Avis n°478
Comparaison des coûts de production éoliennes et EPR en Europe en 2017
le ,D’après l’association Wind Europe, les européens ont investi en 2017, 51 Mds d’€ pour 11 X 10*3 MW de puissance installée en éolien on et off-shore.
Ces installations ont un productible de 26 GWh/an pour un facteur de charge moyen de 30 %. (Mix on shore et off shore).
Leur durée d’exploitation est prévue pour 20 ans.
COMPARAISON DES INVESTISSEMENTS AU MW installé ENTRE EOLIENNES ET EPR.
Coût d’investissement :
on utilise ici le coût « overnight » du MWh produit. C’est ce que font les exploitants éoliens et PV quand ils passent des AO pour comparer ces dernières. C’est une façon simplifiée qui élimine les coûts financiers, dont les exploitants précités font directement leur affaire.
EOLIENNES
Donc au MW installé, ces éoliennes coutent 51 X 10*9/ 11 X 10*6 = 4 600 k€ par MWi
Ramené au MWh produit, cela donne une production de 520 TWh sur 20 ans soit 88 €/MWh d’amortissement pour l’amortissement
EPR
Sur 60 ans, l’EPR coute 11 Mds d’€ pour 1,65 GW installé. Donc au MW installé cela donne 6400 M€/MWi,
Le productible de l’EPR est 13 TWh par an sur la base d’une puissance installée de 1650 MW et d'une disponibilité de 90 %. Donc sur 60 ans, l’EPR aura produit 780 TWh
Amortissement overnight par MWh 11/ 780 = 13,5 €/MWh
Ce sont les coûts d’amortissement linéaire par simplification.
COMPARAISON ENTRE LES COUTS DE PRODUCTION EOLIEN ET NUCLEAIRE
Si l’on prend un ratio de 20% de l’investissement pour les problèmes d’exploitation et de maintenance des éoliennes et un facteur 5 pour tenir compte des coûts de combustible, des provisions de fin de cycle, d’exploitation et de maintenance de l’EPR, cela donne en coût de production :
EOLIEN
1,2 X 88 = 106 €/MWh pour une électricité non pilotable sans back-up et stockage.
EPR TETE DE SERIE
13,5 X 5 = 72,5 €/MWh pour une électricité pilotable.
CONCLUSION.
Même le coût de l’EPR, tête de série, outil pilotable à la demande, est significativement inférieur (25 %) au coût de production des éoliennes aléatoires sur la base des chiffres de 2017.
L'éolien non pilotable devrait être significativement moins chère que le nouveau nucléaire pour tenir compte du caractère imprévisible de sa production.
La réalité est inverse, or la technologie est matûre, il n'y a plus rien à attendre en baisse des coûts de production. Il n'y a donc plus aucune raison de justifier l'aide au démarrage d'une nouvelle filière.
L'EPR 2, plus simple, coûtera moins cher en production pilotable que l'EPR tête de série.
Commentaires
C'est un peu plus compliqué
Je ne suis certainement pas antinucléaire, mais le calcul des coûts est un peu plus complexe qu’un total de coûts divisé par un total de production.
Il manque l’actualisation qui va pénaliser le nucléaire (durée de 60 ans et énormes intérêts intercalaires à la construction).
Il manque les énormes investissements et coûts de maintenance pour le back-up pour l’éolien.
Comparer les coûts en internalisant les externalités négatives
Le nucléaire aura toujours des externalités négatives infiniment supérieures à celles du renouvelable : accident nucléaire non assuré, démantèlement pratiquement impossible, déchets radioactifs sur des millions d'années.
Ce n'est pas le cas du renouvelable. Pour la base de béton des éoliennes qui vous chagrinent (que dire de la base de béton des centrales nucléaires), pensez aux éoliennes flottantes. Le progrès technologique est gigantesque dans le renouvelable. Les coûts et les externalités négatives ne cessent de baisser (et bien au contraire, elles ne cessent de monter dans le nucléaire).
Vos calculs sont donc faux et surtout sans intérêt. C'est comme si on vous proposait une mauvaise solution et une bonne solution (pour vous soigner par exemple) en disant qu'il faut choisir la mauvaise parce qu'elle est moins chère. Je choisirai, sans tergiverser, la bonne, même si c'est plus cher, en me disant que j'y gagnerai pour plus tard (ma santé n'a pas de prix).
