Question n°630
Pourquoi ne pas abandonner le projet de construction d'une centrale à cycle combiné gaz à Landivisiau en Bretagne
le ,2 questions :
1°) Pourquoi ne m'a-t-on pas demandé mon avis, avant que l'Etat et la Région Bretagne tentent d'imposer une centrale à cycle combiné gaz en Bretagne à Landivisiau ?
Ce projet de centrale à cycle combiné gaz trouve son origine dans le Pacte Electrique Breton du 14/12/2010 qui n'a aucune valeur juridique et qui est en permanence élevé comme un dogme.
Ce projet n'a fait l'objet d'aucune discussion, ni de débat. Tout a été décidé dans la plus grande discrétion, sans que les citoyens n'aient leur mot à dire. Or, cette centrale va les concerner de près pendant 20 ans, voire 40 ans, si l'autorisation d'exploiter la centrale est renouvelée.
Il y a bien eu une enquête publique en 2014, mais elle n'a pas permis aux citoyens de se faire entendre. 2 500 d'entre eux se sont opposés à ce projet, contre seulement 500 qui ont émis un avis favorable. La commission d'enquête publique a émis un avis favorable, ce qui est intolérable. Nous avons joué le jeu de cette enquête publique, mais les lobbys ont encore été plus forts...
Nous savons que ce modèle de production d'électricité basé sur une énergie fossile est dépassé, obsolète, polluant et participe au réchauffement climatique.
2°) Le Président Macron a annoncé lors de l'ouverture de la COP23 à Bonn, que l'Europe devait réduire ses gaz à effet de serre, que la France développerait les énergies renouvelables et qu'elle ne construirait plus de nouvelles centrales thermiques.
Ce mercredi 20 juin 2018, Il a donné au Cap Fréhel (Côtes d'Armor en Bretagne) le feu vert pour les énergies renouvelables et a confirmé les six projets de parcs éoliens en mer tant attendus.
Ces six projets, de 500 MW chacun (3000 MW au total), sont prévus à Courseulles-sur-Mer (Calvados), Fécamp (Seine-Maritime), Saint-Brieuc (Côtes-d'Armor), Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), le Tréport (Seine-Maritime) et Yeu/Noirmoutier (Vendée).
Le chef de l'Etat a également annoncé que « la Bretagne allait devenir, non plus une pointe avancée mais une plaque tournante des énergies renouvelables... notamment au cœur du réseau d'interconnexion européen Celtic, avec l'Irlande ».
Pourquoi M. Macron s'est-il abstenu d'évoquer ce projet de centrale lors de sa visite en Bretagne ? Ce sujet brûlant était pourtant bien au cœur de l'actualité régionale.
Alors, pourquoi l'Etat français persiste encore à nous imposer cette centrale à cycle combiné gaz à Landivisiau, qui fait suite à un appel d'offres d'Etat de juin 2011 ? Cela fait 7 ans... mais il est encore temps de stopper ce projet qui est en contradiction avec les propos de M. Macron ?
Pourquoi cet entêtement ?
La Bretagne connaît une situation de fragilité électrique liée à la faiblesse de sa production régionale, qui ne couvre, en 2016, que 14 % de sa consommation. La Bretagne, péninsule électrique, est donc tributaire pour son alimentation en électricité des sites de production éloignés que sont les centrales nucléaires de la vallée de la Loire et les centrales thermiques de Loire-Atlantique. La croissance régionale de la consommation est, quant à elle, en moyenne plus importante que la tendance nationale (plus de 3 fois sur les 10 dernières années) du fait notamment du dynamisme démographique breton. Ce déséquilibre structurel entre la production et la consommation n’est compensé qu’en partie par le réseau de transport d’électricité.
