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Avis n°252

Nucléaire : halte au feu !

Ajouté par DOMINIQUE ANONYMISé (MARCOUSSIS), le
[Origine : Site internet]
Energie nucléaire

Je saisis cette occasion du débat public sur la PPE, pour apporter ici quelques précisions concernant les affirmations pour le moins hâtives de certains intervenants, manifestement aveuglés par leur combat purement idéologique contre l'énergie nucléaire. Je prends l'exemple de Thomas (Marseille) qui reprend les éternelles contre vérités propagées par quelques ténors de la communication déguisés en vert et largement médiatisés ou par certains journalistes complaisants.
Globalement, le nucléaire en France a été largement bénéficiaire pour l'économie nationale et il a même rapporté beaucoup d'argent à l'état via les généreux dividendes qui lui ont été versés par EDF. Ces dernières années, la situation financière d'EDF est malheureusement difficile (comme celle de la SNCF !) mais ce n'est certainement pas à cause du nucléaire, qui au contraire continue de combler tant bien que mal les déficits générés notamment par d'autres activités qui lui sont imposées. Ainsi, EDF est obligée de racheter à perte la production d'énergie éolienne et solaire par ailleurs prioritaire sur le réseau et largement subventionnée via les taxes que nous payons (vous et moi) sur l'électricité. C'est la fameuse CSPE qui augmente d'ailleurs chaque année à une vitesse fulgurante : elle a doublé ces 5 dernières années ! On a même obligé EDF à poursuivre le versement de dividendes, ce qu'elle a fait bien entendu, en empruntant de l'argent ! Et come ce n'est pas assez, on vient de lui a tordre le bras un peu plus en lui infligeant la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim (2 réacteurs nucléaires de 900 MW), très largement rentables puisque financièrement amorties depuis longtemps. Ubuesque.
Les dangers du nucléaire. Je le résume souvent en une seule question qui pourrait être posée au fameux jeu « qui veut gagner des millions » : « combien de morts provoqués par des accidents nucléaires en France depuis le démarrage des premiers réacteurs nucléaires producteurs d'électricité il y a plus de 50 ans ? Réponse A, B, C, ou D : ZERO ! Amateurs de sang et de larmes, circulez et allez voir ailleurs.
L'uranium. D'abord il faut savoir qu'il n'en faut moins de 8000 tonnes par an pour approvisionner l'ensemble de nos 58 réacteurs nucléaires. C'est une quantité qui peut être transportée par un seul cargo de taille très moyenne. Et cela suffit à alimenter en électricité les 67 millions de français pendant 75 % du temps : qui dit mieux ? Ensuite, notre uranium ne vient pas uniquement du Niger, loin s'en faut (mais c'est une précieuse source de revenus pour ce pays très pauvre, où AREVA (aujourd'hui ORANO) fournit même des soins médicaux gratuits à la population). Il provient également du Canada du Kazakhstan et d'Australie (et plus minoritairement d'autres pays). De plus, ORANO est le troisième producteur mondial d'uranium (avec 14% du marché), via ses propres mines ou ses participations dans d'autres mines. Enfin, l'uranium ne représente que 5% du coût complet de l'énergie nucléaire. Dans ces conditions, parler de dépendance du nucléaire vis-à-vis des importations d'uranium est une véritable tromperie.
Prolongation de durée d'exploitation des réacteurs nucléaires à 60 ans. Il n'existe aucun obstacle technique majeur pour réaliser cette opération. Il s'agit essentiellement d'apporter certaines améliorations destinées à répondre aux nouvelles exigences imposées par les autorités de sûreté. Il faut savoir qu'à ce jour, 89 réacteurs nucléaires américains (dont les 2/3 sont exactement du même type que les nôtres) ont déjà été autorisés à poursuivre leur exploitation jusqu'à 60 ans. Certains exploitants américains de réacteurs nucléaires ont même déposé des dossiers pour demander une prolongation à 80 ans ! Quant aux coûts associés, dits « de grand carénage », ils sont loin d'être aussi « pharaoniques » que voudraient le faire croire les détracteurs du nucléaire : 45 milliards d'euros (Mds€) sur 11 ans, soit 4 Mds€ par an. En fait ces sommes incluent les 3 Mds€ par an investis en moyenne jusqu'à présent pour la maintenance normale des réacteurs. Ces chiffres sont à comparer au chiffre d'affaire annuel d'EDF qui est de 70 Mds€. La vente d'électricité sur 20 ans de la production de 34 réacteurs nucléaires de 900 MWe, c'est au bas mot 250 Mds€ de recettes pour EDF (plus un très gros paquet de Mds€ de taxes diverses et recettes fiscales pour l'état). Vous avez dit « pharaonique » ? Si vous avez de l'argent liquide à placer, ne le mettez pas à la caisse d'épargne : investissez dans le grand carénage !
