Avis n°130
Ne prenons pas le risque de la pénurie électrique
le ,Si les moyens de production électriques s'avèrent insuffisants par rapport à la demande, graduellement les conséquences seront l'augmentation des importations (diminution de l'indépendance nationale avec des pays voisins qui peuvent être dans une situation similaire), l'explosion des prix (injustice sociale et verrou pour le développement industriel), la dégradation de la qualité de fourniture (non maintien de la fréquence électrique avec dégradation des appareils des usagers), des blackouts répétés (crise sociale et économique)... Pour éviter cela, l'estimation du volume des moyens nécessaires doit être anticipée, c'est le but de la PPE, mais elle doit aussi prévoir des marges de sécurité et des majorants permettant la réindustrialisation du pays et la diminution des inégalités sociales si les décideurs politiques le veulent. Le manque est pire que l'excès.
Les trajectoires RTE non robustes
Le gouvernement, dans son DMO, se réfère aux scénarios Ampère et Volt de RTE. Ceux-ci ne sont pas acceptables comme référence car ils définissent deux trajectoires de consommation électrique non encadrantes, d'ici 2035. Ces trajectoires considèrent des hypothèses, discutables et non totalement publiées, pour définir ces deux lignes de la demande électrique. RTE calcule des marges de sécurité pour la production mais pas pour la demande. Alors que l'électromobilité et la digitalisation sont à l'ordre du jour, RTE fait l'hypothèse que cet accroissement de la demande sera compensé par des ruptures technologiques hypothétiques et ne considère pas l'impact du développement du ferroviaire et des fabrications liées à la transition énergétique. Il est aussi à noter que les scénarios 2035 de RTE publiés en 2017 dans le même rapport que le bilan prévisionnel 2025 ne sont pas de même nature.
Divers autres scénarios ont été publiés ou circulent.
Il y a d'abord les scénarios (AME et AMS2+) de la Direction générale de l'énergie et du climat (DGEC) du ministère qui devaient être mis à jour mais n'ont pas été, à ce jour, du tout publiés. Les calculs sous-jacents des versions antérieures n'ont d'ailleurs pas été intégralement publiés, ce qui pour des scénarios officiels est un problème en soi. On peut quand même constater que des hypothèses considérées pour la consommation électrique dans ces scénarios diffèrent de celles retenues par RTE, ce qui souligne la nécessiter de rajouter des marges sur la demande aux scénarios RTE (ce que semble avoir fait EDF).
Ensuite, il y a le scénario ADEME 2050 qui reprend nombre d'hypothèses comportementales et décroissantes du scénario négaWatt© que je considère socialement ni souhaitables, ni réalistes et qui impliqueraient beaucoup de coercition pour que la population rentre dans le cadre. Dans le volet moyens de production, dans lequel l'ADEME parle d'ENR à 100% en 2050, l'agence a fait une étude, dixit, « ex-nihilo », c'est-à-dire sans tenir compte du parc existant. Elle ne tient pas compte, non plus, de la limite d'intégration des énergies renouvelables intermittentes (ENRi) dans son mix.
Ils existent aussi des scénarios universitaires, comme celui de l'ANCRE, qui ont le méritent d'être totalement publiés.
Chiche, retravaillons les scénarios considérés
Dans le DMO, il est écrit « Le gouvernement sera à l'écoute des retours du public sur les variantes de ces scénarios qui permettraient d'atteindre les objectifs de la politique énergétique ». Premièrement, on verra s'il tient parole et si le présent débat public permettra d'ajouter des marges de sécurité. Deuxièmement, les objectifs de la loi TECV de 2015 sont incompatibles entre eux (sécurité d'approvisionnement, prix de l'énergie compétitif, lutte contre l'effet de serre, baisse du nucléaire à 50 %, cohésion sociale, lutte contre la précarité énergétique...) et donc il va falloir choisir.
Commentaires
Ne prenons pas le risque d'un Fukushima en France
Les scénarios RTE ne prennent pas en compte le risque nucléaire (accident, déchets radioactifs avec des conséquences dans toute l'Europe) ni le coût réel du nucléaire (gestion des accidents, gestion du démantèlement et du stockage sur les centaines de milliers d'années). Il sont donc incomplets et n'ont donc aucun sens (insignifiants et insensés). À quoi bon faire tourner des ordinateurs et des modèles si les paramètres que l'on rentre dedans sont faux (incomplets, biaisés) ? Le résultat obtenu ne pourra que refléter une incomplétude, un certain parti-pris idéologique basé sur la fuite en avant et le déni pour pouvoir continuer comme avant pour, surtout, ne rien changer (dumping environnemental et social, croissance sale infinie dans un monde fini et profit immédiat pour les intérêts privés au détriment de la collectivité). Nous devons remettre l'homme au centre du système en privilégiant sa santé et la biodiversité. Il n'y a pas de planète B. J'aime trop mon Pays pour prendre le risque qu'il soit rayé de la carte.
