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Question n°556

Quel est l'objectif de la transition énergétique ? La lutte contre le changement climatique ou le démantèlement du nucléaire ?

Ajouté par Jean ANONYMISé (LYON), le
[Origine : Site internet]
Priorités de la PPE

Ma question au maître d'ouvrage est claire :
- Quel est l'objectif de la transition énergétique ? La lutte contre le changement climatique ou le démantèlement du nucléaire ?
Vous n'avez droit qu'à une réponse !

Une transition énergétique est une opération qui engage l'ensemble de la nation, qui coûte cher, qui demande des sacrifices et qui dure longtemps avant de porter ses fruits.
Bref, on ne fait pas une transition énergétique pour faire plaisir à ceux à qui le nucléaire ne plait pas.
Et il n'est pas inutile de rappeler un peu l'histoire de la dernière transition énergétique faite dans notre pays.
En 1973-1974, la création de l'OPEP, le coup de frein donné aux exportations pétrolières par les pays détenteurs de cette ressource et la brutale augmentation des prix, a fait brutalement prendre conscience à notre pays qu'il dépendait du pétrole à 90 % de son énergie.
Le Président Pompidou et son premier Ministre Pierre Messmer décidèrent de se passer du pétrole là où cela était le plus facile, la production d'électricité, et ont de lancé la construction de 13 réacteurs nucléaires de 1000 MW de même type que la centrale de Chooz A dans les Ardennes françaises. Ce fut le début d'une immense transition énergétique. Peu après la mort du Président Pompidou, le gouvernement suivant donna encore plus d'ampleur à ce programme et décida de substituer les utilisations du pétrole par de l'électricité là où ce serait possible, essentiellement le chauffage.
Après l'élection de François Mitterrand, le gouvernement commanda un rapport à un haut fonctionnaire compétent pour déterminer l'ampleur de ce programme. Le rapport Hugon fut présenté à l'Assemblée Nationale en 1982 et adopté. Il comprenait :
32 unités de 1000 MW,
20 unités de 1 300 MW,
4 unités de 1450 MW
Plus la récupération des 2 unités de 1 000 MW, précédemment commandées par l'Iran et n'étaient plus livrables.

La France dispose d'un parc de 58 réacteurs du même type, uranium légèrement enrichi et eau pressurisée, répartis sur 19 sites.
Ce parc fonctionne remarquablement bien et la durée d'exploitation des unités peut être prolongée à 60 ans, ce qui représente une économie conséquente. (CF. le rapport Energies 2050 de MM Jacques Percebois, économiste, et Claude Mandil, énergéticien).
Ce qui caractérise cette grande transition énergétique et son succès est :
1. Un seul objectif très clair,
2. Une continuité remarquable dans l'action politique, technique et économique.
Nous sommes arrivés devant une nouvelle transition énergétique rendue indispensable par le risque climatique mondial lié aux émissions de gaz à effet de serre !
Malheureusement, la confusion voulue par les citoyens non favorables à l'électricité d'origine nucléaire et la désinformation phénoménale sur le cycle du nucléaire ont fixé la sortie du nucléaire comme objectif prioritaire dans la transition énergétique.
Bref nous avons deux objectifs, qui plus est antinomiques, puisque ne nucléaire ne rejette pas de gaz à effet de serre. Et force est de constater avec la fermeture à venir de Fessenheim et l'objectif de 50 % de nucléaire que c'est l'objectif de la sortie du nucléaire qui est devenu prioritaire. D'ailleurs, l'interview de Monsieur Lecornu dans la Tribune est très claire sur ce sujet.
Pour faire un peu d'électricité éolienne et photovoltaïque, la France, d'après le rapport de la Cour des Comptes, a déjà engagé 121 Mds d'€ pour tous les contrats d'achat signés avant 2017 et qui courent sur 15 à 20 ans. C'est-à-dire 2,5 fois les coûts du grand carénage de nos centrales. Et ils restent à prendre en compte les nouveaux contrats depuis 2017 et la suite qui seront du même montant. Bien sûr cette somme ne fait pas augmenter les impôts puisqu'elle directement prélevée sur les consommateurs d'électricité y compris ceux qui sont en situation de précarité énergétique pour qui en % de pouvoir d'achat, la ponction est encore plus lourde.
Résultat de cet effort gigantesque : les émissions de la France augmentent en 2015, 2016 et 2017.
Une transition énergétique est un choix majeur pour un pays et il ne faut pas se tromper d'objectif. Il doit y en avoir un et un seul. C'est le problème climatique qui met en péril la vie sur notre terre et pas l'électronucléaire.
Le choix unique doit donc être le respect de tous nos engagements en matière d'émissions de gaz à effet de serre et laissons le nucléaire tranquille.
Nous consommons 110 millions de tonnes d'énergie fossiles carbonées. Ce sont ces énergies qui sont la source de nos rejets de GES.
Nous nous sommes engagés solennellement en 2015 lors de la COP 21 à réduire nos émissions de 75 % en 2050 par rapport au niveau atteint en 1990.
Pour y parvenir, il faut sur les trente ans qui nous séparent de l'échéance que nous réduisions notre consommation d'énergies fossiles d'au moins 60 Mtep soit 20 Mtep par tranche de 10 ans.
Il y a des économies à faire sur le bâti mal isolé, 7 millions de logements à rénover énergétiquement à un prix unitaire de 30 k€, des économies à faire sur la mobilité en passant des moteurs thermiques aux moteurs électriques qui ont un rendement 3 fois meilleur.
Mais, ne pensons pas que nous allons économiser 20 Mtep par tranche de 10 ans. Au mieux, nous économiserons 10 Mtep et nous substituerons 10 Mtep par des énergies thermiques sous forme de chaleur (bois énergie, biométhane, pompes à chaleur, solaire thermique direct) et par de l'électricité décarbonée.
N'en déplaisent aux adversaires acharnés du nucléaire, nous en avons besoin et peut être plus qu'aujourd'hui autant dire la vérité puisque nous sommes dans un débat public.
Avec cette immense différence que 95 % du coût de production d'un kWh nucléaire est une valeur ajoutée faite en France grâce à des emplois de haut niveau. Alors que nous importons tous les panneaux photovoltaïques et nos éoliennes ce qui pèse un peu plus sur le déficit de la balance des paiements.

