Avis n°240
Rapport de la Cour des Comptes sur les coûts des ENR
le ,Avant d'encenser éolien et photovoltaïque, encore faut-il lire cet opportun rapport de la Cour des comptes.
Le montant du soutien public auquel s'est engagé l'Etat par les contrats signés avant 2017 au bénéfice des producteurs d'électricité d'origine éolienne et photovoltaïque (plus un brin de biométhane stockable à la différence des 2 autres), s'élève à 127 Mds d'€. Ceci en supposant qu'il n'y a plus de contrats nouveaux signés depuis début 2018.
(Avec une telle somme on aurait largement pu rénover énergétiquement l'ensemble du parc de logements et du tertiaire en France.)
Ces 127 Mds d'€ proviennent, selon les magistrats de la Cour des comptes, de «mécanismes de soutien dont les conséquences financières ont été mal appréciées». Une autre de leurs formules assassines : «Des charges importantes, durables et mal évaluées». C'est le titre de chapitre, en gros caractères et en gras.
La Cour appelle à «asseoir la politique énergétique sur des arbitrages rationnels fondés sur la prise en compte du coût complet des différentes technologies». Sous entendu, ce n'est pas du tout ce qui a été fait jusqu'à présent.
La cour a fait des découvertes.
Ainsi le coût faramineux du soutien à l'électricité photovoltaïque, pour un résultat microscopique. Ainsi les seuls contrats signés avant 2010 pèseront, au total lorsqu'ils seront arrivés à terme, pas moins de «38,4 milliards d'euros pour les finances publiques», pour... 0,7% de la production d'électricité. Ces contrats représenteront encore 2 milliards par an en 2030 et représentent une subvention de 480 € par MWh.
Pour l'éolien, les chiffres sont, là aussi, cruels. Des contrats de l'éolien vont coûter «40,7 milliards d'euros en 20 ans» pour... «2% de la production française», précise le rapport.
Sans parler de ce qui se passerait si on réalisait les fermes offshore.
Les sommes consacrés aux ENR thermiques qui représentent un potentiel sérieux en Mtep de chaleur et en emplois pérennes dans des zones du territoire en déshérence sont dérisoires alors que ces ENR sont stockables.
Quels sont les effets des soutiens à l'éolien et au PV d'après le rapport de la Cour.
En résumé : le résultat est climatologiquement parlant dérisoire par erreur sur la cible de l'action, visant l'électricité déjà décarbonée au lieu de viser les secteurs les plus émetteurs de gaz à effet de serre, comme le chauffage ou les transports routiers. Remplacer du décarboné nucléaire par du décarboné renouvelable est une curieuse politique!
Filières industrielles.
Au moins, cette manne publique se traduit-elle par des emplois en masse ?
Non, la France n'a pas de base industrielle ni pour les éoliennes qu'elle achète à l'étranger, ni pour le photovoltaïque dont les panneaux viennent de Chine.
En revanche, la cour montre qu' en concentrant cette dépense publique sur les EnR thermiques (bois, méthanisation, solaire thermique, biocarburant, géothermie, réseaux de chaleur, pompes à chaleur), on aurait pu faire coup double : beaucoup d'émissions de GES en moins et des emplois durables en plus.
La Cour n'a pas pris en compte les dépenses de réseaux électriques liées à leur introduction. L'Allemagne prévoit ainsi de dépenser 40 milliards d'euros pour que son réseau électrique s'adapte à l'installation des EnR.
Qu'en est-il pour la France. Notre système électrique est certes un peu différent du système allemand mais les ordres de grandeur allemands se retrouveront aussi chez nous.
Il était temps que la Cour des Comptes produise ce rapport. Elle a fait 2 rapports sur le nucléaire, le premier en 2012 et le second beaucoup plus rapidement en 2014.
Il n'est pas normal que devant des engagements d'un tel montant, la cour ne fasse pas un examen périodique des dépenses et des résultats.