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Avis n°36

La solidarité à l'heure de l'autoconsommation

Ajouté par 2480 (MONTGE EN GOELE), le
[Origine : Site internet]
Equité énergétique

On lit de plus en plus d'études qui montrent l'autoconsommation comme une sorte d'économie circulaire, vertueuse et écologique. Ce qui me questionne est plus la gestion de la solidarité dans ce modèle très "nombriliste" : le modèle allemand nous montre aujourd'hui l'opposition entre un "riche" propriétaire d'un grand pavillon, pouvant s'équiper en panneaux solaires et de facto ne payant presque plus de taxes sur l'électricité ni la maintenance du réseau (alors qu'il continue d'en bénéficier lorsqu'il n'y a pas de soleil), et de l'autre le locataire d'un appartement "HLM" qui doit acheter toute son électricité (y compris les taxes pour le financement des panneaux solaires du premier). Cela questionne notre modèle européen, basé sur la hausse des capacités d’interconnexion, afin de pouvoir palier au défaut de stockage de l'électricité, en foisonnant au maximum les consommations.

Commentaires

On constate de plus en plus une volonté croissante du consommateur de consommer local. Lorsque cette mode vise la consommation d'électricité, cette volonté est certainement largement sous-tendue par une idéologie d'essence individualiste qui tend à rejeter le centralisé et à survaloriser le local mais aussi par un leurre qui est que le local serait mieux et moins cher. En effet, si consommer local semble tout à fait justifié pour des fruits et des légumes qu'il est, comme pour tout produit relativement pondéreux, périssable et de faible valeur, absurde d'aller chercher à l'autre bout du monde, l'étendre à l'électricité semble à la fois injustifié, ridicule et faire preuve d'une méconnaissance totale du fonctionnement d'un réseau électrique où, même si le consommateur est client d'un producteur éloigné, les électrons qui l'alimentent sont à la fois "produits" par le producteur le plus proche possible et tous de même qualité (il n'y a pas de bio et de pesticides en matière de production d'électricité!). L'intérêt pour l'autoconsommation repose par conséquent sur une double tromperie sur le coût et sur la qualité. En ce qui concerne le coût, il n'y a pas besoin de grande démonstration. Celui-ci est constitué de 3 facteurs qui s'additionnent, 1/3 coût de production, 1/3 coût de transport et de distribution et 1/3 de taxes. Concernant le 1er tiers, l'électricité produite par des panneaux photovoltaïques individuels est au moins deux fois plus chère que le coût moyen du marché (40 €/MWh) et de toute façon, comme les panneaux ne produisent que 15 % du temps à pleine puissance, le client devra acheter 85 % de son électricité sur le marché ou s'équiper de batteries fort couteuses et d'entretien délicat. Comme le client a besoin d'une alimentation de secours, le deuxième tiers devrait être incompressible ce qui n’est pas vrai aujourd’hui car ce service est facturé au kWh livré et, effectivement, l’auto-consommateur utilise le même service qu’un autre consommateur en payant moins, ce qui peut remettre en cause le modèle économique des gestionnaires de réseau. Enfin, le montant des taxes étant calculé sur l'énergie délivrée au compteur, le client devra en payer de toute façon 85 % et, si l'autoconsommation a beaucoup de succès, il y a fort à parier que ceux qui profitent de ces taxes trouveront un moyen pour en conserver le produit même si l'énergie délivrée chute fortement. Enfin, concernant la qualité, on sait qu'en un point du territoire, elle est la même pour tous et dépend du réseau quel que soit le producteur.

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