Point de vue n°138
Le nucléaire dans la PPE
Exposé sur l'importance du nucléaire dans la PPE
Commentaires
Ne pas diaboliser l'électricité
Il n’est pas surprenant que M. Laponche antinucléaire historique profite de la PPE pour répéter une énième fois tout le mal qu’il pense de cette industrie. Je ne reviendrai pas sur ses arguments techniques, M. Donnette y a parfaitement répondu.
Monsieur Laponche oublie le climat et sa petite phrase ci dessous me fait réagir.
« Notons enfin qu’une politique vigoureuse d’économies d’électricité lancée par la PPE renforcerait la faisabilité et la robustesse de scénarios conformes à la loi de transition énergétique. »
Cette petite phrase qui tend à diaboliser l’électricité rappelle que le lobby du gaz a réussit, dans le même état d’esprit anti électricité, à introduire et maintenir une norme réglementaire dans l’habitation pour y chasser l’utilisation de l’électricité.
Voici un extrait du point de vue de Brice Lalonde paru dans le journal les échos début juin :
https://lesechos.fr/idees-debats/cercle/0301745932760-quand-la-reglement...
« La réglementation ne mesure pas la consommation réelle d'électricité d'un bâtiment, elle la multiplie par 2,58 ! Le 2,58 date du début des années 1968, quand l'électricité était majoritairement produite en brûlant du charbon. Cette source d'énergie était dite « primaire » parce qu'elle existe dans la nature, alors que, transformée en électricité et achetée par le consommateur, l'énergie est dite « finale ». Le coefficient multiplicateur traduisait le rendement des centrales de l'époque et avait pour but d'économiser le charbon, puis le fioul. Il n'était pas malin de se chauffer à l'électricité quand on pouvait directement utiliser le charbon dans son poêle sans perdre les deux tiers de la chaleur.
Pourtant, le 2,58 est toujours là, le petit ressort administratif caché barrant la route à l'électricité. C'est préoccupant, car l'électricité est bien le vecteur de la transition écologique, associant l'énergie au digital, organisant la complémentarité entre les véhicules électriques, les bâtiments connectés et la production décarbonée.
A cause de lui, les émissions de gaz à effet de serre du bâtiment sont en 2017 de 11 % supérieures à ce qu'elles devraient être, alors que le gouvernement prétend les réduire !»
M. Laponche comme l’industrie gazière des années 60 diabolise l’électricité car elle est majoritairement d’origine nucléaire. Indirectement il fait donc la promotion des énergies carbonées. Son obsession antinucléaire passe au dessus de la réalité climatique. Hélas.
Dans le même état d’esprit la CSPE qui est sensée subventionner le remplacement des énergies fossiles par les énergies renouvelables est prélevée sur notre consommation d’électricité qui est pourtant décarbonées à 98%.
Ne conviendrait il pas de prélever cette CSPE sur le prix du fioul et du gaz ?
Oui, il faut faire des économies d’électricité mais surtout des sources d’énergies carbonées.
Les pompes à chaleur remplacent efficacement les chaudières au fioul et au gaz.
La PPE doit revenir à une certain pragmatisme, s’éloigner des dogmes et donc :
1) Réviser cette norme datant de 1968 qui surévalue la consommation énergétique réelle des bâtiments.
2) Revoir le prélévement de la CSPE
3) Subventionner l’efficacité et la sobriété énergétique plutôt que les ENR.
La PPE doit être pragmatique
En cette fin de débat sur la PPE il n'est pas vain de rappeler, comme l'a fait récemment le ministre de l'économie, que les énergies renouvelables ne pouvaient en aucun cas s’opposer à l’énergie nucléaire via ses 58 réacteurs.
Bien au contraire d’ailleurs puisque l'électricité d'origine nucléaire est la seule source possible de production en grande masse qui soit pilotable et qui ne rejette pas de gaz à effet de serre. La France qui est un pays développé a absolument besoin de continuer à respecter ces deux critères essentiels dans lesquelles elle est engagée depuis longtemps en vue de son indépendance énergétique et le nucléaire se révèle toujours compétitif actuellement, l’électricité française pour le consommateur étant une des moins chères d'Europe.
