Avis n°425
PP de l'Energie ou de l'Electricité ?
le ,A juste titre, le président de la République a fixé comme priorité « les émissions de GES et le réchauffement climatique » et pris fin 2017 des engagements internationaux forts sur le sujet.
En France, les outils de mise en œuvre et de pilotage de cette priorité sont la « Programmation Pluriannuelle de l'Energie », la « Stratégie Nationale Bas Carbone » et ses indicateurs de pilotage, enfin le cadre réglementaire fixé par la loi TEEV.
Différents indicateurs de suivi permettent de caractériser et classer les activités économiques sources d'émission des GES : transports, agriculture, bâtiment, industrie, production d'électricité...
Force est de constater que, en l'état, la PPE est en profond décalage avec les activités les plus émettrices de GES telles que mesurées en France. Il y a là une incohérence, une erreur stratégique dans l'affectation des moyens, qui ne nous permettra pas d'atteindre nos objectifs de réduction de GES et qui risque de nous coûter cher. D'ailleurs, les mauvaises performances de la France en 2015/2016/(2017 ?) dont les rejets de GES ont augmenté, ont pour origine les fortes hausses dans les secteurs transports et bâtiments. Ce sont autant de signaux qui devraient nous alerter plutôt que d'invoquer des facteurs conjoncturels. N'est-ce pas l'efficacité de nos politiques (ou leur inefficacité) et donc nos choix stratégiques qu'il faut réinterroger ?
La PPE actuelle, sur la forme et sur le fond, a toutes les caractéristiques d'une Programmation Pluriannuelle de l'Electricité et non pas de l'Energie. Tout cela, alors que le secteur de l'électricité représente 7% des émissions de GES ! Une performance durable puisque fondée sur des moyens de production décarbonnés et pérennes. Trouver l'erreur !
Il faut appeler un chat un chat ! La PPE telle qu'elle est conçue avec les moyens financiers qui lui sont alloués (9 milliards d'euros en 2017), vise à accélérer le développement des EnR (5 milliards d'euros en 2017) et la baisse à 50% de la part du nucléaire, et non pas une réduction drastique des GES émis par l'ensemble des secteurs de l'énergie. Elle n'en a pas ni l'ambition, ni les moyens alloués au bon endroit.
Pour illustrer concrètement ma critique de la PPE, je voudrais citer le secteur du bâtiment, qui est un des plus grands émetteurs de GES après les transports. Chiffres de l'Agence Nationale de l'Habitat (ANAH), 81000 logements ont été rénovés en 2017, pour un montant de 650 millions d'euros, 40700 en 2016.... En 2018, il est prévu de rénover 104000 logements pour un budget de 800 millions d'euros. S'agissant de 12 millions de logements mal isolés à rénover, on est très loin du compte ! A un rythme théorique de 500000 logements par an, il faudrait au moins 25 ans ! Les larges subventions accordées aux EnR chaque année (sans gain sur les émissions de GES), ne seraient-elles pas mieux employées de façon plus efficace en étant affectées pour une large part à la rénovation des bâtiments, là où l'enjeu des rejets de GES est effectivement important !
L'avenir énergétique de la nation, la réduction drastique de nos émissions de GES et la composition de son mixte énergétique, sont des affaires très sérieuses qui nous engagent à long terme, qui ne peuvent être polluées par des prises de positions dogmatiques. A moyens limités vu le contexte économique qui est le nôtre, les actions et les moyens alloués doivent viser d'abord l'efficacité dans les secteurs de l'énergie qui sont les plus concernés comme les transports et le bâtiment, eu égard à la priorité affichée sur le climat et la réduction drastique des GES. C'est ce que j'attends de la PPE, d'être en cohérence avec la nature du problème non seulement stratégique mais planétaire ! S'affichant comme un pays leader, Il y va aussi de notre crédibilité internationale.
Changer de ministre
D'accord avec vous.
Le bouleversement politique qu'a été l'élection de 2017 a donné les rênes de la France à un président et un gouvernement désireux d'effacer les clivages politiques et composé de nombreuses personnalités assez neutres politiquement (ministres de la santé, de l'éducation, du travail, des transports par exemples).
A l'exception notable du secteur de l'énergie et de l'environnement, avec la nomination de l'écologiste le plus médiatique du pays à la tête de ce ministère et le maintien de la LTCEV votée sous le mandat présidentiel précédent et dont l'objectif était surtout de se garantir le vote de l'électorat écologiste à l'élection de 2017 que de bâtir une politique énergétique cohérente.
Il est plus que temps de changer de ministre et de remettre à plat la politique énergétique actuelle complètement incohérente, qui n'aura strictement aucun impact sur le climat (en fait moins sensible au taux de CO2 dans l'atmosphère qu'aux variations cycliques naturelles des océans et du soleil) mais qui nous enfoncera un peu plus dans nos difficultés économiques quasiment ininterrompues depuis maintenant plus de 40 ans).
Il est évident qu'il vaut mieux dépenser de l'argent dans l'amélioration énergétique de l'habitat ancien et dans la mobilité électrique que dans les lubies que sont les éoliennes et les panneaux solaires.