Avis n°371
Acceptons-nous le changement ?
le ,Alors pour alimenter le débat, ma question aujourd'hui est de savoir pourquoi beaucoup de gens sont des militants anti énergies renouvelables ? C'est quoi le plaisir de vivre avec des déchets nucléaires pendant des milliers d'années et ne pas supporter les 45 dB d'une éolienne ? Comment expliquer le paradoxe de ces militants qui veulent protéger l'environnement mais qui, en même temps, sont contre les énergies renouvelables et écologiques ?
Commentaires
Question de priorité ...
Je crois très sincèrement que personne ne peut être "contre" les énergies renouvelables. C'est plutôt les conditions et les modalités de leur mise en oeuvre qui posent de réelles questions ... économiques et environnementales, car elles ne sont (malheureusement) pas parfaites, et présentent des inconvénients qu'il faut anticiper et gérer, au regard des objectifs essentiels que l'on se fixe.
Quand on voit les budgets énormes investis par l'Etat dans ces nouveaux modes de production électrique (alors que la production d'électricité en France est déjà très largement décarbonée), depuis des années, et les résultats observés en matière de rejets de gaz à effet de serre, c'est assez désespérant ... comment peut-on en arriver à émettre plus de CO2 au global alors qu'on a massivement investi dans des nouveaux moyens de production électrique "renouvelables" ??
Si on regarde le cas allemand, l'intermittence de la production "renouvelable" (absence de vent, de soleil, ...) est largement compensée par la combustion de charbon en quantité faramineuse (pardon, de lignite, encore plus sale ...): l'électricité est disponible, mais on arrive alors effectivement à des paradoxes du style : "plus d'énergies renouvelables = plus de rejets de gaz à effet de serre" ! Cela parait incroyable, mais c'est malheureusement vrai ...
Exemple de l'empreinte carbone liée à la fourniture d'électricité, en ce moment (05-06-2018 à 15h13) :
- Allemagne : 376 g de CO2 / kWh
- France : 45 g de CO2 / kWh
Alors, bonnes à jeter à la poubelle les énergies renouvelables ?
--> bien sûr que NON, surtout pas ! mais il faut savoir les utiliser là où elles seront les plus efficaces.
Chez nous, la cour des comptes en arrive (rapport du 18 avril 2018) à la conclusion qu'il est difficile de courir deux lièvres à la fois en matière de politique énergétique : à la fois remplacer une partie de la production nucléaire par des renouvelables électriques, et par ailleurs lutter contre le changement climatique en soutenant les renouvelables thermiques.
Or c'est quoi la priorité ?
Si c'est la réduction massive et rapide des émissions de gaz à effet de serre, pour espérer atténuer les effets d'un changement climatique source de déstabilisations majeures (qui sont probablement déjà en cours), je pense qu'on peut laisser de côté pour le moment la production d'électricité, déjà largement décarbonée, même si elle provient de l'énergie nucléaire. Oui cette énergie n'est pas parfaite, oui elle présente des enjeux importants, mais ils sont globalement pas si mal gérés depuis plus de 50 ans. Question de priorité ... et de ressources.
Si on veut aller vite et fort, il vaut mieux s'attaquer aux moyens de substitution des énergies thermiques (par de l'isolation des bâtiments, des modes de chauffage alternatifs, un usage de la voiture et de moyens transports non "fossiles", ...), par des moyens renouvelables et à très faible empreinte carbone, ce sera largement plus efficace Et c'est surtout dans ces domaines que les aides d'état devraient être les plus nombreuses, par pour fournir des électrons alternatifs qui ne permettent pas de réduire notre niveau d'émission global de GES ...
Il faut s'informer
Bonjour
Je vous cite "Comment expliquer le paradoxe de ces militants qui veulent protéger l'environnement mais qui, en même temps, sont contre les énergies renouvelables et écologiques ?"
Il n'y a pas de paradoxe, la réponse à votre question est qu'il y a des gens qui sont légèrement mieux informés que d'autres.
Peut-être par ce qu'ils y consacrent plus de temps et trouve des informations qui ont échappé à la majorité. Nous pourrions débattre des raisons si vous le souhaitez.
Si vous avez la volonté de vous informez, voici quelques articles qui conviennent pour se faire une idée des réalités :
https://jancovici.com/transition-energetique/renouvelables/100-renouvela...
http://huet.blog.lemonde.fr/2018/04/19/la-cour-des-comptes-alerte-sur-le...
http://descartes.over-blog.fr/2016/02/la-grande-arnaque-des-energies-ren...
https://b.marfeel.com/amp/www.contrepoints.org/2018/03/05/311085-renouve...
Un petit extrait du premier article : "Un avenir 100% ENR, nous sommes tous pour, a priori. Ou plus exactement nous sommes tous pour si « tout le reste est comme aujourd’hui » : on s’est débarrassé des combustibles fossiles, du nucléaire, et par ailleurs personne n’a froid l’hiver, ne manque de carburant pour se déplacer, ou ne voit son usine, son train ou son bureau à l’arrêt faute d’électricité pour que les machines fonctionnent, et tout cela ne coûte pas plus cher. Qui serait contre ?"
En espérant que vous aurez la volonté ET le temps de continuer.
Réponse à Pragmatique
Vous prétendez être "mieux" informé, et vous citez exclusivement des auteurs militants qui alignent mensonges sur manipulations ?
