Question n°376
Pourquoi 50% ?
le ,Lors du lancement du Programme « Messmer » en 1974, on ne visait pas particulièrement 75% d'électricité nucléaire. La commission PÉON évoquait plutôt 66%, mais en sous-estimant l'effet des chocs pétroliers sur notre future économie et donc sur la demande future d'électricité. 75% n'est donc pas un objectif historique gravé dans le marbre, mais plutôt le résultat du hasard et de la nécessité... de l'efficacité d'EDF et du soutien continu des pouvoirs publics entre 1974 et 1998, en dépit des aléas politiques. Ceci dit, ces 75% nous permettent de bénéficier d'une électricité fiable, économique, sûre et très peu carbonée. La part importée de son coût de production est infime, et son bilan exportateur compense en partie les importations de gaz. Alors, pourquoi vouloir réduire la part du nucléaire dans notre électricité ? Pourquoi ces 50% ?
Nous savons que sa mention dans les promesses du candidat Hollande, puis dans la loi LTECV, est le résultat de tractations préélectorales entre partis membres de l'ancienne majorité. C'est un passé dont nous devrions faire table rase...
Si le vrai motif est la peur des accidents, passer de 75 à 50% ne change pas grand chose au risque : il faudrait descendre à 0%.
Cet argument écarté, reste le dicton : il ne faut pas mettre tous ses œufs dans le même panier. Ceci semble relever du bon sens, à condition que les œufs de l'autre panier soient aussi bons que les premiers, voire meilleurs !
Mais on parle ici de substituer à un nucléaire largement domestique, decarboné et pilotable des ENR largement importées, non pilotables et qui devront être assistées par du gaz totalement importé et fortement émetteur de gaz à effet de serre. Cherchez l'erreur...
En outre, tous les œufs du panier nucléaire ne sont pas identiques : ils existent en 3 modèles (900, 1300 et 1450 MWe) et leur « ponte » s'est étalée de 1978 à 2002, réduisant ainsi considérablement le risque d'un défaut de mode commun qui les affecterait tous à la fois.
D'où ma question : Pourquoi 50% ?
L’objectif de 50% de nucléaire dans le mix électrique a été inscrit dans la loi de transition énergétique après un débat parlementaire sur la politique énergétique. Cette réduction de la part du nucléaire répond à un souhait politique de diversifier et de rééquilibrer notre mix électrique en faveur des énergies renouvelables.
Dans la communication du Conseil des Ministres du 7 novembre 2017, le Gouvernement actuel a lui aussi rappelé « son attachement à la diversification du mix électrique, qui se traduit par le double objectif d’une baisse à 50 % de la part du nucléaire dans la production d’électricité et d’une forte croissance des énergies renouvelables dont le potentiel économique est désormais démontré ».
Cette diversification a vocation à renforcer la sécurité d'approvisionnement en électricité, ainsi que l'a rappelé à plusieurs reprises l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Il est en effet important de disposer de marges suffisantes dans le système électrique pour faire face à l’éventualité de suspendre simultanément le fonctionnement de plusieurs réacteurs qui présenteraient un défaut générique grave. Un exemple de tel défaut générique est l’anomalie de concentration en carbone de l’acier qui a affecté les générateurs de vapeur de douze réacteurs à l'hiver 2016. Le développement des énergies renouvelables contribue ainsi au renforcement des marges d'approvisionnement susceptibles de pouvoir faire face à de tels événements.
Les enjeux des différentes solutions de production d'électricité en matière de sécurité d'approvisionnement sont également multiples :
- D’une part, la baisse de la part du nucléaire dans le mix électrique permet de réduire le risque lié à l’utilisation dominante d’une seule technologie et les conséquences qu’auraient des dysfonctionnements éventuels de cette technologie ;
- D’autre part, l’intermittence des énergies renouvelables peut être un élément de fragilisation de la sécurité d'approvisionnement ; la question de l'équilibre entre offre et demande se posant en raison du décalage éventuel entre les pics de consommation et les pics de production renouvelable, ce qui soulève également la question du développement des solutions de stockage.
Le mix électrique doit ainsi être pensé en termes de complémentarité entre l’ensemble des moyens de production.