Question n°149
Compréhension de la PPE
, leJe comprends que la réduction des gaz à effet de serre est nécessaire pour lutter contre le réchauffement climatique. Vous demandez que les avis soient argumentés et je souscris à cette demande. Dans cet esprit, dans la documentation qui présente la PPE, je n'ai pas vu (mais cela a pu m'échapper) l'argumentation qui conduit à réduire de manière importante la production d'électricité d'origine nucléaire. Pourrait-on connaître ce qui justifie cette position ?
Dans la communication du Conseil des Ministres du 7 novembre 2017, le Gouvernement a rappelé « son attachement à la diversification du mix électrique, qui se traduit par le double objectif d’une baisse à 50 % de la part du nucléaire dans la production d’électricité et d’une forte croissance des énergies renouvelables dont le potentiel économique est désormais démontré ».
Le développement des énergies renouvelables doit ainsi être apprécié au regard de la diversification du système électrique. La diversification du mix électrique a en effet vocation à renforcer la sécurité d'approvisionnement. Ainsi que l'a rappelé à plusieurs reprises l'Autorité de Sûreté Nucléaire, il est en effet important de disposer de marges suffisantes dans le système électrique pour faire face à l’éventualité de suspendre simultanément le fonctionnement de plusieurs réacteurs qui présenteraient un défaut générique grave. Un exemple de tel défaut générique est l’anomalie de concentration en carbone de l’acier qui a affecté les générateurs de vapeur de douze réacteurs à l'hiver 2016.
Le développement des énergies renouvelables contribue ainsi au renforcement des marges d'approvisionnement susceptibles de pouvoir palier à de tels événements, dont l'impact sur l'équilibre du système électrique est susceptible de diminuer à la mesure de la réduction de la part du nucléaire dans le mix électrique.
Les enjeux des différentes solutions de production d'électricité en matière de sécurité d'approvisionnement sont également multiples :
• D’une part, la baisse de la part du nucléaire dans le mix électrique permet de réduire le risque lié à l’utilisation dominante d’une seule technologie et les conséquences qu’auraient des dysfonctionnements éventuels de cette technologie ;
• D’autre part, l’intermittence des énergies renouvelables peut être un élément de fragilisation de la sécurité d'approvisionnement ; la question de l'équilibre entre offre et demande se posant en raison du décalage entre les pics de consommation et les pics de production renouvelable, ce qui soulève également la question du développement des solutions de stockage.
Le mix électrique doit ainsi être pensé en termes de complémentarité entre l’ensemble des moyens de production.
Réponse du Maître d'Ouvrage
Votre réponse n’apporte pas une réelle argumentation :
-1- « ….croissance des énergies renouvelables dont le potentiel économique est désormais démontré ». Cette affirmation gouvernementale n’est pas argumentée, elle est même contredite par les documentations mises à disposition. Ainsi, le rapport de la cour des comptes (Le soutien aux énergies renouvelables-mars 2018-) évalue le coût des ENR associées aux objectifs de la PPE entre 95 €/MW.h et 220 €/MW.h suivant les modes de production, hors coût de gestion et d’aménagement du réseau et hors démantèlement. Par ailleurs, la cour des comptes estime le coût de production nucléaire entre 56.4 et 61.6 €/MW.h (coût complet) pour une durée de vie de 40 ou 50 ans. Quand on sait que cette durée de vie est de 60 ans voire plus et que EdF a l’obligation de vendre une partie de sa production nucléaire aux entrants sur le marché à 48 €/MW.h, on comprend que le chemin est encore long pour que les ENR soient compétitives. La taxe CSPE n’a pas fini d’augmenter.
-2- Vous dites que « , la baisse de la part du nucléaire dans le mix électrique permet de réduire le risque lié à l’utilisation dominante d’une seule technologie et les conséquences qu’auraient des dysfonctionnements éventuels de cette technologie ».
Or depuis 30 ans, la production nucléaire n’a pas montré de défaillance mettant en jeu la sécurité d’approvisionnement, même quand l’autorité de sûreté a demandé de vastes contrôles sur l’acier des générateurs de vapeur. La sûreté des installations nucléaires est en constant progrès (c’est inhérent à la démarche de sûreté) et le vaste programme de mise à niveau et de renforcement (dénommé « grand carénage ») est déjà largement engagé.
-3- Par contre, vous reconnaissez que « l’intermittence des énergies renouvelables peut être un élément de fragilisation de la sécurité d'approvisionnement ». La sécurité du réseau nécessite effectivement une étude sérieuse des difficultés posées par la variabilité des ENR.
La conclusion d’un maître d’ouvrage responsable serait de jouer sur la complémentarité entre les énergie nucléaire et ENR sans abîmer un outil industriel sûre, performant et économique qui aide à lutter contre le réchauffement climatique.