voir, entre autres le 28 février dernier période pendant laquelle nous avons eu besoin d'importer de l'électricité pour répondre à la demande. De plus dans les années qui viennent, la demande d'électricité va probablement augmenter (même si la consommation énergétique globale par habitant diminue ) surtout si les véhicules électriques se développent. Pourquoi aussi faudrait-il limiter nos possibilités d'exportation ?
Réduire le nucléaire, impliquerait donc l'augmentation des autres sources d'énergies ou la dépendance de l'étranger. Mais les importations coûtent chères au moment où on en a besoin (pendant les pointes de consommations) et ne seront peut-être pas toujours disponibles.
Nous venons de voir qu'augmenter les capacités installées de photovoltaïque ne sert pas à grand-chose et même l'éolien est trop imprévisible. Les possibilités de développement de l'hydraulique et des bioénergies étant paraît-il limitées, le charbon et le pétrole étant à réserver à d'autres usages, il ne reste que le recours au gaz qui permet de répondre très vite à la demande mais qui affectera le bilan carbon ; dans ce cas il sera nécessaire de limiter l'éolien et le photovoltaïque que les réseaux sont obligés de prendre souvent à des moments où il vaudrait mieux s'en passer et qui détériorent alors artificiellement la rentabilité des autres sources et principalement du gaz (Cf. L'Allemagne) sans que cela ne profite, bien au contraire, au porte-monnaie des consommateurs.
Pour ma part, j'estime que la solution la plus raisonnable serait de limiter le nucléaire à la puissance installée actuelle (≈63000 ±2000 MW), d'augmenter la part du gaz, de l'hydraulique (STEP) et si possible de la géothermie et des bioénergies. La proportion de nucléaire diminuerait alors naturellement. Ces chiffres pouvant être réactualisés en fonction des évolutions des techniques et de la demande bien entendu.