Je rappelle que la CRE vient de publier un sondage selon lequel 76 % des experts interrogés considèrent comme certaine ou probable une assertion qui contient le passage suivant : "à horizon 2050, à l’échelle mondiale, le développement des nouvelles capacités électriques sera très
majoritairement renouvelable". 18 % la considère plausible, 6 % peu plausible, et 0 % impossible.
http://fichiers.cre.fr/Etude-perspectives-strategiques/3Theses/2_These_S...
La blogosphère et les réseaux sociaux sont inondés de militants pro-nucléaires, dont Jancovici et Huet pour les plus connus. L'énorme majorité d'entre eux ne connait rien à rien au sujet de la production d'électricité (Jancovici compris) : ils n'ont jamais travaillé dans le secteur électrique (ou alors ils l'ont quitté depuis longtemps), et visiblement ça fait des années qu'ils s'abstiennent de s'informer dans la presse spécialisée. Un exemple parmi mille autres mensonges quotidiens qui sont assénés : dans l'article que vous citez, Jancovici parle de 1500 € / kW pour le PV (3000 €/kW en prenant en compte le raccordement), alors que les modules PV sont aujourd'hui sous les 300 €/kW (https://www.pv-magazine.com/2018/06/05/bnef-expects-34-fall-in-pv-module...) (et alors que les modules représentent près de 50% du coût d'une installation PV, raccordement compris).
Et puis il faut comprendre ce qu'on lit ; quand la cour des comptes souligne les coûts excessifs de l'éolien et du PV, elle parle des tarifs d'achat passés, pas des coûts réels actuels qui leur sont très significativement inférieurs, et sont de fait ultra-compétitifs.
D'ailleurs, en Europe occidentale, les seules centrales électriques en projet sans aucune subvention sont éoliennes (UK, Pays-Bas, Allemagne) et photovoltaïques (UK, Espagne), exclusivement, et les écarts de coût se creusent de jour en jour en faveur de ces deux technologies et au détriment du nucléaire et du fossile.
https://www.windpowermonthly.com/article/1465279/uks-first-subsidy-free-...
https://uk.reuters.com/article/us-britain-solar-subsidies/britain-opens-...
http://www.pveurope.eu/News/Solar-Generator/170-MW-subsidy-free-PV-plant...
etc, etc
A côté de ça, Jancovici et son shift project continuent d'affirmer que le nouveau nucléaire (avec un tarif d'achat à 110 €/MWh indexé sur l'inflation, comme à Hinkley Point?) est ~5 fois moins cher que l'éolien et le PV, en dehors même des externalités liées à l'intermittence (stockage, etc). Ils ont clairement renoncé à toute volonté de crédibilité auprès des experts, préférant assommer les néophytes avec leurs chiffres massues totalement improbables ; plus c'est gros mieux ça passe.
Et je n'ai parlé de leurs discours sur le coût démesuré du stockage et du back up, ou sur la soit disant impossibilité technique d'un mix à forte majorité éolien et PV (au contraire de ce que disent tous les gestionnaires de réseau) ; c'est du même accabit, ils racontent n'importe quoi, de A à Z.
Un dicton dit : "on ne change pas une équipe qui gagne"
Et c'est le cas du mix électrique dont la France s'est dotée progressivement depuis 40 ans et qui lui procure une électricité bon marché et fiable (le parc de production est apte à répondre aux variations de la consommation). A l'heure où le céhodeux est diabolisé comme jamais et qu'on cherche absolument à l'éliminer, le parc nucléaire a l'avantage de ne pas en émettre. (le céhodeux est pourtant un bienfait pour l'agriculture et la biosphère mais cela est un autre débat).
Des déchets nucléaires enfouis à 500m de profondeur dans une couche géologique étanche et stable depuis des millions d'années n'empêcheront en réalité personne de dormir et de vivre heureux y compris nos lointains descendants.
Les éoliennes sont des outils de production électrique inefficaces car incapables de suivre les variations de consommation. Elles ne peuvent donc s'intégrer dans un parc de production sans le déstabiliser (tant techniquement que financièrement) qu'à condition de représenter une part marginale (la puissance aujourd'hui déjà installée de plus de 13GW dépasse déjà ce qu'il aurait été raisonnable de ne pas dépasser : 10GW max.).
Enfin les éoliennes ne protègent pas l'environnement. Leur multiplication dégrade nos paysages et elles présentent un danger mortel pour les oiseaux et chauve-souris qui en sont victimes par milliers chaque année.
En ce sens la politique énergétique actuelle qui favorise leur développement n'est pas conforme
à l'article 6 de la charte de l'environnement qui figure depuis 2005 dans la constitution française et qui stipule:
"Les politiques publiques doivent promouvoir un développement durable. A cet effet elles concilient la protection et la mise en valeur de l'environnement, le développement économique et le progrès social."
Le solaire photovoltaïque ne produit de manière significative que d'avril à septembre, période pendant laquelle la consommation est presque deux fois plus faible que d'octobre à mars. Son intérêt est donc limité et il n'est pertinent qu'au sud d'une ligne Bordeaux-Valence où l'ensoleillement est généreux et où l'usage de la climatisation est plus important qu'ailleurs. Et à condition d'être installé sur des zones déjà artificialisées (bâtiments, parkings). En installer sur des zones encore à l'état naturel est une hérésie quand on prétend par ailleurs vouloir lutter contre l'artificialisation des sols.
L'hydraulique qui est de loin la meilleure ENR est déjà largement exploitée en France et ne peut guère être augmentée que marginalement avec la petite hydraulique et deux ou trois projets importants de STEP (qui devront probablement faire face à une vive opposition de la part des "écologistes" comme on l'a vu à Sivens).
La biomasse (essentiellement le bois) est à développer dans la limite des possibilités qu'offrent nos forêts.