Pourquoi vouloir absolument réduire le Nucléaire?
D'accord avec le premier commentaire. Pourquoi vouloir autant réduire la base stable nucléaire ? A cause de leur intermittence, et de leur faible densité surfacique, l'Eolien et le solaire ne pourront jamais satisfaire le niveau d'énergie requis pour le développement de nos sociétés modernes. Autant il est souhaitable de réduire autant que possible les énergies fossiles à cause de l'impact climatique, autant c'est une folie de priver le France de son acquis dans l'énergie nucléaire, qui devra, dans le futur, forcément jouer un rôle. Oui pour une proportion réaliste socialement de solaire et d'éolien, sans se ruiner en investissements dans des matériels presque totalement importés. La France ne doit pas oublier le rôle joué par le nucléaire actuel dans sa croissance économique ! S'il est légitime d'être inquiet de la sécurité nucléaire, et aussi des déchets générés, il ne faut pas pour autant jeter le bébé avec l'eau du bain ! Il y à d'autres solutions possibles nucléaires plus vertes et plus sures à développer, et il est urgent d'y travailler si nous ne voulons pas plus tard acheter la technologie en Chine ! Alors intégrons l'arrivée de ces nouvelles technologies dans les plans d'investissement.
Le développement de la France au XXe Siècle tient au fait que nous étions en pointe dans les nouvelles technologies. Restons y ! ayons confiance dans la qualité de nos ingénieurs.
Je trouve incroyable cet acharnement des rapports officiels (ADEME, NegaWatt, PPE,) à considérer presque comme un préalable le refus d'utiliser l'énergie nucléaire qui devrait pourtant être l'objectif à atteindre sous une forme sure et propre, en attendant la Fusion nucléaire qui arrivera inévitablement au siècle prochain.
Je suis retraité, spécialiste télécoms, non affilié du tout au monde nucléaire, mais physicien de formation, et choqué de voir, comme beaucoup de mes amis, à quel point la comparaison des énergies éoliennes, solaires, et nucléaires ignore les notions de densité énergétique. Savez vous, par exemple qu'une éolienne typique, de 5MW, ne pourrait alimenter en une année, que 100 voitures électriques roulant 15000Kms à 80km/H en moyenne. Sans compter le stockage ! et nous avons 35 M de voitures particulières à alimenter , sans compter les transports ! faudrait-il installer 350.000 éoliennes sur le territoire ?? De grâce, prenons en compte la densité énergétique !
Clairement, on ne peut pas à la fois renoncer aux énergies fossiles et nucléaires, et conserver notre niveau de société moderne avec les seules énergies solaires et éoliennes.
Il faut être réaliste et ne pas prendre des directions qui nous laisseront "sur place" d'ici quelques années
D'accord avec vous sur les doutes à avoir ...
... vis à vis des scénarios qui intègrent une forte proportion de renouvelables intermittents (Négawatt, ADEME).
Ils reposent sur des simulations complexes et des modèles probabilistiques fiables de production éolien et solaire.
Les calculs détaillés de Négawatt n'étant pas publiés, il est impossible de les jauger.
Par contre, quand on trace les monotones de production de l'éolien terrestre de l'étude de l'ADEME avec des statistiques réelles, on remarque que leur modèle est un peu optimiste :
Données RTE : http://www.rte-france.com/fr/eco2mix/eco2mix-telechargement
Données de l'étude de l'ADEME : http://www.ademe.fr/mix-electrique-100-renouvelable-analyses-optimisations
C'est une folie d'accepter le risque de Fukushima en France
N'oubliez pas la biomasse (biogaz par exemple). Il faut aussi taxer le CO2 et la pollution en général (nucléaire en particulier) et faire des lois pour l'interdire, autant que faire se peut, pour protéger la santé (faire des économies et en faire faire à la sécurité sociale), économiser l'énergie et promouvoir les circuits courts et l'autoproduction d'énergie en local (création d'emplois non délocalisables). Retarder la sortie du nucléaire est une fuite en avant qui nous fera, non seulement risquer un accident très grave, capable de nous anéantir, mais aussi rater le train des renouvelables et du changement de paradigme économique et énergétique faisant passer de la croissance sale et infinie dans un monde fini (contraire aux lois de la physique) pour le profit et l'argent vers plus de sobriété, plus de sécurité et de respect da la vie, de la nature et de la biodiversité, en remettant l'homme au centre du système.
La fragilité des scénarios du RTE
Je partage votre point de vue sur la fragilité des scénarios du RTE qui s'appuient sur des évolutions de consommation qui n'ont qu'un caractère hypothétique, qui sont contestables et contestées.
Or il est plus facile d'arrêter un moyen de production que d'en construire un lorsque le besoin se fait sentir.