Ma question au maître d'ouvrage est claire :
- Quel est l'objectif de la transition énergétique ? La lutte contre le changement climatique ou le démantèlement du nucléaire ?
Vous n'avez droit qu'à une réponse !

Date de la réponse:
Réponse de La maîtrise d’ouvrage, le
Réponse:

Nous vous remercions de votre contribution qui expose votre point de vue de manière très claire. Cependant votre exigence : « Vous n’avez droit qu’à une seule réponse ! » n’a pas lieu. Dans la LTECV, le parlement a clairement affirmé que l’objectif de la transition énergétique est triple : maîtrise de la demande, lutte contre l’effet de serre et diversification du mix. La programmation pluriannuelle de l’énergie doit mettre en musique les objectifs fixés par la loi.

La lutte contre les énergies fossiles est une priorité du gouvernement. Les mesures de réduction des émissions de gaz à effet de serre doivent cependant être choisies en prenant en compte l’ensemble des impacts des mesures et de leurs co-bénéfices, et non pas uniquement les coûts rapportés à la tonne de CO2 économisée, le climat n’étant pas le seul enjeu en cause. En effet, comme inscrit dans la loi et le code de l’énergie, il est également nécessaire de maîtriser les consommations d’énergie, même lorsque celle-ci aura été totalement décarbonée, et de prendre en compte les enjeux d'acceptabilité des mesures.

La place de l’énergie nucléaire, le rythme de développement des énergies renouvelables et la baisse de leurs coûts, l’adaptabilité du système électrique français aux évolutions technologiques sont autant de questions structurantes qui doivent être discutées pendant ce débat public.

 

Comme vous l’évoquez, le fait que l’essentiel de la production d’électricité provienne de centrales nucléaires contribue à placer la France parmi les plus faibles émetteurs de gaz à effet de serre (GES) pour la production d’électricité. Le développement des énergies renouvelables doit ainsi être apprécié au regard de la diversification du système électrique. La diversification du mix électrique a en effet vocation à renforcer la sécurité d'approvisionnement. Ainsi que l'a rappelé à plusieurs reprises l'Autorité de Sûreté Nucléaire, il est en effet important de disposer de marges suffisantes dans le système électrique pour faire face à l’éventualité de suspendre simultanément le fonctionnement de plusieurs réacteurs qui présenteraient un défaut générique grave. Un exemple de tel défaut générique est l’anomalie de concentration en carbone de l’acier qui a affecté les générateurs de vapeur de douze réacteurs à l'hiver 2016.

 

Le développement des énergies renouvelables contribue ainsi au renforcement des marges d'approvisionnement susceptibles de pouvoir palier à de tels événements, dont l'impact sur l'équilibre du système électrique est susceptible de diminuer à la mesure de la réduction de la part du nucléaire dans le mix électrique.