Question n°356
Place du nucléaire dans la production d'électricité
le ,Un des objectif majeurs des enjeux énergétiques est la préservation du climat en réduisant les rejets de CO2. En France, ce sont essentiellement les transports et le chauffage qui sont responsables de la production de CO2, l'électricité étant globalement peu carbonée dans notre pays, grâce au nucléaire, à l'hydraulique, et, dans une moindre mesure, au solaire et à l'éolien dont l'intermittence doit être compensée (et on voit très bien le contre-exemple allemand qui utilise pour cela des centrales thermiques). Il importe donc de remplacer peu à peu les énergies productrices de carbone par de l'électricité non carbonée, comme on cherche à le faire dans l'automobile et dans l'habitat avec les pompes à chaleur (par contre, le remplacement d'énergie non carbonée, comme le nucléaire, par une autre énergie non carbonée n'a de sens vis à vis du climat que s'il y a un intérêt économique).
Une action forte et volontariste allant dans ce sens devrait conduire à une demande d'électricité probablement plus forte que les prévisions RTE actuelles, et dans ce contexte, l'objectif de 50% de nucléaire à court-moyen terme risque d'aller à l'encontre des efforts faits pour remplacer de l'énergie purement thermique par de l'énergie électrique. Dans ce contexte, la fermeture décidée de Fessenheim semble aller à l'encontre des objectifs climatiques, techniques (dixit ASN), économiques (couts de production très bas) et sociaux (emplois) affichés par ailleurs. En fixant a priori une date d'atteinte de l'objectif de 50% de nucléaire, on met un peu la charrue avant les bœufs. La démarche devrait plutôt être la suivante :
1/ décider des objectifs de remplacement du thermique par de l'électricité (ferroutage, automobile, chauffage habitat, moteurs électriques à la place de thermiques dans l'industrie...) de manière volontariste mais réaliste
2/ en déduire l'évolution de la demande de production d'électricité dans les années à venir en cohérence avec ces objectifs
3/ définir alors la création de nouveaux moyens de production sur des critères économiques, en excluant les moyens émetteurs de CO2 et en intégrant les fermetures pour obsolescence des moyens existants. Le pourcentage de nucléaire à une date donnée sera alors une conséquence directe des choix dictés en 1/.
Ceci introduit ma question : Sur quelles études économiques ou techniques se base la pertinence du 50% de nucléaire à court-moyen terme ? En quoi est-il meilleur que 55 ou 60% ?
Nous vous remercions pour votre contribution au débat.
Pour répondre aux défis climatiques et énergétiques majeurs auxquels la France devra faire face dans les décennies à venir, le Gouvernement souhaite engager résolument une transition énergétique. Cette transition repose d’une part sur la sobriété et l’efficacité énergétique et d’autre part sur la diversification des sources de production et d’approvisionnement et le développement des énergies renouvelables.
La loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte d’août 2015, fixe ainsi l’objectif de limiter la part du nucléaire à 50 % de l’électricité produite en France à l’horizon 2025.
Le Gouvernement a toutefois pris acte en novembre 2017 des études menées par RTE qui montrent que l’échéance de 2025 soulève d’importantes difficultés de mise en œuvre au regard de nos engagements en matière climatique. Malgré le développement volontariste des énergies renouvelables que souhaite entreprendre le Gouvernement, et du fait de la faible maturité à court terme des solutions de stockage, la France serait contrainte de construire une vingtaine de nouvelles centrales à gaz dans les sept prochaines années pour assurer la sécurité d’approvisionnement lors des pointes de consommation, conduisant à une augmentation forte et durable de nos émissions de gaz à effet de serre.
Le Président de la République a part conséquent demandé au Gouvernement d’établir une nouvelle trajectoire ambitieuse d’évolution de notre mix électrique qui permette d’atteindre le plus rapidement possible les objectifs fixés par la loi de transition énergétique en prenant en compte l’impératif climatique, la sécurité d’approvisionnement en électricité, la compétitivité économique du pays et la soutenabilité financière de la transition, et en préservant la possibilité de faire des choix en fonction des évolutions technologiques et économiques à venir.