Avis n°320
L'acceptabilité du nucléaire
le ,Le 7 mai, j'ai déposé un avis dans lequel je spécifiais qu'il fallait éviter de parler en pourcentage surtout quand on avait affaire à des entités variables et je préconisais qu'il fallait conserver la capacité actuelle (en puissance installée donc 63 GW) du nucléaire. Mais je n'avais pas aborder un point important c'est l'acceptabilité par le public de ce type d'énergie, condition sine qua non. On peut se demander pourquoi l'acceptabilité du nucléaire est souvent mauvaise.
Bien entendu parce qu'il fait peur. Il y a d'abord « le péché original » d'Hiroshima /Nagasaki et l'amalgame nucléaire militaire/nucléaire civil, a malheureusement toujours cours même si ce sont les effets thermiques et mécaniques qui sont les principaux responsables des décès dus aux explosions atomiques. Mais, à juste titre, les effets dus aux « radiations » (inconnus à l'époque) ont marqué les esprits en raison du fait que les rayonnements sont invisibles et aussi parce qu'ils apparaissent à retardements des jours, des mois, des années après l'explosion selon les symptômes. La radioactivité et les rayonnements sont donc à la base de la peur et du rejet du nucléaire.
A très forte dose en cas d'explosion atomique ou pour ceux qui sont en première ligne lors d'un accident nucléaire, les effets se manifestent rapidement : au-dessus de 4 Sv la mort est probable à plus de 50% et la situation est catastrophique si de nombreuses personnes sont concernées ; pour des doses supérieures à 1 Sv, des symptômes physiques apparaissent dans les jours et semaines qui suivent l'évènement. En dessous mais au-dessus d'un seuil (voisin de 0,1 Sv), des effets peuvent apparaître après un temps d'incubation de plusieurs années. Ces effets sont, certes, graves pour la santé (cancers, leucémies) mais pas plus que les agressions classiques (UV, tabac, radicaux libres, stress...) et de manière très comparable à celles-ci.
Peu de gens savent que la source d'énergie électrique qui fait le moins de mort par kWh produits est le nucléaire comme indiqué dans la référence suivante http://www.forbes.com/sites/jamesconca/2012/06/10/energys-deathprint-a-p...).
Mais prenons le cas de Fukushima daichi, centrale sur la quelle, l'évènement le plus grave qui peut se produire sur un réacteur nucléaire (correspondant à la perte simultanée du caloporteur donc du refroidissement et de l'alimentation électrique) est arrivé. De plus ce n'est pas 1 mais 4 réacteurs qui ont été concernés. Nous sommes 7 ans après le tremblement de terre de force 9 et du Tsunami millénaire qui a fait près de 30000 mort au Japon. En revanche, aujourd'hui, aucun mort à Fukushima ou aux alentours ni même chez les travailleurs de TEPCO, ne peut être relié directement à l'irradiation ou à la contamination par les produits radioactifs. Certes, en ce qui concerne les effets stochastiques (cancers, leucémies...) nous l'avons dit, il existe un temps de latence de plusieurs années avant que la maladie se développe. Mais pour les des 2 techniciens de TEPCO les plus exposés le risque supplémentaire de mourir dans les années qui viennent est voisin de celui d'un individu déplacé d'un petit village de la campagne vers une mégalopole comme Tokyo, Yokohama ou Osaka (l'accroissement du risque de mortalité est, en effet, dans ce cas de 2,8%) ; il est aussi le même que celui d'un individu ayant fumé 12 cigarettes par jour pendant 10 ans. Même si nous n'oublions pas les désagréments et les impacts sur la santé, consécutifs aux évacuations de certains territoires sur de longues durée, il faut relativiser cette menace qui est réelle mais n'existe qu'en cas d'accident grave.
Remarquons par ailleurs que le parc français correspond à plus de 1900 ans d'années réacteurs et sur les réacteurs actuels aucun accident grave n'a été constaté ; l'accident le plus sévère (niveau 4 sur l'échelle INES, soit un accident n'entrainant pas de risque important hors du site, s'était produit sur un réacteur de la filière UNGG aujourd'hui abandonnée. Sur les réacteurs REP actuels les incidents n'ont pas dépassé le niveau 3 jusqu'à présent (un seul incident de ce niveau sur Graveline en 1989 n'ayant eu in fine aucune conséquence).
Reste à parler des déchets, ce que je ferai dans mon prochain avis.