Avis n°391
La part du nucléaire dans le mix énergétique ne doit pas diminuer
le ,L’une des priorités fixées par le gouvernement est de réduire la production de CO2 pour lutter contre le réchauffement climatique. C’est une excellente décision. En effet, de gros progrès sont à réaliser pour ce qui concerne la limitation de l’utilisation des combustibles fossiles dans le domaine des transports, du chauffage des logements et de l’industrie.
En revanche, dans le domaine de la production électrique, la France est exemplaire et ceci grâce à la disponibilité et au bon fonctionnement de ses centrales nucléaires. Malgré les affirmations de l’ADEME, la politique énergétique de la France se doit donc d’être ferme dans ce domaine pour éviter des conséquences désastreuses. On le vérifie aisément en examinant la situation chez nos deux grands voisins, l’Allemagne et le Royaume Uni.
- En Allemagne la dépendance très forte aux énergies renouvelables conduit aux difficultés associées à leur intermittence ce qui nécessite la mise en œuvre de centrales électriques à charbon, fortes émettrices de CO2 [1].
- Au Royaume Uni alors que la mise à l’arrêt progressive de nombreuses centrales nucléaires vieillissantes est programmée, c’est le choix de construire de nouvelles centrales nucléaires qui a été retenu. Ce choix est accepté par le public et non critiqué par les media. Il est accompagné par la création de structures de formation couvrant toutes les compétences nécessaires [2].
Baisser la part du nucléaire dans le mix énergétique en France aurait pour conséquences :
- L’augmentation des gaz à effet de serre,
- L’augmentation du coût de l’électricité,
- L’abandon partiel d’une filière d’excellence après l’expérience de 40 ans d’exploitation,
- La perte d’emplois dans de nombreux domaines dont le domaine des technologies avancées
- Une nouvelle contribution à la désindustrialisation de notre territoire,
- La démotivation de l’élite de la nation pour s’investir dans le domaine de l’industrie nucléaire,
- Une perte de notre indépendance énergétique,
- Une mauvaise image pour nos exportations dans ce domaine,
- L’augmentation de la défiance du public vis-à-vis d’une industrie qui perd de sa crédibilité en ne défendant pas son avenir.
Les énergies renouvelables envisagées pour remplacer le nucléaire sont l’éolien et le photovoltaïque avec pour conséquences :
- Le remplacement d’une source d’énergie à taux de charge élevé (70-80%) par des sources d’énergie à taux de charges faibles (10-20%) associés à leur intermittence.
- La nécessité de pallier leur intermittence par des centrales électriques utilisant du combustible fossile contribuant à l’augmentation du CO2 : dispositions contraires à l’objectif poursuivi (cf. Allemagne).
- Des installations ayant un fort impact sur l’environnement (dénaturation des paysages) notamment par leurs dimensions et nombres (éoliennes) et l’ampleur des surfaces à mobiliser (de l’ordre d’un département pour les panneaux solaires).
- La création d’emplois à faible niveau de qualification (maintenance).
Enfin concernant notamment le risque d’accident, la gestion des déchets et la disponibilité du combustible, on peut noter que :
- La robustesse des installations, la culture de sûreté des exploitants et le contrôle par une autorité de sûreté indépendante et compétente garantissent un très haut niveau de sûreté des 58 réacteurs du parc nucléaire (aucun accident majeur n’est à déplorer en France après 40 ans d’exploitation).
- Pour la gestion des déchets radioactifs des solutions existent et sont déjà mises en œuvre (Centre de stockage de l’Aube pour les faibles et moyennes activités à vie courte) ou sur le point d’être mises en œuvre (CIGEO pour les hautes et moyennes activités à vie longue).
- L’énergie nucléaire peut être considérée comme une énergie durable si le recyclage du plutonium est mis en œuvre et grâce aux quantités phénoménales d’uranium dans la croûte terrestre (exemple : 4,5 milliards de tonnes des océans dont l’extraction est envisageable).
Ces éléments décisifs montrent clairement que la diminution de la part du nucléaire dans le mix énergétique sera préjudiciable aux intérêts de la France dans la lutte contre le réchauffement climatique, le développement du commerce extérieur et la préservation de sa compétitivité économique.
[1] - Bilan d’étape de la transition énergétique allemande. RGN Janvier-Février 2017 (p. 56)
[2] - www.institutmontaigne.org/ressources/pdfs/publications/rapport_nucleaire_heure_des_choix.pdf