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Question n°300

Pourquoi cet objectif de 50 % pour la part du nucléaire dans le mix électrique ?

Ajouté par Pierre ANONYMISé (Paris), le
[Origine : Site internet]

Pourquoi diminuer le pourcentage de nucléaire dans le mix électrique de 75 à 50 % plutôt qu'à 30 ou 60 % ? La diminution du pourcentage de nucléaire dans le mix électrique (de 75 à 50 %) n'a jamais été justifiée. La question n'a pas été traitée dans le débat national de 2015 sur la transition énergétique (DNTE). Elle ne l'a pas été non plus dans la PPE d'octobre 2016 (Programmation pluriannuelle de l'énergie) qui s'appuie sur les objectifs de la LTECV.

1. Est-ce pour faire de la place aux énergies renouvelables tout en pariant que des moyens de stockage de l'électricité seront dans un délai prévisible disponibles à un coût maîtrisé et abordable ?
2. Est-ce parce que le nucléaire est dangereux ? Mais alors ne faudrait-il pas fermer le plus rapidement possible la totalité du parc ?
3. Ce passage de 75 à 60% doit-il être compris comme une première étape vers l'abandon total du nucléaire dans une deuxième étape ?
4. Comment se fait-il que, deux ans après sa promulgation, il faille réviser la loi de 2015 parce que l'échéance de 2025 est reconnue comme irréaliste par le ministre lui-même ? Serait-ce pour ne pas répéter les mêmes erreurs ?

Date de la réponse:
Réponse de La maîtrise d’ouvrage, le
Réponse:

Nous vous remercions pour cette contribution à la réflexion sur la programmation pluriannuelle de l’énergie.

L’objectif de 50 % de nucléaire dans le mix électrique a été inscrit dans la loi. Cette réduction de la part du nucléaire répond à un souhait politique de diversifier et de rééquilibrer notre mix électrique, et non à un enjeu de sûreté. La loi ne précise toutefois pas d’objectifs à plus long terme sur la part du nucléaire.

Concernant le stockage, les modélisations réalisées par RTE ont montré qu’un mix électrique avec des parts importantes d’énergies renouvelables était possible sans avoir recours à des nouvelles technologies de stockage ou à des installations thermiques (scénario Ampère, page 202 du bilan prévisionnel). Aucun « pari » n’est donc réalisé sur l’évolution des coûts du stockage avec un objectif de 50 %.

Concernant l’opportunité de réviser cet objectif, le Gouvernement a pris acte des études menées par RTE qui montrent que la réduction de la part du nucléaire à 50 % à l’échéance de 2025 soulève d’importantes difficultés de mise en œuvre au regard de nos engagements en matière climatique.

Malgré le développement volontariste des énergies renouvelables entrepris par le Gouvernement, la France serait contrainte de construire jusqu’à une vingtaine de nouvelles centrales à gaz dans les sept prochaines années pour assurer la sécurité d’approvisionnement lors des pointes de consommation, conduisant à une augmentation forte et durable de nos émissions de gaz à effet de serre contraire à nos objectifs climatiques.

Le Gouvernement a donc souhaité qu’une nouvelle trajectoire puisse être élaborée dans le cadre de la révision de la Programmation pluriannuelle de l’énergie.

Commentaires

j'ai fait récemment le commentaire ci dessous concernant le point de vue 145. Je réitère ici. En effet la réponse ci-dessus du MO fournit comme explication au 50 % : celui-ci est inscrit dans la loi. Donc la question est maintenant pourquoi cet objectif est inscrit dans la loi. Voici mon explication.
Ce 50 % est sorti d’une déclaration de François Hollande pendant les primaires socialistes avant l’élection présidentielle de 2012 (avec évidemment des préoccupations électoralistes) : « Il faudra réduire de 75 % à 50 % la production d'électricité d'origine nucléaire à l'horizon 2025. C'est-à-dire exactement le même effort que les Allemands, qui vont passer de 22 % à 0 % en quinze ans. Pour atteindre cet objectif, il faudra fermer les centrales en fin de vie, augmenter massivement les énergies renouvelables et diminuer fortement la consommation d’énergie par un plan d’isolation thermique des logements. » François Hollande, conférence de presse aux Universités d'été du Parti socialiste, La Rochelle, 27/08/2011.
Plus récemment Ségolène Royal a fait très fort en justifiant la répartition entre nucléaire et renouvelables à 50/50 avec l’argument suivant : on a choisi 50 % pour la part du nucléaire pour faire la moyenne entre ceux qui ne voient que par le nucléaire et ceux qui ne voient que par les renouvelables. (Emission « On n’est pas couché » du 04/06/2017).

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La réponse de la maîtrise d'ouvrage est très intéressante : le gouvernement reconnait que la LTECV n'est en fait pas réalisable car la réduction du nucléaire à 50% de la production électrique entrainerait de fait une augmentation des émissions de CO2 de part la nécessité d'augmenter la production d'électricité à partir de centrales à hydrocarbures.
On peut ajouter que cela est d'autant plus vrai que le gouvernement veut également développer l'usage de la voiture électrique, solution pertinente pour réduire les émissions de CO2 à condition que l'électricité ne soit pas produite (ou du moins de manière minoritaire) par des centrales à hydrocarbures. Cela permettrait en outre de réduire nos importations de pétrole qui pèsent lourdement dans notre déficit commercial avec l'étranger et dont les variations de prix récurrentes sont parfois durement ressenties par les automobilistes...surtout si le gouvernement augmente en même temps les taxes sur le carburant...
En effet, si ne serait-ce que 10% du parc automobile passe à l'électrique, cela aura un impact non négligeable sur la consommation électrique nationale. Cet aspect doit être pris en compte dans la ppe, et il semble bien que conserver le parc nucléaire tel qu'il est dimensionné actuellement soit la meilleure façon d'assurer un développement intelligent de la voiture électrique (VE).
Sachant que le temps de rechargement d'une batterie de VE prend plusieurs heures, il paraît évident que celui-ci doit être effectué préférentiellement durant les périodes où elle n'est pas utilisée, c'est à dire la nuit dans la plupart des cas. Il n'est donc pas réaliste de compter sur le développement du solaire pour accompagner le développement de la VE (imaginer charger en journée une batterie avec des panneaux solaires, laquelle batterie chargerait ensuite pendant la nuit la batterie du VE n'est pas réaliste économiquement vu le coût des batteries). L'éolien n'est guère plus indiqué vu sa production fortement aléatoire.
Reste le nucléaire dont il se trouve justement qu'il est presque toujours surdimensionné pour notre consommation nocturne beaucoup plus faible qu'en journée (une part des sa production excédentaire est utilisée dans les STEP mais la majeure partie est exportée chez nos voisins).
Le surcroit de consommation électrique nationale engendré par le développement de la VE pourrait donc être absorbé en réaffectant simplement tout ou partie de l'électricité aujourd'hui exportée vers nos voisins.

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