Question n°403
Quid des réacteurs à sels fondus (filière thorium) ?
le ,En dépit du développement des moyens de stockage, la sûreté d’approvisionnement en électricité pourra difficilement être assurée au-delà d’un certain pourcentage d’intégration d’éolien et de photovoltaïque, qui sont des énergies intermittentes. A contrario, maintenir une part importante d’énergie nucléaire dans le mix énergétique permet d’assurer une production de base, pilotable et décarbonée. Sur le long terme, déployer des réacteurs nucléaires à sels fondus (filière thorium) permettrait de simplifier le confinement de la radioactivité et réduire la quantité de déchets, ainsi que leur temps de demi-vie. Ainsi, pourquoi ne pas allouer d’avantage de moyens pour faire aboutir les premiers prototypes en France ?
Nous vous remercions pour votre avis qui viendra enrichir notre réflexion.
Dans la communication du Conseil des Ministres du 7 novembre 2017, le Gouvernement a rappelé « son attachement à la diversification du mix électrique, qui se traduit par le double objectif d’une baisse à 50 % de la part du nucléaire dans la production d’électricité et d’une forte croissance des énergies renouvelables dont le potentiel économique est désormais démontré ».
Dans le cadre de l’élaboration de cette trajectoire, la question de l’intermittence des énergies renouvelables et de leur impact sur le système électrique fait l’objet d’une attention particulière. Un travail prospectif de RTE a comparé deux scénarios qui chacun s’interrogeaient sur les conséquences sur le système de niveaux d’électricité non pilotable de 18 % et de 25 % en métropole à l’horizon 2030. La conclusion est qu’il n’y aurait pas d’effet significatif sur la gestion du réseau. Cette conclusion est confirmée par le retour d’expérience international réalisé par l’Agence internationale de l’énergie (AIE) sur la base de l’expérience des pays utilisant des sources d’énergies renouvelables non pilotables. Cette étude montre également que l’intégration des énergies renouvelables non pilotables dans le système est déjà possible au moins jusqu’à 40 % d’intégration. Au fur et à mesure que leur place dans la production totale augmente, la gestion du réseau évolue pour en tenir compte.
La question de la composition du mix envisageable à l’horizon de déclassement du parc actuel est donc encore ouverte à ce jour et différentes options pourront être combinées, y compris la poursuite du développement des énergies renouvelables, accompagné d’un renforcement des capacités de stockage et de pilotage de la consommation afin de faciliter leur intégration massive aux réseaux, ou bien la mise en service de nouveaux moyens de production pilotables.
Dans ce contexte, les réacteurs à sels fondus utilisant du thorium pour la production d’électricité nucléaire présentent des avantages potentiels, notamment en raison de l’abondance de la ressource thorium, de la facilité offerte de retraitement en continu du combustible liquide et d’une moindre production de déchets.
Néanmoins, ils possèdent également des inconvénients en termes de démonstration de sûreté et en raison de l’impossibilité d’amorcer un cycle thorium, matériau qui n’est pas fissile, sans disposer d’uranium 235 ou de plutonium. De nombreuses difficultés technologiques devront être résolues avant de pouvoir réaliser un réacteur de ce type : bien que la démonstration expérimentale sur un petit réacteur (8 MW thermique) ait été effectuée dans les années soixante aux États-Unis, l’extrapolabilité à un réacteur de puissance devant fonctionner cinquante ou soixante ans, en termes de quantité de sel à manipuler, de conception des gros composants, de tenue à la corrosion des matériaux et de conception de la ligne de retraitement, doit encore être démontrée. Par ailleurs, il n’existe pas d’études comparatives suffisamment étayées pour pouvoir juger de l’attractivité économique d’une telle source d’énergie.
Cela ne remet toutefois pas en cause la poursuite de la recherche et des études concernant ces réacteurs dans lesquelles la France reste engagée.
Dans votre réponse à
Dans votre réponse à Guillaume Remeuf vous notez:
"Dans le cadre de l’élaboration de cette trajectoire, la question de l’intermittence des énergies renouvelables et de leur impact sur le système électrique fait l’objet d’une attention particulière. Un travail prospectif de RTE a comparé deux scénarios qui chacun s’interrogeaient sur les conséquences sur le système de niveaux d’électricité non pilotable de 18 % et de 25 % en métropole à l’horizon 2030. La conclusion est qu’il n’y aurait pas d’effet significatif sur la gestion du réseau. Cette conclusion est confirmée par le retour d’expérience international réalisé par l’Agence internationale de l’énergie (AIE) sur la base de l’expérience des pays utilisant des sources d’énergies renouvelables non pilotables.
Cette étude montre également que l’intégration des énergies renouvelables non pilotables dans le système est déjà possible au moins jusqu’à 40 % d’intégration. Au fur et à mesure que leur place dans la production totale augmente, la gestion du réseau évolue pour en tenir compte."
Le dernier alinéa me semble relever d'un optimisme contestable.
Au delà des 40% qui semblent actuellement atteignables dans l'état actuel des technologies-en particulier de stockage de l'énergie-les tentatives existantes ont conduit à un échec comme le montre l'expérience du Sud de l'Australie. Cet état s'était en effet donné pour objectif 50% de production ENR dans une première étape en vue d'un nouvel objectif à 75%.Les 50% ont été réalisés avec deux résultats :
-un black out total et de nombreuses défaillances partielles.
-une étude conduite sur les évolutions sociales dans cet état a révélé une augmentation importante du prix de l'électricité et...un accroissement notable de la proportion de la population se trouvant sous le seuil de pauvreté.
L'Etat d'Australie du Sud a,à grands frais ' fait installer par Tesla un énorme parc de batteries .Cedernier s'est révélé-comme on pouvait s'y attendre- inopérant pour assurer l'équilibre du systhème. L'Etat étudie la possible construction de centrales nucléaires...
S'agissant de l'adaptation évoquée."Au fur et à mesure que leur place dans la production totale augmente, la gestion du réseau évolue pour en tenir compte." qui apparait là assurée par un processus adaptatif automatique, on ne voit pas dans l'état actuel des technologies que les possibilités offertes par le numérique puisse permettre au réseau de pallier seul à l'intermittence des ENR éolienne et PV. Sans doute convient il de poursuivre les recherches dans le domaine du stockage et toute autre piste éventuelle, mais personne ne sait si il en ressortira des technologies appropriées et si c'était le cas, dans quel délai.!
On nev voit donc pas ppour l'heure ce qui pourrait justifier une telle affirmation.