Avis n°286
Non, le gaz ne peut être la solution !
le ,Nous assistons en ce moment à une offensive des gaziers pour promouvoir leur business.
On trouve par exemple tout un cahier d'acteurs qui défend les intérêts de "Engie" (point de vue n°55 et cahier d'acteur n°27) et un autre du GRT "gaz" (point de vue 37 et cahier d'acteur n°18)
En France, on néglige souvent la contribution du gaz aux émissions de CO2. Or on peut en donner une estimation rapide, en supposant qu'on brûle 430TWh de gaz par an : un MWh thermique de gaz est responsable de 200Kg de CO2 (en négligeant traitements, fuites...). Pour notre pays, cela fait donc 86Mt de CO2, donc 1.3t CO2/habitant par an. C'est autour du quart de nos émissions.
La propagande de Engie passe cela sous silence, mais lance des "objectifs" : Par exemple 30TWh de gaz "renouvelables" en 2030 (biogaz essentiellement), en contradiction avec les objectifs avancés par "GRT Gaz" : 30% en 2030, soient 130TWh. Evidemment ce dernier chiffre est fantaisiste, car on injecte moins de un TWh de gaz "renouvelable" (cad biogaz) par an et que nos possibilités sont limitées pour le biogaz. Le biogaz coûte actuellement autour de 100€/MWh, et cela aboutirait à des subventions délirantes (le gaz s'achète sur le marché à ~20€/MWh).
Cela veut dire que personne ne croit en ces objectifs. Ils servent de cache-sexe à une industrie particulièrement polluante, qui surfe sur les a-priori antinucléaires.
Le pompon de cette propagande est d'expliquer que l'on va produire du gaz par électrolyse de l'eau et réaction de Sabatier : le coût d'un MWH de gaz alors sera de plus de 200€/MWh, essentiellement par suite de l'usage d'une quantité importante d'électricité.
Pour l'avenir, les gaziers font la promotion du gaz pour les véhicules. Or on peut montrer que le gaz à la place de l'essence ne fait baisser les émissions que de 20% par rapport à l'essence. Comme de plus on perd 90% de l'électricité si on veut approvisionner au gaz obtenu à partir d'électrolyse des moteurs thermiques, cela paraît n'avoir aucune chance de se développer vis-à-vis de la mobilité électrique.
Compte tenu des investissements nécessaires, c'est sans intérêt, sauf à de dispendieuses subventions.
Dans le papier "GRT", on comprend bien pourquoi les gaziers surfent sur les réflexes antinucléaires : "Les centrales au gaz, meilleur complément des énergies renouvelables électriques" : Nos fournisseurs de gaz espèrent que la fermeture des centrales nucléaires va leur donner des opportunités ! Là aussi, complicité: les renouvelables sont souvent conçus comme une arme de guerre contre le nucléaire.
Enfin, il faut ajouter l'utilisation du gaz pour le chauffage plutôt que l'électricité : comme cette électricité était nucléaire, il y a eu de fortes campagnes pour que la norme "RT2012" permette l'élimination du chauffage électrique, y compris dans sa forme la plus écologique des "pompes à Chaleur" (PAC). Cela revient à remplacer une électricité pauvre en CO2 par du gaz dont les émissions sont bien plus importantes. Une grosse part des progrès de la Suède vient de ce que les PAC ont été fortement développées pour le chauffage. Il n'y a pas là bas de distribution de gaz aux particuliers !
N'oublions pas le gaz dans notre lutte contre les émissions de CO2 !