Cette situation, identifiée tant par le gestionnaire du réseau de transport d’électricité RTE dans les bilans prévisionnels de l’équilibre offre/demande que par l’Etat, a nécessité de prendre des mesures spécifiques à la Bretagne de manière à garantir la sécurité d’approvisionnement de cette zone. C’est dans ce contexte qu’a été élaboré le pacte électrique breton signé le 14 décembre 2010 par les partenaires – Etat, Conseil Régional de Bretagne, RTE, ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) et ANAH (Agence nationale de l’amélioration de l’habitat), proposant un plan d’actions équilibré selon trois grandes orientations de politique énergétique, récemment confirmées dans la programmation pluriannuelle de l’énergie :
- des efforts importants de maîtrise de la demande en électricité,
- un développement ambitieux de la production des énergies renouvelables,
- la sécurisation indispensable de l’alimentation électrique (renforcement du réseau, développement de la production et expérimentations sur le stockage et les réseaux intelligents).
Le pacte électrique breton a été élaboré dans le cadre d’une large concertation s’inscrivant dans la Conférence bretonne de l'Énergie mise en place en janvier 2010 à l'initiative du préfet de région et du président du Conseil régional de Bretagne. Cette instance réunit l'ensemble des acteurs de l'énergie sur le territoire dans un souci de transparence et de concertation : services de l'Etat et instances publiques, élus et représentants des collectivités territoriales, acteurs du monde économique et professionnel, organisations syndicales et patronales, société civile et associations.
Au regard des études de RTE, l’option retenue, à l’époque, a été l’implantation d’une centrale à cycle combiné gaz (CCG) d’environ 450 MW dans l’aire de Brest. Les conditions économiques ne permettant pas la construction « spontanée » d’une centrale au gaz, un appel d’offres a été lancé mi-2011 sous l’égide de la Commission de Régulation de l’Energie. Le cahier des charges de l’appel d’offres a également fait l’objet d’une consultation, ouverte à tous, mise en ligne sur le site du ministère. Cet appel d’offres a conduit à la sélection en février 2012 d’un consortium (Direct Energie et Siemens) pour la construction d’une centrale à Landivisiau.
La nécessité d’une nouvelle centrale à Landivisiau a été récemment réexaminée par le Ministère et par RTE, dans le cadre de la notification de l’appel d’offres au titre des aides d’État à la Commission européenne, qui a approuvé le projet en mai 2017.
Ainsi, malgré les récentes évolutions du système électrique favorables à la sécurisation de la zone bretonne (renforcement des efforts d’efficacité énergétique, baisse de la part du chauffage électrique, raccordement à venir des parcs éoliens offshore), les évolutions du parc thermique français (fermeture des groupes fioul à court terme et charbon à l’horizon 2022 tel que prévu dans le Plan Climat) justifient la nécessité de maintenir des marges suffisantes sur le système électrique pour assurer la sécurité d’approvisionnement en électricité. Dans le cadre de son dernier bilan prévisionnel, RTE a ainsi réitéré son message de vigilance sur la période 2018-2022, notamment en cas de nouvelles indisponibilités du parc nucléaire, comme cela a été le cas durant l’hiver 2016-2017. A plus long terme et en lien avec l’accroissement du parc ENR, le bilan prévisionnel de RTE met l’accent sur le besoin de flexibilité pour le système électrique.
Du point de vue environnemental, la technologie employée fait partie des meilleures techniques disponibles. Pour l’ensemble des rejets (NOx, CO, SO2 et poussières), le candidat s’est engagé à respecter des niveaux d’émissions plus faibles que ceux imposés par la réglementation. Sur la base de ces éléments et de l’avis de l’Autorité environnementale, la commission d’enquête publique, saisie sur ce projet soumis à la législation des Installations Classées pour la Protection de l’Environnement, a émis un avis favorable à la demande d’autorisation d’exploiter de la centrale.
Enfin, la construction de la centrale de Landivisiau ne se fera pas au détriment des efforts portés dans le développement des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique, comme en témoignent les ambitions de la programmation pluriannuelle de l’énergie actuelle dans ces domaines.