Avis n°353
Notes importantes sur les prévisions et gisement éolien proposés par RTE et l'Ademe
le ,1. Les chiffres proposés par les scenarii de RTE donnent des prévisions du nombre d'éoliennes terrestres en 2035 à partir d'éoliennes de 3,63MW, éoliennes qui n'existent pas encore, voir plus bas.
Sauf pour Ohm qui s'appuie sur des éoliennes de 2,85MW, mais il n'y a pas, semble-t-il, d'explication à cette exception.
Exemple pour Ampère : 52GW installés pour 14300 éoliennes terrestres.
Voir page 2 ici : https://www.rte-france.com/sites/default/files/bp2017_chapitre_06.pdf
Plus précisément : 52000MW / 14300 éoliennes = 3,63MW par éolienne.
Hors, si nous devions parvenir à cette puissance aujourd'hui avec des éoliennes de la taille moyenne actuelle, soit de 2MW, le nombre de mâts devrait être de 26000 éoliennes terrestres, et non plus de 14300...
Il est dommageable pour une bonne information (tant du public, que des politiques) que RTE s'appuie sur de telles puissances par mâts, puisque pour le moment ces éoliennes n'existent pas encore. Pas tout à fait...
En effet, l'éolienne la plus puissante est apparement en Allemagne et fait 3,4MW.
Il faut toutefois noter qu'elle mesure 264 mètres en bout de pales, et il semble très incertain que beaucoup de riverains accepteront de tels monstres à 500m de leur habitation...
L'acceptabilité sera donc d'autant plus difficile si nous devons en installer près de 15000 en France, soit plus du double de ce qu'accueille actuellement le pays.
Par ailleurs, les normes de sécurité vis à vis des routes resteront les mêmes, et ces éoliennes géantes nécessitant également un plus grand espacement entre les mâts, les zones accueillant des éoliennes terrestres devront être plus grandes.
Ce qui impliquera nécessairement un certain mitage du territoire, d'autant que leur impact visuel sera perceptible d'une plus grande distance.
En bref ces chiffres semblent assez peu réalistes ou tout au moins très excessifs...
2. Une surestimation que l'on retrouve également dans le gisement évalué par l'Ademe dans cette étude : http://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/annexe_eolienpv...
Cette étude a très largement surestimée la capacité éolienne de notre pays pour plusieurs raisons :
- Les zones favorables : Celle-ci estime possible le développement de l’éolien sur « de nombreux territoires aux surfaces variées ».
Pages 23 et 24 : elle considère que forets, marais salants et marais intérieurs sont des zones favorables à l’éolien et n’exclue pas non plus, semble-t-il, les trames vertes. Hors, si certaines de ces zones sont peu attractives, il a été également démontré depuis, que le déploiement de l’éolien au sein de ces zones sensibles a des impacts substantiels.
La surface favorable y est donc largement surestimée, puisque les forêts représentent à elles seules 32% de la surface totale favorable, et il est peu probable (j'espère) que le gouvernement envisage de développer des parcs éolien au sein de la totalité des forets françaises.
- Cette étude contient une hypothèse qui s'est révélée fausse : elle souligne page 33 : « Une hypothèse importante dans notre démarche vient de ce que l'on suppose dans (le calcul du gisement de surface) que les zones jugées acceptables et celles au potentiel attractif concordent parfaitement (i.e. sont géographiquement inclues l'une dans l'autre). » ce qui dans les faits n’est pas le cas. Il suffit de comparer les cartes présentées en p.37 avec la carte du développement éolien actuel sur http://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/publicationweb/80 pour le constater.
- Et dernier point, cette étude s'appuie sur des chiffres de départ très surestimés : en page 33, sont données les valeurs retenues afin d’évaluer le gisement en capacité installable : qui sont de 8W/m2 pour des éoliennes d’anciennes génération et de 5,3W/m2 pour des éoliennes de nouvelle génération.
Ce qui donne par carré de 10km2, avec la valeur de 8W/m2, (pour des éoliennes de puissance moyenne de 2MW) : un minimum de 40 turbines par carré de 10km2.
Hors, si les conditions favorables à un tel parc peuvent être exceptionnellement réunies, cela ne correspond aucunement à la réalité du maillage du territoire français (villages, routes, zones protégées, etc.) ni au déploiement de l’éolien tel qu’il est réalisé.
Et les ratios d'acceptabilité/disponibilité ne suffisent pas à rendre ces chiffres plus réalistes :
Pour exemple l’Ademe donne, pour la première région éolienne, celle des Hauts de France, une estimation du gisement de 9,1GW.
Ce qui correspondrait à environs 4550 éoliennes (2MW) sur une surface de 1147km2, soit 3,6% de la surface totale des Hauts de France.
Selon cet autre document qui analyse le développement éolien actuel : https://www.hauts-de-france.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/plaque... - Analyse du développement de l’éolien terrestre dans la région Hauts-de-France, il y avait en décembre 2016, dans la région, un total de 4,9GW autorisés (en incluant parcs construits et non construits) pour 2097 éoliennes (page 7).
Hors en page 14 : la région avec 4,9GW d’éoliennes autorisées, voit 40% de son territoire à moins de 5km d’une éolienne.
Le territoire potentiellement impacté est donc de près de la moitié de la surface de la région.
Et, bien que ces deux documents utilisent une approche différente :
- les 3,6% de superficie du territoire favorable avancés par l’Ademe pour atteindre 9,1GW sont donc très très éloignés
- des 40% de la région effectivement à moins de 5km d’une éolienne avec "seulement" 4,9GW.
En conclusion cette étude ne permet pas d'évaluer correctement le gisement éolien français.
Cela, ajouté aux prévisions excessives de RTE forment un ensemble de données qui peuvent se révéler particulièrement préjudiciables à la future PPE, et donc au public ainsi qu'au gouvernement.