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Question n°249

Réduire notre activité nucléaire diminuera nos émissions de CO2 et nous rendra plus compétitifs ?

Ajouté par Alexanre ANONYMISé (Paris), le
[Origine : Site internet]
Mix énergétique

En pensant avant tout aux Français, je m'interroge sur l'impact qu'aura la baisse de notre activité nucléaire. Aujourd'hui, le nucléaire est la 3è filière industrielle en France avec plus de 200 000 emplois. De plus, le nucléaire nous permet d'avoir un prix de l'électricité le plus bas d'Europe de l'Ouest. Nous sommes donc aujourd'hui plus que compétitifs. Sur l'ensemble du cycle du combustible, l'énergie nucléaire est celle qui émet le moins de CO2 (et de loin) comparé aux autres énergies fossiles (pétrole, gaz et charbon). J'en arrive à ma question. Comment réduire l'activité nucléaire peut être bénéfique pour les Français ? Clairement, les ENR ne peuvent pas répondre à toute la demande en électricité.

Date de la réponse:
Réponse de La maîtrise d’ouvrage, le
Réponse:

Nous vous remercions de votre contribution qui nourrit notre réflexion pour l’élaboration de la Programmation pluriannuelle de l’énergie.

Tout d’abord, le gestionnaire de réseau de transport d’électricité, RTE, a publié fin 2017 une mise à jour de son bilan prévisionnel. Dans plusieurs scénarios, RTE illustre l’intérêt d’un mix électrique fondé sur le nucléaire et les énergies renouvelables qui permet de satisfaire la demande électrique nationale à tout moment. RTE illustre également que les énergies renouvelables peuvent substituer l’énergie nucléaire sans dégrader la sécurité d’approvisionnement électrique (scénario Ampère).

Concernant la question de l’emploi, vous soulignez toutefois à juste titre l’importance de la filière nucléaire qui emploie environ 220 000 salariés, soit 6,7 % de l’emploi industriel en France. Quant à la filière des énergies renouvelables, elle emploie 81 000 salariés de manière directe. Les deux chiffres ne sont pas comparables car les 220 000 salariés de la filière nucléaire comptent également les sous-traitants et la recherche alors qu’il n’existe pas encore d’enquête permettant d’identifier le nombre de personnes travaillant chez des sous-traitants des énergies renouvelables ou dans la recherche de la filière.

La loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte de 2015 engage la France vers la diversification de son mix électrique en fixant notamment un objectif de 50 % de nucléaire à l’horizon 2025 et de 40 % d’énergies renouvelables en 2030. Par ailleurs, EDF a indiqué dans son cahier d’acteur publié dans le cadre de ce débat public qu’ « il ne [...] paraît pas réaliste d’emmener l’ensemble du parc à [60 ans], ne serait-ce que du fait de la difficulté à gérer la perte rapide de dizaines de GW de capacités, concentrée sur quelques années, qui en résulterait », et qu’« il nous faut donc anticiper des arrêts avant l’échéance des 60 ans, nécessairement à l’échéance d’une visite décennale, moment où des investissements importants sont engagés pour répondre aux nouvelles exigences de sûreté  exprimées par l’ASN ». Il y aura donc un enjeu majeur d’accompagnement des installations qui vont fermer, qu’il convient de préparer dès maintenant.

La transition énergétique devrait créer globalement 280 000 emplois en 2030. Cependant, elle impliquera également un basculement des emplois de certains secteurs vers d’autres. Il faut donc anticiper ces transitions avec un Plan de Programmation des emplois et compétences, élaboré avec les organisations syndicales représentatives des salariés, celles représentatives des employeurs et les collectivités territoriales, et en impliquant les entreprises dans l’évolution de leurs salariés avec des contrats de transition énergétique.