Avis n°544
L'électricité est-elle un moyen efficace à promouvoir pour la mobilité individuelle ?
le ,L’électricité est un flux, pas un stock ; ce n’est pas une énergie, mais un moyen de la transmettre ; on ne peut donc pas la stocker ; on stocke de l’énergie potentielle, cinétique, chimique : barrage de retenue d’eau, volant d’inertie, l’hydrogène, produits chimiques (dans une batterie); l’électricité n’existe pas à l’état naturel (sauf orage) ; elle doit être fabriquée ; les énergies fossiles existent depuis des millénaires: pourquoi ne pas en profiter ?
La densité énergétique, incluant le contenant (réservoir d’H2 lourd conduisant à une « pseudo-densité » équivalente à celle des carburants fossiles liquides) des batteries est 50 à 100 fois plus faible que celle des carburants fossiles. De plus, son poids reste constant pendant le trajet alors que celui du véhicule essence/diesel diminue.
Un système de distribution énergétique efficace (1er principe de la thermodynamique) doit minimiser les pertes d’énergie aux transports (l’électricité est mal placée de ce point de vue : pertes = RP²/U² : pour une puissance P à délivrer, les niveaux de tension des batteries automobiles (48 V, voire 400 V) conduisent à des pertes très élevées; quelque soit l'énergie retenue,il faut privilégier les circuits courts. Si la production de brut en Seine et Marne suffisait à alimenter la raffinerie de Grandpuits, la consommation des automobilistes franciliens serait une des plus écologiquement vertueuses du monde. ll faut de plus maximiser le rendement final vs primaire (multiplication de tous les rendements en série) selon le 2nd principe de la thermodynamique. Le cycle vapeur des grandes centrales électrique est de ce point de vue faiblement efficace.
Le plus efficace économiquement est d'utiliser chaque forme d'énergie là où elle est précisément la plus efficace techniquement, i e en général là où elle est difficilement substituable. Lorsque l'économie de marché est respectée, ces choix efficaces s'imposent peu à peu d'eux-mêmes. Les premières voitures fin XIX ème siècle étaient électriques mais ne se sont pas développées (hors micro marché de niche ; voiturettes de golf par exemple). Le chauffage électrique en France diminue peu à peu depuis que la réglementation impose, à juste titre, de raisonner en énergie primaire. Ce chauffage électrique assez "massif" est une anomalie française : ainsi,si la France est exemplaire par la faiblesse de ses émissions de CO2/habitant (de ce fait, elle devrait être exemptée de tout effort particulier dans ce domaine en attendant que les autres pays rejoignent ses performances), elle est plus dispendieuse que ses voisins anglais ou allemands en consommation d'énergie primaire/habitant.
L'histoire de la traction ferroviaire (vapeur, diesel, électricité si rentabilité) est intéressante à étudier. La traction électrique nécessite de lourds investissements: la possibilité de les remplacer par des batteries n'est pas envisagée. Pourquoi faudrait-il l'envisager dans la voiture individuelle ? Dans autre ordre d'idée, avant d'envisager un développement massif de la voiture autonome, il faudrait d'abord que les trains le soient.
Economiquement, les choix d'arrêts d'un moyen de production devraient intégrer l'extinction de la dette contractée à sa construction. Par ailleurs, la production d'électricité intermittente n'a de sens que si son coût total est inférieur au coût marginal de son back-up en absence de vent/soleil, quand il existe un réseau. De plus,les prix et la fiscalité de toute énergie doivent viser la neutralité/objectivité apportée par la couverture de tous les coûts + externalités d’usage difficilement marchandes ; compte de la route nationaux (pour ajuster la valeur de la TICPE) et être comparable au ferroviaire, à l’aérien. Enfin, il est économiquement impossible de fixer à la fois des quantités et des prix pour un bien donné. En économie libérale l'équilibre est trouvé par le marché ; en économie administrée par la planification (programmation linéaire/valeurs duales). Or le décret PPE du 27 octobre 2016 fixait des quantités physiques alors qu'existent par ailleurs des mécanismes de prix garantis (ex éolien en mer). Le prochain décret PPE ne devra pas tomber dans ce travers.
En conclusion, le développement massif de l'électromobilité individuelle va directement à l'encontre de l'objectif partagé d'économie d'énergie primaire.