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Question n°226

Quel financement pour le nucléaire du futur ?

Ajouté par Pierre ANONYMISé (Paris), le
[Origine : Site internet]
Energie nucléaire

Faisons l'hypothèse d'un mix de 50% de nucléaire sans centrales à combustible fossile – stratégie bas carbone oblige - et cela en 2030/2035. Cette hypothèse correspond à peu de chose près à ce qu'on peut déduire des déclarations de N. Hulot. Les autres 50% seraient donc le fait des renouvelables, les unes intermittentes, les autres pilotables. Soit, 35 % d'intermittence (éolien et solaire) ; le reste, soit 15%, pour l'hydraulique et autres ENRs pilotables : hypothèse raisonnable et qui tient compte du caractère éminemment variable d'une année sur l'autre de l'hydraulicité dans le pays.
Le nucléaire devrait alors être dimensionné pour garantir à 85% la sécurité d'approvisionnement face à l'intermittence, compte tenu du fait que l'éolien peut descendre à un productible très bas et que la faisabilité d'un stockage de masse de l'électricité à un coût abordable n'est pas démontrée.
Ce qui conduit à un nucléaire en capacité de produire 85% des 102 GWs de la pointe extrême observée à ce jour (février 2012), les 15% restant était le fait des ENRs pilotables. Ce faisant le parc sera utilisé loin de sa pleine capacité dès lors que les ENRs intermittentes ont la priorité d'injection dans le réseau.
Un tel scénario repose sur des hypothèses simplificatrices, comme tout scénario d'ailleurs. Mais, commençons par là et, ensuite, on pourra ajouter le potentiel d'effacement, les interconnections, les perspectives d'évolution du marché et du nombre d'heures à prix négatifs, etc.

Question : Quel pourrait être, dans ces conditions, le bilan économique du parc nucléaire, autrement dit sa perte de valeur due à l'intermittence ? Et, dans ces conditions, comment trouver des investisseurs (le nucléaire est en effet fait pour tourner en base) ?
Si on ajoute l'hypothèse selon laquelle le parc actuel pourra être autorisé à fonctionner 50 ans, c'est au milieu de la prochaine décennie qu'une décision devra être prise.

Date de la réponse:
Réponse de La maîtrise d’ouvrage, le
Réponse:

Nous vous remercions de votre contribution qui nourrit notre réflexion pour l’élaboration de la Programmation pluriannuelle de l’énergie.

A travers le monde, les réacteurs nucléaires fonctionnent le plus souvent à un niveau de puissance constant pour des motifs économiques : il est plus rentable de faire fonctionner les réacteurs à pleine puissance que de ne pas les utiliser car il n’y a pas de gain économique sur le combustible en cas d’arrêt d’un réacteur, contrairement aux énergies fossiles.

A contrario, en France, le parc nucléaire a été conçu pour fonctionner en suivi de charge et ainsi ajuster en permanence la production d’électricité à la consommation. Aujourd’hui, le coefficient de charge moyen du parc français est ainsi relativement bas si on le compare à d’autres références à l’international : il est ainsi de 72 % alors que le parc de l’opérateur Exelon aux Etats-Unis a un coefficient de charge de 90 %. Outre les enjeux technologiques et opérationnels que représente ce fonctionnement en suivi de charge, le parc français s’est ajusté économiquement à un tel fonctionnement.

Avec l’intégration croissante des énergies renouvelables, le parc nucléaire devra s’adapter demain à de nouveaux facteurs de variabilité, dans un contexte où la progression concomitante des interconnexions permettra de bénéficier de manière renforcée des capacités flexibles de nos voisins européens pour notre propre sécurité d’approvisionnement.

A l’horizon 2030-2035, les études de RTE ont ainsi confirmé la possibilité pour le système électrique d’intégrer de 40 à 49 % d’énergies renouvelables intermittentes, sans dégradation significative du coefficient de charge du parc nucléaire.

Commentaires

Les études de RTE sont toutes basées sur un recours accru (parfois généralisé) à l'importation.
La France spéculerait ainsi sur la stratégie de ses voisins, dont on ne peut rien prévoir à 2035.E matière d'indépendance énergétique, on peut faire mieux...
Actuellement, c'est l'Allemagne, qui dilue ses problèmes de variabilité dans les réseaux des pays voisins.

Si tout le monde fait comme l'Allemagne, ça ne marche plus.

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