Pour le nucléaire, mon seul objectif, c'est d'éviter à tout prix Fukushima en France et toute contamination radioactive de masse (pour des rasons médicales)i.
De plus ce serait bien dommage de ne pas utiliser tout le gisement de vent, de soleil et de biomasse dont on dispose chez nous. Ce serait du gâchis.
Le renouvelable, c'est pragmatique. Ça paraît cher mais ça peut rapporter gros. Au contraire, le nucléaire peut paraître pas cher mais peut coûter très gros, bien plus gros que le renouvelable.
Il faut donc absolument, à partir de maintenant, arrêter de nous tromper en faisant des mauvais calculs court-termistes (après les échecs cuisants du diesel et de l'uranium, on est peut-être vaccinés, ou, en tous cas, il serait grand temps ...).
Moins d'obscurantisme sur le nucléaire !
Venant de lire un calcul simpliste sur les coûts comparés du MWh d'origine nucléaire et du MWh d'origine éolienne, je me dois de réagir succinctement mais fortement, en tant que Coprésident du Collectif Urgence Climatique 35 qui a participé à l'élaboration et au suivi du Pacte électrique breton (PEB), cosigné le 14/12/2010.
* Concernant l'électricité d'origine nucléaire, différents facteurs ne semblent pas avoir été pris en compte :
- actuellement la France continue de PILLER l'uranium de ses anciennes colonies Niger,...) dans des conditions environnementalement indignes. Il faudra bien rapidement payer l'uranium à son juste prix et investir lourdement, à Arlit et ailleurs, pour que les conditions d'exploitation assurent une protection des populations équivalente à celle qui serait imposée en France : le surcoût en résultant sera substantiel !
- aucun réacteur nucléaire français ne répond aux normes de sécurité qui seraient imposées
actuellement pour leur construction, eu égard notamment aux catastrophes de Tchernobyl et de Fukushima. Pire, il est techniquement impossible de les sécuriser contre la chute d'un avion. Or EDF (et peut-être l'Etat ?) semblent déterminés à financer à grands frais l'installation d'emplâtres sur nos veilles centrales nucléaires, plutôt que d'investir massivement dans les énergies renouvelables, comme le font d'autres pays et notamment l'Allemagne. Ne devrions pas nous aussi chercher à sortir plus vite du nucléaire en affectant au développement des énergies renouvelables l'argent épargné par la mise à l'arrêt des réacteurs vieillissants, dès que possible ?
* Faire une simple comparaison entre le nucléaire et l'éolien pour démontrer que l'énergie nucléaire est la moins chère n'est pas acceptable, car il existe bien d'autres énergies renouvelables qui sont ou seront bientôt moins chères que le nucléaire (photovoltaïque, cogénération, biogaz, hydraulique [¤] et énergies marines notamment).
* Compte tenu de l'état global des 57 réacteurs nucléaires français, n'y a-t-il pas une forte probabilité pour que la prochaine grande catastrophe nucléaire éclate en France. S'ils en réchappent, nos petits-enfants auront du mal à pardonner à ceux qui en auront une part de responsabilité en ayant poussé au prolongement de vie des réacteurs nucléaires soit simplement en étant restés passifs dans le présent débat sur la PPE...
En conclusion, la dérive nucléaire d'EDF ne risque-t-elle pas de la mener à la faillite à court ou moyen terme ? C'est hélas probable lorsque l'on voit :
-les dérives scandaleuses ( en coût et en délai) de ses EPR de Flamanville et de Finlande ;
- le contrat douteux conclu pour construire 2 EPR au Royaume Uni (la conscience du Directeur financier d'EDF l'a conduit à démissionner lors de sa signature ! ) ;
- son absence de solution pour démanteler les centrales nucléaires : c'est ainsi que celle expérimentale de Brennilis (29), arrêtée en 1985, constitue toujours une verrue dans le Parc d'Armorique !