Quant aux énergies renouvelables, elles doivent trouver leurs places dans des projets spécifiques pour lesquelles les conditions économiques et environnementales de ce choix (éolien ou photovoltaïque) sont acceptables, ce qui exclue totalement d'envisager une production généralisée de ce type même en considérant que le problème du stockage d'électricité "à la hauteur des besoins" puisse être résolu, ce qui est tout à fait incertain à ce jour et en raison des coûts prévisibles de l'ensemble (ENR + stockage+ adaptation des réseaux existants ) qui seront de toute évidence bien plus onéreux que le nucléaire et donc non acceptables.
Regardons nos voisins allemands qui ont décidé d'abandonner le nucléaire après la catastrophe de Fukushima (alors que ce n'est pas l'accident de la centrale qui a provoqué tant de morts, c'est le Tsunami), ou en sont-ils ? Ils sont arrivés au bout de leur impasse écologique sans aucun bénéfice de rejet de Co2 pour la planète et qui portent une lourde contribution aux allemands qui payent très cher leur électricité.
Alors oui, cette PPE doit être un exercice purement pragmatique et il ne doit en aucun cas céder aux idéologies dangereuses du tout ENR
Le nucléaire doit avoir sa place dans le Mix électrique
Je ne suis pas du tout d’accord avec les arguments de cette contribution au débat ; Voici mes commentaires en reprenant chacun des paragraphes .
1- PPE et scénarios énergétiques : Le nucléaire n’est pas un problème mais un élément existant de la solution.
Comme l’électricité ne représente que 24 % actuellement de l’énergie finale consommée en France, il faut s’intéresser en premier lieu aux 76% restants. Notre électricité étant déjà décarbonée, si on se donne pour objectif premier la diminution de l’émission des GES pour atteindre la neutralité carbone en 2050, alors l’éradication du nucléaire n’est pas à mettre en avant.
2- Sureté et sécurité nucléaires : L’ASN autorité indépendante en est garante.
Tant que les centrales sont conçues, exploitées et contrôlées avec la plus grande rigueur, il n’y a aucune raison de les arrêter. Continuer à exploiter des centrales nucléaires, mises à niveau des dernières exigences réglementaires ou correspondant à des installations nouvelles, est acceptable sous ces conditions. L’ASN (Autorité de Sûreté Nucléaire), autorité indépendante, qui est garante du niveau de sureté a le pouvoir d’arrêter une installation à tout moment ou de ne pas accorder l’autorisation de prolonger son fonctionnement au-delà d’une durée donnée (par exemple Trente, Quarante ou Cinquante ans).
Pour mémoire, dans l’hydraulique, les grosses installations disposent d’une concession de 75 ans. Après renouvellement de la concession, leur fonctionnement peut aller au-delà.
Depuis le début, EDF a fait preuve de beaucoup de rigueur et a continué à améliorer ses installations au vu de son retour d’expérience et de l’évolution du référentiel imposé par l’ASN. La France n’est pas l’Ukraine (de l’ex-URSS) ni le Japon de Fukushima avec des exploitants irresponsables et une autorité de sûreté indépendante inexistante.
3- Le combustible Nucléaire : il est fabriqué en France.
Le fait que le minerai d’uranium soit maintenant entièrement importé (du Canada, d’Australie, d’Afrique…) n’a pas d’importance. Il ne revient pas cher dans le prix du kWh produit. Il nous a permis de nous libérer du fioul pour la production d’électricité. De ce fait il a allégé notre balance des paiements en $. C’était le but recherché. Disons, pour faire court, que notre balance commerciale serait encore plus catastrophique si on n’avait pas le nucléaire.
Par ailleurs le combustible est bien fabriqué en France.
Certes, le plutonium produit n’est réutilisé que partiellement, il faut le reconnaître et ça coûte plus cher mais EDF a l’air de bien s’en accommoder. A noter que l’uranium contenu dans le combustible n’est utilisé que partiellement. Cet uranium appauvri (néanmoins plus riche en U235 que le minerai naturel) n’est pas utilisé car ça reviendrait plus cher avec un traitement supplémentaire. Il constitue néanmoins une réserve importante pour l’avenir, le jour où il y aurait des tensions sur le marché de l’uranium, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.
