Avis n°523
Le nucléaire : futurs investissements
le ,Les promoteurs du PPE ont choisi d’évacuer complétement la question de la préparation des futurs investissements nucléaires. Ceci est sans doute un choix politique mais ce choix est de nature à jeter un doute sur la rigueur qui aurait du présider à la préparation du PPE.
Même dans une hypothèse de prolongation de la durée de vie des réacteurs, il reste essentiel de préparer l’avenir et de lisser les opérations de renouvellement qui devraient intervenir entre 2030 et 2050. Il faut rappeler que les deux réacteurs de Civaux ont été engagés au début des années 90 et le Décret d’Autorisation de Création de Flamanville 3 est intervenu en mai 2007, il y a maintenant 11 ans. L’évolution du contexte général est telle que la durée de réalisation des projets technologiques de cette nature s’est considérablement accrue compte tenu de l’évolution de l’environnement réglementaire et sociétal.
Sur les 30 dernières années on est donc sur un rythme proche de une unité tous les 10 ans. En extrapolant cette situation actuelle au delà de la durée de fonctionnement du parc 900 et 1300 Mwe, c’est donc plutôt la pénurie de production nucléaire que l’excès qu’il faut craindre.
Il est clair qu’il n’y a pas de perception de l’effet « falaise » qui se produira lorsqu’il faudra commencer à fermer des réacteurs pour des questions techniques. Même s’il y a de bonnes raisons de penser que cela n’interviendra pas avant les 60 ans de durée de vie, il y a un aléa qu’il vaudrait mieux intégrer dans l’analyse.
Si la France veut sérieusement atteindre et maintenir la décarbonation complète de sa production d’électricité sur le long terme, elle devra viser la construction d’une quinzaine de réacteurs EPR entre 2030 et 2050, au rythme d’une à deux paires tous les 5 ans. Une mise en service en 2030 nécessite qu’une décision soit prise avant 2020. Une absence de décision, ou une décision partielle, aurait des conséquences lourdes sur le tissu industriel de la filière nucléaire.