A Flamanville, des participants pronucléaires inquiets pour l'avenir
A Flamanville une soixantaine de personnes, des élus mais aussi des salariés de la centrale ou de la Hague ont assisté à la rencontre du débat public coorganisée par la commission du débat public et l’Arcicen*. La commission était représentée par Jacques Archimbaud qui a présenté le débat et dit quelques mots de conclusion.
Public évidemment convaincu des bienfaits du nucléaire, les opposants du CRILAN ayant préféré se tenir à la porte de la réunion pour distribuer un tract rappelant leurs positions constantes et leur opposition à l’EPR, critiquant aussi le débat public réduit selon eux à une discussion tronquée entre des solutions ayant toutes en commun de retarder l’échéance d’un recul de la part du nucléaire. A noter aussi l’absence de tout représentant de l’Etat pourtant sollicité par les organisateurs pour cette réunion.
Le propos commun des intervenants fut de rappeler la place incontournable à leurs yeux du nucléaire dans la production d’électricité décarbonée mais au-delà dans l’industrie, l’économie, l’emploi et la recherche de notre pays.
EDF a rappelé sa stratégie exprimée dans son cahier d’acteur. Celle-ci considère comme irremplaçable la place du nucléaire dans la production d’électricité. Pour EDF il faut prolonger la durée de vie des centrales existantes chaque fois que cela sera possible, et rééquilibrer le mix électrique au fur et à mesure de la montée en puissance des énergies renouvelables. Sa préférence au total va plutôt à un mix électrique à 50% de nucléaire à l’horizon 2035.
Mais les convictions fortes n’empêchent pas les inquiétudes et parfois la colère.
Les intervenants élus ont tous rappelé la façon dont leurs populations avaient historiquement accepté les risques de l’implantation à leurs portes de centrales sur leurs territoires et comment d’une certaine façon ils étaient amers de voir la façon dont ils étaient traités aujourd’hui.
Inquiétudes des maires, en particulier celui de Fessenheim devant la perspective de fermetures annoncées sans que de vraies solutions de conversion des bassins d’emploi ne soient clairement trouvées aujourd’hui.
Inquiétudes face à des arbitrages auxquels ils ont le sentiment d’être insuffisamment associés.
Colère des salariés aussi devant l’idée que la seule perspective pour eux soit de déconstruire leur propre outil de travail et de fierté.
Les syndicalistes de la CGT ont au passage rappelé leur attachement au service public de l’énergie, et souligné comment le recours parfois excessif à la sous-traitance pouvait parfois mettre en cause le haut niveau de sécurité auquel ils sont, comme tout le monde, profondément attachés.
Au fond, la réunion a mis aussi en évidence la nécessité d’anticiper et de penser sur des temps longs, de mobiliser les acteurs locaux dans une véritable stratégie de diversification alors que l’Etat a perdu la capacité d’aménageur qui était la sienne au moment du lancement du programme électronucléaire.
L’intégralité de l’après-midi a été filmée et sera mise en ligne avant la fin du débat.
* ARCICEN : Association des représentants des communes et des groupements de communes d’implantation de Centrales et sites de production d’énergie nucléaire, de stockage et de traitement des combustibles
27/05/2018