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Avis n°26

Plan de rénovation énergétique des bâtiments

Ajouté par Emmanuel ANONYMISé (Romans), le
[Origine : Site internet]

De mon point de vue, un plan de rénovation énergétique qui n'inciterait pas vivement les propriétaires à réaliser des rénovations (de logements) complètes et performantes en une seule étape de travaux ne tiendrait pas ses objectifs.
En effet, réaliser les travaux soit en plusieurs fois, soit avec des niveaux de performance incompatibles avec le niveau basse consommation conduit à coup sûr à ne jamais atteindre un niveau basse consommation en rénovation comme cela est pourtant inscrit dans la loi LTECV. Il n'y a aucune logique économique à ne pas faire les travaux très performants en une fois car on ne les refera pas durant des décennies. Cela revient à se priver d'une grande partie du potentiel d'économie d'énergie. De même procéder par étapes demande une anticipation complexe pour garantir une bonne gestion des interfaces entre les différents lots de travaux, anticipation qui n'est que très rarement mise en œuvre.
Je pense aussi qu'il faut s'appuyer sur des artisans en groupements, aux compétences complémentaires, réunis autour d'un pilote (interlocuteur privilégié de l'occupant du logement) et qui sont formés pour accomplir ce travail de manière coordonnée. L'état des lieux architectural et technique qu'ils réalisent lors de leur venue sur site permettrait de définir le programme de travaux adapté à chaque situation (prise en compte de la migration de la vapeur d'eau, de l'étanchéité à l'air, de tous les ponts thermiques...). Ils sont aussi formés à gagner en compétitivité pour que les montants des devis soient maîtrisés et ainsi qu'ils aient plus de chances d'être signés. En plus, les plateformes de la rénovation énergétique accompagneraient efficacement les propriétaires pour mobiliser toutes les aides financières et les aiguiller dans leurs projets et leurs démarches.
Imaginez l'activité économique générée, les milliers emplois durables et non délocalisables crées, l'argent réinvesti localement sur les territoires, plutôt que de peser dans la balance commerciale des importations d'hydrocarbures.
En fait, ce dispositif vertueux existe déjà, il a été expérimenté sur le terrain et fort de son succès, est déployé à présent dans diverses intercommunalités (près de 30). Qu'il s'appelle Dorémi ici ou Oktave là, c'est le même principe. Pour qu'il puisse se démocratiser et devenir la référence de ce qu'il faut faire aujourd'hui en priorité (il y aura toujours des cas où une rénovation incomplète sera nécessaire), il nécessite toutefois un appui marqué de l'Etat pour le faire connaître et aussi pour faciliter le financement de ces projets de rénovation complète et performante, à coûts maîtrisés, en une étape de travaux, et réalisés par des groupements d'entreprises du bâtiment formées. Cet appui peut se traduire par exemple par un mécanisme de tiers financement (et une simplification de la jungle des aides financières). Vu l'ampleur du nombre de logements peu ou pas isolés en France (plus de 7 millions d'avant 1975), voici un des principaux projets industriels, économiques, sociaux et environnementaux pour la France pour les prochaines décennies.

Commentaires

Nous en avons beaucoup parlé lors du débat sur la transition énergétique et, bien entendu, nous n'avons rien fait.
Les occupants propriétaires ou locataires de ces logements sont tous en précarité énergétique et ne peuvent pas engager des travaux qui s'élèvent souvent autour de 30 000 €.
Les bailleurs ne font rien car ils n'auront aucun retour sur investissement.
Il n'y a donc que l'Etat qui puisse trouver les solutions de financement adaptées sans beaucoup d'espoir d'avoir un retour.
Mais c'est un impératif national. Des expérimentations ont été faites comme vous le dites. Il faut les examiner avec attention pour voir celles qui ont donné de bons résultats avec un coût le plus faible pour la collectivité.
Mais si cette opération n'est pas prioritaire, ne parlons plus de la PPE!

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