Avis n°462
Les lois de la nature et les lois des hommes
le ,Un débat suppose toujours qu’il y a des positions contradictoires qui méritent d’être discutées. Mais cela veut-il dire que toutes les opinions se valent ? Dans un domaine comme la transition énergétique qui mélange des contraintes issues des lois de la nature et celles venant de volontés politiques, il faut faire attention de ne pas oublier ces lois de la nature qui, de toutes façons, finiront par s’imposer.
Dans un bref état des contributions variées proposées dans le débat sur la PPE, le président du comité, dans son intervention à Grenoble le 13 juin, a souligné la diversité et l'incohérence des propositions et la difficulté qu'il y aura à la fin à présenter un résumé de la consultation. Il y a en effet dans les diverses contributions écrites mais aussi orales comme ce jour là à Grenoble des propositions qui sont clairement contradictoires et qu'il va bien falloir trancher au niveau du gouvernement. Il me semble qu'il manque pour cela un élément essentiel sous jacent mais qu'il serait temps de faire apparaitre. La transition énergétique mélange très souvent des questions contraintes par les lois de la nature et donc complètement insensibles aux lois de hommes et des questions qui dépendent effectivement de la volonté humaine. Ne pas tenter de comprendre ce qui est à l'origine des propositions et considérer que toutes les opinions se valent va nous emmener au devant de grandes désillusions. En ce sens le débat sera très utile s'il arrive à faire comprendre l'origine de certaines contradictions et s'il permet ainsi d'éviter des reculades mal comprises. Par exemple la production électrique ne demande pas seulement une offre en quantité comme veulent nous le faire croire les offres d' « électricité verte » de différents producteurs mais aussi un suivi temporel très strict en temps et en puissance. Il ne suffit pas d'affirmer que « ça devrait marcher » mais il faut le montrer par de calculs allant jusqu'au bout des processus. Le passage à 50% de nucléaire, par exemple, demande non seulement la production par les renouvelables de la quantité nécessaire, ce qui ne pose pas de gros problèmes mais aussi la capacité de suivre au niveau temporel la demande mais surtout les variations brutales de la production renouvelables. Comme il a été observé que ces productions peuvent être voisines de zéro pendant les périodes anticycloniques, il faut vraiment le prendre en compte dans les modèles proposés actuellement et ce n'est pas le cas. Il faudrait par exemple définir clairement dans les années à venir quels moyens de suivi et de stockage qui seront mis en œuvre et sous la responsabilité de quel organisme et avec quels moyens. La position d'attente pour la date de passage à ces 50% que le ministre a annoncée sur France inter correspond bien à une analyse de la situation où les propositions ne sont pas encore suffisamment expertisées. Il serait trop long de faire la liste de toutes les questions qui mériteraient une sérieuse analyse scientifique avant de faire l'objet d'une décision politique mais je voudrais revenir sur une question que j'ai déjà évoquée, il s'agit du méthane. Ce gaz a comme Janus, deux figures, c'est un très fort gaz à effet de serre avec un pouvoir de réchauffement plus de 25 fois supérieur au gaz carbonique. Mais sa combustion dégage un peu moins de CO2 que les autres combustibles fossiles et il est possible de produire du « bio-méthane » à partir de déchets verts mais tout vert qu'il soit, cela ne fait pas disparaitre sa nature de GES. Pour trancher entre les deux positions, il y a une solution : faire une étude sérieuse montrant qu'on récupère plus de chaleur en passant par la production de méthane que pas une production directe et que le bilan GES sera meilleur. Qui a fait sérieusement ce travail avant d'affirmer qu'il faut faire de la méthanisation ? Bien évidemment tout ne relève pas de connaissances expertisées mais à l'inverse faire comme si toutes les opinions avaient le même effet fait prendre de grands risques et amènera beaucoup de désillusions et d'incompréhensions chez les victimes potentielles des échecs qui auront l'impression d'avoir été trompées.