Démantèlement des réacteurs nucléaires. On entend dire souvent que c'est une opération à haut risque qu'on ne sait pas faire aujourd'hui et qui coûtera des fortunes. Disons le sans détour : tout cela est objectivement faux. Tout d'abord, un réacteur nucléaire arrêté définitivement ne présente aucun risque d'accident une fois que le combustible est extrait du cœur du réacteur et qu'il est transporté vers un entreposage à l'extérieur du site (ce qui est toujours le cas en France). Cela étant dit, il faut savoir que ces opérations de démantèlement, appelées parfois « déconstruction », ne sont pas si complexes que certains veulent le laisser croire (je parle ici de tous les réacteurs de la génération actuelle qui fonctionnent dans le monde). Il faut décontaminer, ce que l'on sait faire de mieux en mieux, puis tronçonner et découper des tuyaux, des bidons, des appareils et composants divers. Il faut aussi casser du béton et conditionner les déchets (faiblement radioactifs, sauf la cuve principale du réacteur). ON SAIT FAIRE ! Rappelons à ce propos que sur les 160 réacteurs nucléaires de puissance qui ont été définitivement arrêtés dans le monde, 17 ont été entièrement démantelés et une cinquantaine de réacteurs sont en cours de démantèlement. En France, de nombreuses installations nucléaires diverses ont été entièrement démantelées et un réacteur à eau pressurisée (type de réacteur qui constitue l'ensemble du parc nucléaire EDF) est en cours de démantèlement (CHOOZ). Le coût ? Ici encore on jette en pâture des chiffres extravagants. La réalité est pourtant simple : autour de 300 millions d'euros par réacteur nucléaire, gestion et stockage des déchets inclus, soit moins de 10% du coût d'investissement initial. Et c'est vraiment bien pesé. En effet, les dépenses pour réaliser ces travaux de démantèlement sont essentiellement constituées par de la main d'œuvre plus ou moins spécialisée. Or, en prenant un coût total, charges incluses, de 50000 € par an et par personne pour une telle main d'œuvre, avec 300 millions d'euros on emploie à plein temps 400 ouvriers pendant 15 ans : de quoi faire du beau travail ! Ces chiffres globaux du coût de démantèlement des réacteurs nucléaires sont largement étayés par le « retour d'expérience » et par les études de tous les organismes internationaux sur le sujet. Point barre.
Enfin la question des fameux déchets radioactifs. Combien ? Le chiffre peut surprendre et il est pourtant IRREFUTABLE : moins de 10 tonnes (oui, DIX TONNES) de déchets « hautement » radioactifs (produits de fission et actinides mineurs) par an. Pour les incrédules, qui ont un minimum de connaissances en calcul, je donne d'ailleurs ici la recette qui permet de retrouver facilement ce chiffre si faible : prenez l'énergie dégagée par une fission (200 MeV), le rendement électrique d'une centrale nucléaire (34% en moyenne), la production électrique annuelle du parc nucléaire français (en gros, 400 TWh), la masse atomique des deux produits de fission créés par la fission (environ 235 g) et vous obtenez 50 tonnes de produits de fission dont seulement moins de 15 % restent radioactifs après 2 ou 3 ans. A vos calculettes ! Ces déchets radioactifs sont intimement mélangés à une matrice vitreuse pratiquement inaltérable dans le temps (même plongée dans l'eau en permanence). Leur « durée de vie » que l'on devrait plutôt rebaptiser « durée de nocivité », n'est que de quelques dizaines de milliers d'années (tout au plus). Cela est à comparer à « l'âge » du milieu géologique (l'argile sédimentaire) dans lequel on va les « enfermer à double tours » à CIGEO : 160 millions d'années. Sûreté pratiquement absolue. Quant au coût du projet, jugé « faramineux », il a été estimé à 25 Mds€ étalés sur 100 ans, ce qui fait 250 Millions d'€/an. Irréfutable vous dis-je. C'est 0,3% du chiffre d'affaire d'EDF. Faramineux, vraiment ?
Pour conclure, je ne résiste pas à l'envie de citer ici une célèbre phrase d'un non moins célèbre savant : « Il est plus facile de désintégrer un atome qu'un préjugé ». Vous l'avez reconnu : c'est Einstein.
S'il vous plait, relativisons.