Avis n°66
Parvenir à 30% de solaire et d’éolien dans le mix électrique français en 5 ans
le ,Parvenir à 30% de solaire et d'éolien dans le mix électrique français est possible en 5 ans selon le PDG de Neoen.
Le Ministre de l'écologie, Nicolas Hulot, invite les Français à un (nouveau) débat sur la transition énergétique (PPE) entre le 19 mars et le 30 juin 2018. La programmation pluriannuelle de l'énergie est la feuille de route énergétique pour les périodes 2019-2023 et 2024-2028.
Après avoir indiqué le 8 mars souhaiter « ne pas brutaliser EDF » tout en estimant que « le nucléaire n'est plus une énergie d'avenir », Nicolas Hulot a enfoncé le clou sur France 2 le 19 mars en soulignant que dans une démocratie, "ce n'est pas EDF qui décide ! » de l'avenir énergétique des Français. « C'est le gouvernement après consultation des Français. Une consultation de plusieurs mois, c'est inédit".
Le PDG de Neoen, Xavier Barbaro, a délivré dès juin 2017 sur la radio publique France info un message clé pour éclairer ce débat. Neoen, n°3 en France après EDF et Engie, a construit près de Bordeaux la plus grande solaire d'Europe (300 MW). Le groupe est particulièrement actif en Australie où il a installé une batterie de 140 MWh permettant d'assister un parc éolien. Un nouveau projet portant sur une batterie de 400 MWh est dans le pipeline.
France info (https://www.youtube.com/watch?v=zrPCGFJn0Bo) : « Quelle pourrait être la part de l'énergie renouvelable en France ? »
Xavier Barbaro: « 30% facilement entre l'éolien et le solaire. On voit que l'Allemagne est en train d'y arriver et que cela ne pose aucun problème au réseau. Aujourd'hui on est bien en deçà de ce niveau là donc on a une marge de progression extrêmement importante en France. En Italie, en Espagne, en Angleterre, en Allemagne, le niveau de renouvelables est plus élevé qu'en France et ça marche très bien ».
En effet la plupart des experts s'accordent sur le fait qu'atteindre environ un tiers de solaire + éolien ne posera pas de problème en France sur la base des outils de flexibilités dès à présent en place, notamment l'hydroélectricité modulable. Et que parvenir à 80-90% sera possible en faisant appel à du stockage intra-journalier additionnel, autrement dit quelques heures de stockage de type STEP ou batteries. Les 10 à 20% restants peuvent être comblés avec du back-up thermique classique type gaz. Gaz qui pourra devenir vert dans le futur, via la bioélectricité et l'électrolyse. Mais avant de songer à la troisième étape il convient de focaliser concrètement sur la première.
France info : « Et à quelle échéance, si l'on voit les projections de la Loi de transition énergétique on pourrait y être quand ? ».
Xavier Barbaro : « On pourrait y être (30% de solaire + éolien en France ndlr) dans 5 ans. Il y a aujourd'hui en France de vrais champions nationaux, à la fois industriels, à la fois énergéticiens; des grands, des petits, donc le savoir-faire est là. Il est là, il est exportable aussi d'ailleurs, mais en France la filière est en place et peut en faire beaucoup plus si on nous y invite » (sourire).
Le PDG de Noen a ajouté: « C'est assez paradoxal, il y a aujourd'hui moins de centrales solaires en France qu'en Angleterre. Il y a encore beaucoup à faire en France. »
« Même en France le solaire et l'éolien sont extrêmement compétitifs, il manque de la simplification administrative tout simplement. Il y a 2 ans le MWh solaire coûtait 105 euros (en France ndlr). Il coûte aujourd'hui moins de 60 euros. Donc il y a deux ans on était au niveau des EPR, du nouveau nucléaire ; aujourd'hui on est en train d'aborder le niveau du nucléaire historique. Et nos coûts vont continuer à baisser alors que les coûts du nucléaire ont plutôt tendance à continuer à augmenter. »
Avec 30% de solaire + éolien, 15% d'hydroélectricité et 5% autres EnR, la France peut produire la moitié de son électricité de façon durable. L'électrification complète de l'intégralité du parc automobile conduirait à une hausse d'environ +15% de la demande électrique, tout en conduisant à une baisse globale très significative de la demande en énergie primaire.