4- La gestion des déchets : il est exemplaire
Dans le domaine du nucléaire cette gestion est exhaustive et exemplaire. Le principe des trois barrières systématiquement mis en œuvre serait un exemple à suivre pour les déchets classiques ultimes dont le volume est plus important et pour lesquelles la collecte est imparfaite. Je pense en particulier aux métaux lourds dont la toxicité a une durée de vie infinie, puisque ce sont des éléments stables et non radioactifs.
Le projet Cigéo de stockage des déchets à haute activité est bien une solution pour l’avenir : après 100 ans d’une première phase d’exploitation et de mise en stockage, la deuxième sera passive et ne nécessitera pas d’intervention des générations futures. Tel ne serait pas le cas d’un stockage en surface.
4- Le nucléaire dans le monde : il est hautement souhaitable que le nucléaire ait sa place dans le mix électrique mondial
80% de l’énergie consommée dans le monde est d’origine fossile. Plus d’un milliard d’humains dans le monde n’ont pas accès à l’électricité. La population mondiale était de 2,5 milliards en 1950 alors qu’elle était probablement inférieure au milliard en 1800. Aujourd’hui elle a dépassé les sept milliards. En 2050 on parle de 10 milliards d’habitants sur terre. Le monde aura donc un besoin croissant d’énergie.
Pour réduire la dépendance au combustibles d’origine fossile le vecteur électrique est important à considérer, à condition de s’appuyer sur une production décarbonée. Or aujourd’hui 40% de la production mondiale électrique provient du charbon, 22% du gaz, 4% du pétrole, 16% proviennent de l’hydroélectricité et 7% des autres énergies renouvelables. Le nucléaire lui représente 11%. Le charbon est le plus polluant et celui qui émet le plus de CO2. L’AIE (Agence Internationale de l’énergie) a publié son dernier rapport le 6 juin. L’agence insiste sur la nécessité d’une progression de la part de l’électricité pour atteindre 26% de l’énergie finale consommée en 2060 (au lieu de 18% aujourd’hui). Dans cette vision les énergies renouvelables représenteraient 74 % du mix électrique, et le nucléaire 15 %, le reste étant assuré par des centrales au gaz ou avec système de capture et de stockage du CO2.
Le nucléaire y a donc toute sa place, en premier lieu dans les pays comme le nôtre où on maitrise sa technologie.
Les scénarios : petit rappel
Le mix électrique français a évolué dans le temps. Il est le résultat de décisions politiques courageuses. En 1960 l’hydraulique représentait 56% de la production électrique française. En 1973, les combustibles fossiles représentent 61 % et l’hydraulique n’était plus qu’à 30 %. En 1987 le nucléaire passe la barre des 70 %, l’hydraulique est à 20 % et les énergies fossiles ne sont plus qu’à 7 %. Le succès du programme nucléaire est dans ces chiffres.
Ce programme, lancé en 1973 suite au premier choc pétrolier par le premier ministre de l’époque M Mesmer et poursuivi ensuite sous les présidences de Giscard d’Estaing et de Mitterrand, avait pour principal objectif de réduire la dépendance du pays au pétrole. A titre d’exemple la centrale nucléaire de Gravelines a été construite en se substituant à un gros projet de centrale fioul du palier 700 MW. Les tranches 700MW de Cordemais et Aramon sont les seules à avoir vu le jour mais quand elles ont démarré elles n’étaient déjà plus rentables pour fonctionner comme prévu initialement en base. Ce sont les conditions économiques et géopolitique du moment avec une vue sur le long terme qui ont induit ce virage.
Je ne comprends pas non plus la diatribe de l’auteur contre l’exportation d’électricité qu’il juge « sans intérêt », pourtant, la France exporte en moyenne de 50TWh par an qui rapportent entre 1,5 et 2 milliards € par an. Ce n’est pas négligeable même si notre facture énergétique dépasse les 70 Milliards €, du même ordre de grandeur que notre déficit commercial.