Question n°478
Croissance plutôt que décroissance de la consommation d'électricité
le ,Ma question s'adresse au maître d'ouvrage: Dans toutes vos réponses aux questions, vous prenez comme références non discutables les scénarios de RTE qui supposent tous une rupture de tendance à venir : une décroissance de 10% de la consommation d'électricité. Les dernières statistiques publiées par le commissariat au développement durable font pourtant état d'une consommation d'électricité en croissance de 0,8% en 2017.
Lors de l'assemblée générale d'EDF, un actionnaire a posé la question et je vous cite la réponse du conseil d'administration :
Question 8/ : PPE : EDF est-elle confortable avec les prévisions de RTE qui prévoit au mieux une stabilisation de la puissance électrique dans ses scénarios pour la PPE ? Réponse du Conseil d'administration : Les prévisions de RTE n'engagent pas EDF, qui considère que les tendances récentes de stabilisation de la consommation d'électricité en France ne peuvent pas être extrapolées. Au vu des objectifs européens et français en matière de climat, qui vont se traduire par des consommations additionnelles d'électricité dans les logements et les transports, au détriment des combustibles fossiles, et au vu de la croissance économique et démographique, ne considérer aucun scénario de long terme avec une augmentation de la consommation nationale d'électricité prive les pouvoirs publics d'autres scenarii pertinents en matière de sécurité d'approvisionnement. EDF a attiré l'attention de l'Etat sur ce risque.
Jusqu'en 2016, RTE publiait des prévisions de stabilité de la consommation en précisant que ses études étaient menées en concertation avec les producteurs. Nous pouvions deviner que le producteur compétent disposant de services d'étude, de forces marketing, et d'une expérience de la vente était EDF.
La réponse du conseil d'Administration d'EDF signale un désaccord entre EDF et RTE sur ce sujet depuis 2017. A qui faire confiance, EDF ou RTE ?
Le maître d'ouvrage pourrait-il nous expliquer pourquoi il a retenu les hypothèses déclinistes de RTE qui n'ont été étayées par aucune étude de marché sérieuse pouvant être discutée, bien qu'EDF ait attiré votre attention sur les risques que vous prenez.
Le gestionnaire du réseau électrique (RTE) est investi d’une mission de service public par le législateur et doit établir, en application de l’article L141-8 du code de l’énergie, un bilan prévisionnel de l’équilibre offre-demande. Ce travail fait l’objet d’une large concertation auprès des différents acteurs, dont EDF, afin d’étudier les évolutions de la consommation, en fonction notamment des actions de sobriété, d'efficacité et de substitution d'usages, des capacités de production par filière, des capacités d'effacement de consommation, des capacités de transport et de distribution et des échanges avec les réseaux électriques étrangers.
En ce qui concerne le contrôle des travaux de RTE, les réunions de concertation organisées par RTE et associant l’ensemble des parties prenantes abordent non seulement les hypothèses des calculs, mais également la méthodologie de modélisation. EDF a notamment participé à ses travaux. Les travaux de RTE sont également encadrés par le Ministère de la Transition Ecologique et Solidaire. Enfin, dans le cadre de l’association européenne des gestionnaires de réseau de transport, ENTSOE, et du groupe penta latéral, les modèles et méthodes utilisées par RTE sont partagées et confrontées à celles de leurs collègues européens.
Tous les scénarios prédisant le futur sont soumis à des incertitudes et reposent sur des hypothèses qui doivent être documentées et peuvent naturellement être interrogées. C’est le cas pour les différents scénarios de RTE, dont la valeur réside dans la concertation ouverte préalable à leur élaboration. D’autres parties prenantes voient des scénarios de consommation plus élevés (EDF), alors que d’autres des scénarios moins élevés (Négawatt, ADEME).