Vous êtes ici

Point de vue n°127

Cahier d'acteur n°64 - CFDT Chimie Energie

Bernard ANONYMISé (paris) Site internet

Pour la FCE-CFDT ENGIE, le gaz est une énergie incontournable dont le rôle et les qualités intrinsèques ne sont pas suffisamment reconnus et soutenus, non seulement pour accompagner la transition énergétique mais comme une énergie complémentaire à l'électricité.
Même si la consommation de gaz est amenée à diminuer pour le chauffage, du fait des gains d'efficacité énergétique, la FCE-CFDT ENGIE considère néanmoins que des gisements importants d'activité et de valorisation existent pour le gaz et que la PPE doit mettre en œuvre les politiques de soutien favorisant leur développement : le développement du biogaz ou de biométhane, en vue principalement de son injection dans le réseau de gaz naturel existant, les usages de gaz carburant dans les mobilités de demain, qu'elles soient terrestres, maritimes ou fluviales, et à plus long terme, le « power to gas », c'est-à-dire la conversion de l'électricité excédentaire, notamment d'origine renouvelable, en hydrogène ou en méthane. Cette pertinence du gaz à long terme est d'autant plus plausible que ce vecteur est amené à se décarboner massivement.
La France, pays central de l'Europe de l'Ouest, a l'avantage de bénéficier d'une infrastructure gazière et d'un réseau de stockage performants et forgés au fil des ans. De plus, elle dispose de ressources potentielles conséquentes en biomasse, tant agricole que forestière. Elle peut envisager son indépendance énergétique gazière à l'horizon 2050, grâce au développement résolu de la filière biogaz. Cette infrastructure gazière et ces atouts constituent un investissement considérable dont doit profiter le pays. Enfin, le gaz représente un important gisement d'emplois, non délocalisables, qui doit être pérennisé et conforté.

Commentaires

Il est vraiment dommage que cette contribution ne parle jamais d’un aspect du gaz naturel pourtant essentiel, comme le dit GIEC, à savoir la nature même du méthane qui est un puissant gaz à effet de serre. Il faut reconnaitre que cet aspect n’est que trop rarement évoqué et encore plus rarement traité scientifiquement. D’un coté la combustion du méthane dégage effectivement moins de CO2 que celle du pétrole (gain de 30%) ou du charbon (gains de 60%) mais il ne faut pas en avoir perdu dans le transport ou la production ou l’utilisation. En effet dans les calculs de scénarios donnés par le GIEC, si l’on cite le CO2, il s’agit d’un équivalent qui inclut tous les autres gaz à effet de serre (méthane, NO2,…) avec leurs propres paramètres d’action. Le GIEC utilise pour le méthane le PRG à 100 ans qui est de 21 fois celui du CO2 et la contribution actuelle du méthane à l’effet de serre est supérieure à 16%. En effet le papier suivant : http://www.global-chance.org/IMG/pdf/CH4mars2008.pdf dépasse la prise en compte directe du pouvoir de réchauffement global et essaie de traiter correctement les effets du méthane sur l’effet de serre et le réchauffement climatique selon les temporalités considérées. Il donne une contribution du méthane bien supérieure surtout pour des temps courts à ce que donne le PRG seul. Il apparait clairement de ces considérations que le gaz naturel utilisé dans les combustions n’est pas un moyen sérieux pour lutter contre l’effet de serre. Il faut dès maintenant en limiter au maximum l’utilisation et le réserver aux usages où nous n’avons pas de substitut évident sinon les résultats des émissions de gaz à effet de serre vont exploser Cela concerne aussi bien l’industrie que le bâtiment ou les transports. Pour le bâtiment dans la prochaine PPE, l’utilisation accrue du gaz comme moyen de chauffage du bâtiment observée depuis la mise en œuvre de la RT2012 doit cesser. Le comptage de la consommation du logement en énergie primaire et pas en énergie finale réellement consommée a favorisé dans les DPE la partie consommation d’énergie par rapport à l’étiquette émission de gaz à effet de serre et défavorisé l’électricité même peu carbonée. Pour le transport une étude sérieuse prenant en compte tous les aspects de la consommation, de pertes et des émissions des véhicules hybrides devrait être faite avant de promouvoir l’utilisation de ces véhicules.
L’utilisation directe du méthane fossile pose donc plusieurs questions : Comment prendre en compte correctement son pouvoir de réchauffement global qui varie très vite au cours du temps (25 à 100 ans mais 72 à 20 ans)? Quel pourcentage de gaz est perdu dans l’extraction, le transport et l’utilisation du gaz ? Là, il faudra traiter le gaz russe avec ses vieilles stations de pompage entre la Sibérie et l’utilisateur ouest européen, mais aussi le cas du transport liquéfié et surtout les pertes lors de l’extraction par fragmentation du pétrole et du gaz de schiste très à la mode actuellement. Bien sûr une partie encore mal définie des émissions de méthane vient de l’agriculture mais cela nous contraint encore plus à limiter les autres émissions.
Une dernière question mériterait aussi des études rigoureuses : Le gaz naturel est dit « vert » et pas compté dans le bilan carbone lorsqu’il est produit à partir de biomasse ou de déchets ou encore produit avec de l’électricité bas carbone. Comment être assuré qu’un tel bilan est correct dans le cas de la méthanisation où il y a des pertes dont l’effet doit être mesuré pour ne pas surpasser le gain en CO2. Ne serait-il pas moins risqué du point de vue environnemental de bruler directement ces déchets pour alimenter des réseaux de chaleur.

38000