Lorsqu'il s'agira de combler l'énorme déficit d'EDF, on risque de demander à tous les Français de mettre la main au porte-feuille, comme pour l'énorme déficit de la SNCF. Mais ici on ne devrait taxer que ses clients, car il serait immoral de solliciter une participation financière de ceux qui ont choisi un autre fournisseur d'énergie, même si ça leur coûte un peu plus cher, comme Enercoop qui ne commercialise que de l'énergie renouvelable
P.S.1 : Doit-on s'étonner qu'EDF n'ait pas encore demandé aux pays qui lui vendent de l'uranium de bien vouloir reprendre tous les déchets radioactifs produits par nos centrales nucléaires (ou nos activités militaires, plus marginalement) ? Après tout, les zones désertiques du Niger ou du Mali seraient peut-être plus faciles à maîtriser que le site métropolitain de Bures.
P.S. 2 : Pour sécuriser l'alimentation électrique de la Bretagne, pourquoi l'Etat français, jacobin et colonisateur, ne nous offre-t-il que le choix entre la peste (une centrale nucléaire à Plogoff - projet de 1980) ou le choléra (une centrale thermique au gaz à Landivisiau - projet UBUESQUE de 2010 : voir ma contribution N°291).
[¤] La solution d'un stockage d'énergie par pompage STEP à Guerlédan (Voir mon commentaire en N° 260 ) serait une solution de sécurisation possible à court terme,
en attendant la mutualisation prévue avec l'Irlande par un câble d'interconnexion de 700MW en courant continu (horizon 2026).
Et les déchets ? et le démantèlement ?
Les argumentaires truffés de chiffres servent généralement à désarmer les "adversaires" qui vont avoir du mal à refaire les calculs et à masquer les énormes erreurs de logique. Dans ce cas, il est évident qu'il faut inclure le coût du traitement des déchets nucléaires et le coût du démantèlement (on peut d'ailleurs prévoir le démantèlement des éoliennes pour que la comparaison soit juste !). Des calculs fiables et validés sont disponibles dans des publications sérieuses. Inutile de refaire ici un calcul d'amateur.
Liste non exhaustive des innombrables erreurs
A l'auteur du post initial :
1. Vos données brutes sont complètement fausses. Vos 51 Mds d’€ représentent toutes sortes d'investissement (y compris des rachats de parcs déjà construits ...) ; la valeur pertinente ce serait les investissements dans de nouvelles installations et ça représente 22 Mds d'€ en 2017 (Source : Wind Europe).
2. sur de tels investissement, négliger l'actualisation comme vous le faites est une hérésie, quiconque a un minimum de connaissances en économies le sait.
3. Si je ne me trompe pas, vous semblez relier les investissements de 2017 aux parcs construits en 2017, or il ne parait pas évident du tout ça corresponde. Il est clair qu'une partie (importante ?) des investissements de 2017 partent dans des parcs qui verront le jour les années suivantes.
4. Pourquoi 20 ans de durée de vie ?
5. Vos estimations des coûts de fonctionnement sont totalement aléatoires.
Etc
Si votre calcul était juste, expliquez nous pourquoi le directeur financier d'EDF a démissionné jugeant les risques de l'EPR d'Hninkley Point excessifs par rapport au tarif d'achat de ~110 €/MWh indexé sur l'inflation.
Expliquez nous également comment des fermes éoliennes sont rentables en Europe en vendant leur électricité à 40 €/MWh (sur terre) et 60 €/MWh (en mer).
CONCLUSION
Les seuls chiffres incontestables sont ceux qui résultent d'appels d'offres compétitifs ; et il ressort de ces chiffres incontestables que l'éolien et le PV coûtent près de trois fois moins cher que le nouveau nucléaire, en sortie d'installation. Vos estimations à vous sont de la pure fiction.
(ps. dépêchez vous de faire part de votre expertise à la banque d'investissement Lazard, elle semble en avoir grand besoin : https://www.lazard.com/perspective/levelized-cost-of-energy-2017/ )
L'éolien doit être remplacé tous les 20 ans
Que devient ce calcul si l'on tient compte que sur 60 ans l'éolien devra être remplacé deux fois, il me semble que son coût d'investissement sur 60 ans durée de l'EPR, doit alors être au moins doublé par rapport à ce qu'il est sur 20 ans ?