Question n°53
Le nucléaire ennemi des renouvelables
le ,Les médias et de nombreux politiciens présentent le nucléaire comme étant l'ennemi à abattre : comme si son développement se faisait forcément au détriment des renouvelables. Aujourd’hui pourtant l’électricité française que le monde nous envie est quasiment sans-CO2 et ce grâce au tandem Nuc+Hydro. Cette complémentarité entre une énergie renouvelable intermittente et une énergie nucléaire en puissance de base n'est-elle pas ce qui a fait que nous avons aujourd’hui une électricité de qualité, peu chère et peu sale ? Pourquoi cherche-t-on à monter deux sources parfaites l'une pour l'autre ? Ne se trompe-t-on pas d'ennemi ?
Comme vous l’évoquez, le fait que l’essentiel de la production d’électricité provienne de centrales nucléaires et des énergies renouvelables (notamment hydraulique) contribue à placer la France parmi les plus faibles émetteurs de gaz à effet de serre (GES) pour la production d’électricité.
Toutefois, si l’énergie nucléaire est d’un point de vue des émissions de gaz à effet de serre un atout, sa forte proportion est également susceptible de dégrader la robustesse du système électrique. L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a ainsi rappelé à plusieurs reprises qu’une des vocations de la diversification du mix électrique était de renforcer aussi la sécurité d'approvisionnement en électricité. Il est en effet important de disposer de marges suffisantes dans le système électrique pour faire face à l’éventualité de suspendre simultanément le fonctionnement de plusieurs réacteurs qui présenteraient un défaut générique grave. Un exemple de tel défaut générique est l’anomalie de concentration en carbone de l’acier qui a affecté les générateurs de vapeur de douze réacteurs à l'hiver 2016 qui n’étaient ainsi pas disponibles au cours de l’hiver.
En diversifiant le mix électrique, le développement des énergies renouvelables électrique que poursuit le Gouvernement contribue au renforcement des marges d'approvisionnement susceptibles de palier de tels événements sur le parc nucléaire.
Défaut dans le raisonnement
La réponse supposerait que les renouvelables soient non intermittentes, pour pouvoir pallier le défaut d'un moyen non intermittent. Or ce n'est pas le cas sans stockage. Et avec moins de production maîtrisée, plus de production non maîtrisée mais néanmoins prioritaire sur le réseau, le réseau est plus difficile à stabiliser et les installations de production maîtrisée moins rentables, ce qui ne joue pas forcément dans le sens de la sécurité d'approvisionnement en électricité, ni dans celui de la sûreté des installations. La notion de marge de capacité de production évoquée dans la réponse est pertinente mais elle est évidemment adhérente à la maîtrise de cette capacité, et donc les moyens de production intermittents n'y participent pas.