Question n°474
Coefficient 2,58
le ,Un article est dernièrement paru dans les Echos au sujet du coefficient 2,58 appliqué depuis le début de l'année 1968. Ce n'est pas la première fois que j'en "entends" parler. Il avait été donné un sens à ce coefficient au regard du combustible fossile (le charbon puis le pétrole) utilisé pour produire de l'électricité. Il apparaît que ce type de combustible est d'une part obsolète au regard des moyens de production du bouquet énergétique français et, d'autre part va à l'encontre des objectifs de produire de l'énergie décarbonée. L'électricité étant le centre du PPE, comment peut-on considérer que ce coefficient ait aujourd'hui un sens ? Ceci est d'autant plus vrai que l'habitat au sens large (foyers individuels, collectifs et autre bâtiments) est un enjeu pour les émissions de CO2 en particulier pour les modes de chauffage utilisés. Ce coefficient de 2,58 fait-il l'objet d'analyse/discussion afin d'évoluer dans le sens de la PPE ?
Nous vous remercions pour cette contribution à la réflexion pour l’élaboration de la prochaine programmation pluriannuelle de l’énergie.
La consommation en énergie primaire est l'indicateur retenu pour déterminer l'exigence des réglementations thermiques françaises, réglementation thermique 2012 (RT 2012) pour les bâtiments neufs ainsi que RT des bâtiments existants, en application de la directive européenne 2010/31/UE sur la performance énergétique des bâtiments.
L'énergie primaire constitue l'énergie disponible dans la nature avant toute transformation. Les principales sources constituant l'énergie primaire sont : le pétrole, le gaz naturel, la biomasse, le rayonnement solaire, l'énergie hydraulique, l'énergie éolienne et l'énergie tirée de la fission de l'uranium.
Dans le bilan énergétique, le calcul en énergie primaire permet donc de tenir compte de la physique des phénomènes en intégrant les rendements de production, transport, transformation, et distribution des différentes énergies.
Plusieurs méthodes internationales existent pour évaluer le rapport entre énergie primaire et énergie finale, notamment pour l'électricité. La méthode retenue en France est celle de substitution thermique à la source, développée par l'Agence internationale de l'énergie (AIE). Elle aboutit à l'actuel coefficient de 2,58 pour l'électricité et de 1 pour les énergies combustibles, prises comme référence (source ex-DGEMP/OE). D'autres méthodes existent (méthode du contenu réel, méthodes en analyse de cycle de vie) : elles aboutissent à des coefficients très proches pour l'électricité, entre 2,5 et 2,6.
Ces différentes méthodes renvoient à une réalité physique : la majeure partie de l'électricité est produite à partir de centrales thermiques conventionnelles ou nucléaires, et le procédé lui-même implique qu'environ les deux tiers de l'énergie mobilisée représentent des pertes dissipées en chaleur, auxquelles s'ajoutent des pertes en ligne pour le transport de l'électricité des centrales jusqu'à l'utilisateur.
Au moment de l'élaboration de la RT 2012, l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et techniques (OPECST) a été sollicité pour émettre un avis sur le coefficient de conversion entre énergie finale et énergie primaire à retenir. Le coefficient de 2,58 a été réaffirmé par le rapport de l'OPECST, soulignant que « le coefficient de conversion de l'électricité, fixé à un niveau parfaitement justifié en ordre de grandeur, ne doit nullement être modifié ».
Les rapporteurs préconisent cependant, comme en Allemagne, un réexamen du coefficient de conversion en fonction des progrès de la production d'électricité par énergie renouvelable (éolienne, solaire, hydrolienne), qui infléchissent sa valeur à la baisse.
Pour tenir compte de l'évolution attendue des mix de production énergétique à la suite des recommandations issues du débat national sur la transition énergétique, et de la volonté du Président de la République de diversifier notre mix énergétique en développant massivement les énergies renouvelables, un travail de réflexion sur l'évolution possible de cet indicateur sera engagé.
Par ailleurs, la future réglementation thermique et environnementale prendra également en compte les émissions de gaz à effet de serre, en plus des consommations d’énergie primaire. L’objectif de la future réglementation thermique et environnementale sera en effet double : diminuer la consommation en énergie primaire des bâtiments (donc son impact sur les ressources naturelles), et diminuer les émissions de gaz à effet de serre des bâtiments neufs. Surtout, au-delà des émissions de gaz à effet de serre liées aux performances énergétiques, il s’agit de faire et de prendre en compte l'analyse de cycle de vie (ACV) des bâtiments (construction, consommations, maintenance, démolition, etc.). Il s’agit donc de prendre en compte et de limiter son impact global sur le changement climatique.